Écho d'Acadie Novembre 2015 | Page 5

Des électeurs, par dérision ou par opposition, se mettent à voter à visage couvert, ralentissant toutefois le processus électoral mais surtout en mettant de l'avant les risques réels de manipulation du vote.

Référendum contre Harper

Alors que le débat s'éternise autour du niqab, il devient de plus en plus clair que cette élection est un référendum contre Stephen Harper. Les publicités se font de plus en plus agressives, surtout du côté conservateur et néo-démocrate, alors que ces derniers et les libéraux parlent de vote stratégique.

Plaidoyer pour une plus grande représentation des francophones

Sylviane Lanthier, présidente de l'AFCH, dénonce le fait que « des citoyens francophones des quatre coins du pays étaient au rendez-vous pour le débat, mais les organisateurs du débat, et les chefs eux-mêmes, n'étaient pas au rendez-vous pour nous. C'est comme si on nous avait embarrés dehors. Nos citoyens s'attendent à mieux, ils méritent mieux ». Elle incite les électeurs à porter plainte au CRTC et de militer en faveur d'une plus grande représentation auprès de leurs candidats locaux.

Partenariat trans-pacifique

L'accord de Partenariat transpacifique (PTP) est signé le 5 octobre. Le texte, qui ne sera pas rendu public avant l'élection, prévoit un libre-échange entre plusieurs pays bordant l'océan Pacifique, dont le Canada et les États-Unis. Stephen Harper parle d'un « jour historique pour le Canada » mais avoue que certaines industries « devraient s'adapter » et promet d'ailleurs un plan d'aide. Selon Thomas Mulcair, le traité « sacrifie nos fermes familiales, il abandonne les travailleurs automobiles, il va faire grimper le coût des médicaments ». Justin Trudeau accorde son soutien, du moins au principe du libre-échange.

Basculement des intentions de vote

Selon les sondages, les intentions des votes restent très serrées entre les différents partis, surtout dans certaines provinces. On parle même de possible coalition entre Libéraux et Néo-démocrates. Toutefois, l'écart se creuse entre Libéraux et Conservateurs en fin de campagne, sans toutefois donner de portrait définitif du vote. Plusieurs analystes prévoient un vote décisif à Toronto et au Québec.

L'importance des provinces de l'Atlantique?

À la toute fin de la campagne électorale, les chefs des trois principaux partis visitent les provinces de l'Atlantique. Même l'ancien chef libéral, Jean Chrétien, rend visite à un candidat vedette à l'Île-du-Prince-Édouard. Serait-ce le signe que les partis accordent désormais une plus grande importance à la région?

Le vote décisif

Le 19 octobre, coup de théâtre! Ou plusieurs. Le Parti libéral obtient la totalité des circonscriptions de l'Atlantique, battant même des candidats vedettes comme Gail Shea. À l'échelle du pays, il obtient une majorité absolue au Parlement, avec 184 sièges. C'est la première fois qu'un parti passe de la deuxième opposition au gouvernement dans l'histoire canadienne. Au Québec, les Libéraux reprennent de nombreuses circonscriptions que les Néo-démocrates avaient gagnés lors de la « vague orange » de 2011. Ils passent ainsi de 7 circonscriptions à 40. En Ontario, même balayage dans le cas de Toronto, même dans Toronto—Danforth, la circonscription du défunt chef du NPD, Jack Layton. Dans l'Ouest, les Libéraux effectuent une percée timide dans les grandes villes mais repoussent les Néo-Démocrates dans la région de Vancouver.

Ce n'est par contre pas un effondrement du Parti conservateur, qui garde sa majorité dans les Pariries, double son nombre de députés de 5 à 10 au Québec et reste confortable en Ontario. Le parti se retrouve tout de même à l'Opposition officielle avec 99 députés.

L'effondrement, c'est toutefois le Nouveau Parti démocratique qui le subit, perdant presque tous ses gains au Québec et ceux des Maritimes. Le parti espérait pourtant un excellent résultat, surtout dans les Prairies, où la branche provinciale est au pouvoir en Alberta. 44 députés sont élus.

Le Bloc Québécois passe de quatre à dix sièges mais son chef, Gilles Duceppe, n'est pas élu. Avec 10 députés, le parti manque de peu la barre des 12 députés exigée pour être reconnu comme parti officiel au Parlement.

Quant au Parti Vert, la chef Élizabeth May est réélue.

Écho d'Acadie/Nov. 2015 5