Écho d'Acadie Décembre 2015 | Page 9

Premier geste symbolique: Justin Trudeau donne une conférence de presse dans la galerie de presse, une salle que Stephen Harper boudait. En fait, le premier ministre désigné a été vu plus souvent en quelques jours que pouvait l'être l'ancien au cours de quelques mois. Il a même fait un bain de foule à la station de métro Jarry de Montréal, dans sa circonscription...geste qu'il n'a pas daigné faire durant la campagne!

Quelques autres décisions démontrent une rupture totale avec l'ancien gouvernement. Notamment, on apprend que les scientifiques travaillant pour le gouvernement ne sont plus muselés et qu'ils peuvent donc parler directement aux journalistes (plus de détails en page 40). De plus, le formulaire long du recensement est rétabli et redevient obligatoire. Le programmes d'aide juridique, si cher aux communautés minoritaires, est rétabli. Par souci de transparence, les lettres de mandats des ministres seront publiées pour une première fois.

Potinons un peu. Certains s'attendaient à une «   trudeaumanie » comme l'avait connu son père. Ce n'est pas vraiment arrivé au Canada mais surtout à l'étranger. On parle ainsi du «  politicien le plus sexy du monde  » dans la presse britannique, australienne, italienne et américaine, notamment. Le New York Post écrit toutefois que cela le met «   sous pression pour performer ».

Quant à son conseil des ministres, assermenté le 4 novembre dernier, Justin Trudeau pose un dernier clou sur le cercueil du gouvernement Harper. «   Parce que c'est 2015 », comme il le dit si bien. Ses choix semblent tellement arrogants comparativement à ce que l'on voyait avant. Pas arrogant parce que je suis en désaccord avec lui, le mot juste serait audacieux. C'est tout simplement un virage à 180 degrés dans tellement de domaines. Tout d'abord, il respecte sa promesse d'avoir un conseil paritaire. De plus, il lui fait subir un régime minceur: avec 30 ministre, c'est le plus petit cabinet depuis 1976...à l'époque du premier mandat de son père. Il pousse l'audace jusqu'à nommer un Sikh à la défense, un Inuit aux pêches, une spécialiste des changements climatiques aux sciences et un astronaute aux transports.

Peu de temps après son assermentation, le premier ministre doit se rendre à Paris pour le sommet de l'environnement puis à Antalya, en Turquie, pour le sommet du G20. Dans le premier cas, il ne nous fais pas honte comme savait si bien le faire Harper ou ces ministres en terme d'environnement. L'adresse verbale de Justin Trudeau lors des deux événements confirme toutefois une chose: il manque d'éloquence et a de la difficulté à faire part de ses idées, surtout en français. C'est un peu normal car il a été élevé bilingue sans accent comme dirait l'autre. Les Libéraux ont beau être majoritaires, leur chef gagnerait à pouvoir mieux exprimer ses idées.

Somme toute, ce début de mandat augure bien. C'est déjà un changement comparativement aux conservateurs de Steven Harper qui, au même moment, ne faisaient que blâmer les Libéraux de Paul Martin pour tous les problèmes du pays. Espérons que le fond suivra la forme.

Éditorial:

Le test du pouvoir

On dit souvent que les 100 premiers jours au pouvoir donnent le ton d'un mandat. Parfois, un seul mois est suffisant. Aperçu du début de règne de Justin Trudeau. Par Patrick de Grasse.

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