Écho d'Acadie Décembre 2015 | Page 26

Repères

Ce n'est un secret pour personne, la question linguistique est depuis longtemps un sujet chaud en Acadie, et personne n'y est indifférent.

L'Université de Moncton étant souvent vue comme le moteur culturel de l'Acadie, ce n'est pas surprenant que l'institution doive avoir une politique a ce sujet.

Particularité du programme néo-brunswickois, les étudiants doivent compléter une formation générale à la fois à l'école secondaire et à l'université, incluant des cours de français. Cette formation existe dans de nombreux système scolaire, seulement sous différentes formes.

L'institution acadienne oblige les étudiants à posséder deux dictionnaires: le Multidictionnaire et Le Petit Robert. La différence entre les deux n'est pas sans causer de problèmes, notamment en ce qui a trait à l'usage d'anglicismes. Le bagage des étudiants peut aussi causer une certaine insécurité linguistique à leur arrivée à l'université.

Thèse

Samuel Vernet a ainsi préparé une thèse de doctorat, conjointement à l'université acadienne et à l'Université de Grenoble-Alpes, en France.

En quoi consiste ton sujet de thèse? Comment t'y est-tu pris pour effectuer ta recherche?

Mon travail à l'Université de Moncton est d'étudier les discours qui circulent sur la langue et les pratiques linguistiques.

Pour ce faire, j'emploie une méthode ethnographique : un long travail de terrain pour observer de près certains événements, propres à me donner accès à ce type de discours. C'est pour ça que j'ai suivi les cours de français obligatoire, par exemple.

Ceci permet de voir que ces discours sont constitutifs de certaines idéologies, et révélateurs de toute une série de tensions qui s'ancrent (entre autres) autour des questions de langue.

Par exemple, concrètement, le positionnement des professeurs face à la variation linguistique est un élément clé : qu'acceptent-ils, que n'acceptent-ils pas ? D'où viennent ces formes linguistiques qu'ils acceptent ou rejettent ? Au bénéfice/détriment de qui ? Qu'est-ce que ça nous dit des rapports de force existants ?

Arrière-plan: préambule de l'Ordonnance de Villers-Cotterêts, faisant du français la seule langue officielle en France. Elle n'a jamais été abolie en Acadie.

Entrevue:

Samuel vernet

Étudiant au doctorat, Samuel Vernet s'intéresse à la politique linguistique pratiquée par l'Université de Moncton. Par Patrick de Grasse.

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