Écho d'Acadie Décembre 2015 | Page 25

En fait, je ne suis pas capable des barèmes.

Tes chansons sont relativement douces à l'oreille et ont souvent même un air joyeux mais semblent parler de sujets durs. Qu'en est-il?

Dans mes chanson, j'aime travailler avec dualité, mettre des choses qui ne matchent pas ensemble.

On ne peut pas complètement se débarrasser de ses démons mais on peux grandir, prendre de la maturité. Les gens ont besoin d'aide. La musique est un moyen de mettre un baume sur ses blessures.

J'ai lu une phrase récemment [...] je vais chercher le texte exact. Ah [...]: «  Être un artiste, c'est pouvoir constamment essayer de guérir ses plaies mais en même temps les exposer à tout jamais  ».

On gagne de l'argent en faisant de la musique mais on met constamment notre coeur sur la table. C'est une grosse dualité, constante. La beauté, c'est de connecter avec d'autres gens.

D'où te vient l'inspiration?

Je m'inspire des textes et de la musique d'artistes francophones allant de Louis-Jean Cormier à Jacques Brel. J'aime les tournures de phrase de David Marin. Je suis fou de Karkwa!

Chez les artistes anglophones, c'est plus la sonorité qui m'attire. J'aime en particulier le groupe islandais Sigur Rós. Ils ont une force particulière, un ensemble musical qu'on retrouve nul part ailleurs.

Que penses-tu de la réception de ton dernier album, Repaver l'âme?

Elle a été bonne à 80% je dirais. Personnellement, je suis content du résultat. J'ai donné mon 100%. J'ai travaillé avec Guillaume Arsenault, avec qui j'ai un lien très serré au niveau musical. Il a mis en forme mes chansons. Il a fait un excellent travail. Nous avons donné notre pleine capacité musicale.

Sur ton site, tu parles de «  tounes malpropres ». Qu'est-ce que ça veut dire?

[Rires] Quand tu reçois de la visite, tu fais le ménage, tu caches des choses de toi. Être malpropre, c'est que tu t'expose comme tu es, pas propre.

Tu as dis penser faire partie de la nouvelle image de la musique acadienne. C'est quoi, selon toi?

Pendant un certain temps, la musique acadienne a tourné autour du folk trad, de la déportation et de choses banales au niveau musical. Des artistes comme Joseph Edgar et Marie-Jo Thériault ont quand même amené leur grain de sel. Est-ce que c'était assez? Je crois qu'il y a un nouveau boom. Des artistes comme Michel Leblanc, les Hay Babies et les Jeunes d'astheur amènent une nouvelle musique, une nouvelle direction aux nouveaux aspirants. Je pense que ça marche.

Que veux-tu dire par la chanson Nigadoo?

C'est un village où il n'y a pas ce que je recherche, c'est l'endroit pour la «  crisse de paix  ». En même temps, c'est le mitan de tout dans ma vie. C'est là où se trouve ma famille, mes amis, mon vécu.

Caches-tu des indices ou des références dans tes chansons?

À part Nigadoo, mes chansons parlent de sujets larges mais précis émotivement. Je faisais des références avant. Ce serait une bonne idée de recommencer!

Pour toi, est-ce important d'écrire en français?

Au début, j'écrivais tout en anglais. Je dois avoir plus de 150 chansons inédites dans un tiroir. C'est en arrivant à Moncton que j'ai eu mon déclic: pourquoi écrire en anglais alors que je fais tout en français? J'ai écris ma première chanson en français à ce moment là, en 2011.

Que pense-tu de tes trois prix au Gala de la musique du Nouveau-Brunswick?

J'espérais un seul prix! Je voyais du potentiel chez mes collègues. Le prix de la chanson SOCAN de l'année est un bel honneur, j'en suis vraiment fier.

As-tu des projets pour un nouvel album?

Je suis en train d'en tricoter un. Il ne devrait pas sortir avant septembre 2016. Je veux prendre une nouvelle direction. J'ai déjà écrit 4, 5 chansons. J'attends les chocs, les épiphanies. Je continue quand même de me pratiquer.

Joey Robin Haché se produira le 16 février prochain au Centre national des Arts d'Ottawa.

Site officiel: http://www.joeyrobinhache.com/

Sur Bandcamp: https://joeyrobinhache.bandcamp.com/

Écho d'Acadie/Décembre 2015 25