complète de meubles pour Habitat 67 . C ’ était fabuleux . »

Plutôt que de chercher un emploi , le designer se lance ensuite en affaires . « J ’ ai toujours été indépendant . Je voulais contrôler ma vie , toutes les étapes créatives et techniques des projets sur lesquels je travaillais . Je voulais pouvoir signer mes créations . »

Son métier est un plaisir intense : « À 73 ans , chaque matin , je me lève et j ’ ai hâte de faire du design ! »

Michel Dallaire créera plusieurs objets emblématiques . Mais celui qui le révélera au monde entier fut la torche olympique . Le maire Jean Drapeau , qui pilote les Jeux olympiques de Montréal de 1976 en dictateur , avait en tête un objet inspiré de la Grèce antique , avec moult dorures et feuilles de laurier . Qu ’ on aurait vu dans un péplum . Michel Dallaire propose plutôt une lisse quenouille de métal hyper moderne , fonctionnant à l ’ huile d ’ olive

« J ’ ai collaboré avec les plus grands architectes , graphistes et designers mondiaux . J ’ ai créé une suite complète de meubles pour Habitat 67 . C ’ était fabuleux . »

( pour que la flamme brille même de jour , pour la télé ). Drapeau n ’ aime pas . Dallaire lui tient tête . « Quand les Européens découvrent ma torche , ils sont renversés . Le maire a finalement plié . » Le designer signera aussi l ’ ameublement modulaire du village olympique , aux influences scandinaves évidentes .

Pas simple de faire beau Il a beau être indépendant , seul , il ne se sent pas complet . Car le design est un maillon de la complexe chaîne de la fabrication d ’ un objet industriel . « La bataille du beau , ce n ’ est pas simple . On doit mettre dans le coup les ingénieurs , les spécialistes des matériaux et des procédés industriels de même que les financiers . »

Né en 1942 , Michel Dallaire embrasse complètement les innovations qu ’ il découvre au fil des ans . Il ne jure aujourd ’ hui que par les possibilités inouïes de la conception et de la fabrication numériques . Même s ’ il considère que le Québec est une terre sensible à la beauté formelle , que nous n ’ avons rien à envier aux autres peuples par notre mode et notre architecture , il garde son esprit critique . « Ingénieurs et financiers sont éduqués à être les patrons . Ils ne valorisent pas autant la création artistique que les architectes ou les designers . La conséquence , c ’ est que de trop nombreux bâtiments , chez nous , sont le fruit de la finance . Pourtant , ce sont les artistes qui repoussent les possibilités . Les créateurs contestent les acquis de l ’ histoire et de la technologie . Ils créent une attitude du risque , de la surprise et de la séduction . »

Fiche Michel Dallaire

l Naissance le 15 août 1942 à Paris .

l Fils du peintre québécois Jean Dallaire . À 16 ans , il apprend que son père biologique est Claude Dodane , fils d ’ une riche famille d ’ industriels qui partageait l ’ atelier de son père à Paris .

l Il lance sa firme , Michel Dallaire Design Industriel , en 1967 , et multiplie les succès commerciaux et industriels .

l Depuis 1988 , il enseigne à l ’ École de design industriel de l ’ Université de Montréal , à la Faculty of Environmental

Fier de son BIXI C ’ est comme ça que fut mené le projet du BIXI . Dallaire et son équipe ont beaucoup voyagé , notamment à Stockholm et à Paris , pour y étudier les systèmes de vélos en libre-service . « Il fallait breveter le BIXI pour lui conférer une valeur . En arriver à un concept fiable , solide et … beau n ’ a pas été facile ! Mais j ’ avais en tête l ’ image du boomerang en argent , un objet qui revient toujours

à son point de départ , et le reste du vélo en noir . Je m ’ imaginais l ’ utilisateur glisser dans l ’ espace . J ’ envisageais un vélo élégant mais robuste , ni féminin ni masculin , pour une personne de 80 ou 250 livres . J ’ ai choisi l ’ aluminium ( alors boudé par tous les fabricants ) parce que les soudures des Vélib ’ parisiens , en acier , étaient fragiles . »

Dallaire s ’ est amusé comme un fou avec les ingénieurs de Devinci , fabricant du BIXI . « Ils adoraient les complications . Nous avons enfoui le câblage et beaucoup de mécanique dans le cadre . La selle devait être le seul élément ajustable . Un défi ! J ’ avais privilégié un procédé d ’ hydroformage révolutionnaire . Quand il l ’ a vu , le maire de

Design de l ’ Université de Calgary , à l ’ École cantonale d ’ art de Lausanne , en Suisse , à l ’ École nationale supérieure de création industrielle , à Paris , et à l ’ Universidad Nacional Autónoma de México .

l Officier de l ’ Ordre national du Québec .

l Membre de l ’ Ordre du Canada .

l Il travaille désormais au sein du cabinet d ’ architecture Provencher _ Roy .

Paris , Bertrand Delanoë , m ’ a confié que le BIXI était plus beau que le Vélib ’ ! » Aujourd ’ hui , 40 000 BIXI circulent dans une trentaine de villes sur trois continents , dont Boston , New York , Washington , Chicago , Londres et Melbourne .

Michel Dallaire est fier de ses vélos ( BIXI , eVox et Bewegen ) : « C ’ est la synthèse de tous les problèmes industriels : mécanique de précision , matériaux de pointe , ergonomie de haut niveau , plaisir de conduire malgré les intempéries . » Mais le BIXI , c ’ est surtout la fluidité et le look d ’ un produit qui ajoutent de la beauté et du bonheur dans le quotidien de millions de personnes , partout dans le monde . Et c ’ est signé Michel Dallaire .