Ville à vélo printemps/été 2016 | Page 22

À L’INTERNATIONAL / STÉPHANE DESJARDINS BIXI J BAY AREA BIKE SHARE / SAN FRANCISCO anvier 2014. BIXI est en faillite. Cependant, au printemps, appuyé par la Ville de Montréal, l’OBNL BIXIMontréal relance la machine, et c’est un succès éclatant. À l’origine de la catastrophe, les opérations mondiales sont quant à elles récupérées par l’entrepreneur immobilier Bruno Rodi pour un montant de quatre millions de dollars. Cinquante personnes s’installent à Longueuil, siège de (Public Bike System Company) PBSC. Luc Sabbatini, ex-président d’Astral Affichage (rachetée par Bell en 2013, Astral gère les panneaux publicitaires des stations BIXI à Montréal), prend la direction des opérations de PBSC en janvier 2015. « J’ai essayé tous les systèmes de vélo en libre-service (VLS) partout où j’ai séjourné dans le monde, par affaires ou par plaisir. Le BIXI se démarque nettement. C’est le meilleur. Le plus prometteur. Un vrai bijou, dit-il. Les années noires sont déjà oubliées : 22 VILLE À VÉLO HORS SÉRIE VÉLOMAG 22-23_VAV_BIXI INTERNATIONAL.indd 22 RENAÎT d’incroyables occasions d’affaires sont à notre portée. » Le vent dans le guidon Pour Luc Sabbatini, la planète est un terrain de jeu où les systèmes VLS représentent un service cool, efficace, que les villes implantent et gèrent à peu de frais. PBSC a d’ailleurs piloté une forte expansion à Chicago, Londres, Washington, Cambridge, Columbus, Aspen et Guadalajara, plus une implantation à Toluca, au Mexique. S’ajoutent, dès cet été, les 1500 BIXI d’Honolulu. « En Europe, la technologie VLS utilisée présentement atteint la fin de sa vie utile. Les négociations se multiplient aussi en Asie », reprend Luc Sabbatini (qui exclut de ses prospections la Chine, dominée par des vélos bas de gamme et des volumes ahurissants). « L’an dernier, nous avons vendu 6000 vélos et presque 600 stations. C’est plus que tous nos compétiteurs réunis », ajoute-t-il fièrement. La relance planétaire du BIXI pilotée depuis Montréal. PBSC a investi plus de deux millions en R et D, principalement en informatique, talon d’Achille d’autrefois. « Nous sommes déjà ailleurs. Cette année, nous allons dépenser encore davantage, afin d’assurer notre leadership technologique mondial », annonce le chef de la direction. Le Québec rayonne PBSC a instauré un partenariat avec Transit, qui a produit l’application CycleFinder. Un peu comme avec Uber, l’utilisateur prend une photo de sa carte de crédit et effectue toutes les transactions avec son téléphone. CycleFinder compte les calories brûlées et le CO2 économisé à chaque déplacement, localise les stations, les vélos ou ancrages disponibles, etc. PBSC va aussi installer le SmartHalo sur le guidon du BIXI, qui convertit en GPS le téléphone de l’usager. « Tous nos partenaires technologiques et nos fournisseurs sont québécois, ajoute Luc Sabbatini. En février, nous avons lancé, avec notre fabricant, Devinci, une version 25 % plus légère du BIXI, le Fit, aux roues de 24 pouces ; ce vélo nous permettra de percer les marchés sud-américains et asiatiques. Et au Velo-City de Taipei, nous avons dévoilé un nouveau modèle électrique, le Boost. » PBSC a déployé 45 000 vélos et 3500 stations dans 17 villes, des chiffres qui vont exploser d’ici peu. L’entreprise a un chiffre d’affaires de quelques dizaines de millions de dollars. PBSC est désormais en bons termes avec Motivate, qui gère le réseau Citi Bike de New York. Le conflit autour des brevets du BIXI a récemment été réglé à l’amiable. PBSC a néanmoins lancé, en octobre dernier, Shift Transit, un opérateur de réseaux VLS, dont le patron, Edward Inlow, était auparavant chez… Motivate. « Nous allons multiplier les annonces au cours des prochains mois. Notre slogan, c’est Changer le monde une ville à la fois. Et tout ça à partir de Montréal », conclut Luc Sabbatini. PRINTEMPS/ÉTÉ 2016 01/04/16 11:23