TVPM French TVPM 1 | Page 5

M. Fresco, j’ai remarqué dans votre travail une grande foi dans le changement et une attitude très positive à l'égard de choses qui semblent impossibles, ou du moins possibles dans un futur lointain (comme la prévision de la colonisation de la mer), la question que je me pose est : d’où tirez-vous cette grande confiance pour les défis? En travaillant dans l’industrie aéronautique, j’ai beaucoup appris sur les avions qui se meuvent en trois dimensions et subissent de vastes gammes de contraintes. Il était essentiel de prendre en compte de multiples choses qui diffèrent des structures statiques au sol. Il y avait des défis tels que simplifier la conception, éliminer les gaspillages visibles et obtenir la plus grande performance avec le minimum de dépenses d'énergie. Un autre facteur encourageant mon attitude positive envers la résolution de problèmes fut la Deuxième Guerre Mondiale, lorsque les États-Unis dépensèrent des milliards de dollars pour les armes de destruction massive dans le cadre du Projet Manhattan. Le coût ne fut pas un problème, et ce fut l’un des projets entrepris les plus larges et mieux financés jusqu’à cette date. Je réalisai que les mêmes énergies qui furent mises au service du Projet Manhattan pouvaient être canalisées pour améliorer et actualiser notre mode de vie ainsi qu’atteindre et maintenir des relations symbiotiques optimales entre la nature et l’humanité. Si nous sommes prêts à dépenser autant d’argent, de ressources et de vies humaines en temps de guerre, nous devons nous demander pourquoi nous n’engageons pas autant de ressources pour améliorer l'existence de chacun et anticiper les besoins pour l’avenir en temps de paix. Quand les scientifiques furent appelés pour résoudre des problèmes d’ordre militaire, les réponses furent immédiates. Ceci me démontra la capacité de la science et de la technologie à résoudre les problèmes lorsque cela est correctement organisé et financé. Il est en revanche honteux que ces méthodes ne soient pas appliquées lorsqu’il s’agit de résoudre des problèmes sociaux à échelle mondiale. De même, il est scandaleux que des milliards soient dépensés dans des projets spatiaux à la terraformation de planètes inhabitées pour les rendre habitables, alors que notre propre planète est négligée et que notre terre, notre eau et notre air sont pollués. Dans mon travail, je ne tente pas de prédire le futur. Je souligne juste ce qu’il est possible de faire avec une application intelligente et une utilisation humaine de la science et de la technologie. Cela n’est pas un appel à une gestion de la société par les scientifiques. Ce que je suggère est d’appliquer les méthodes de la science au système social pour le bénéfice de l’humanité et de l’environnement.