ToutMa ToutMa n°57 - Décembre 2019 / Janvier 2020 | Page 50

agenda L’EXPO TEXTE _Romain BONY-CISTERNES MAN RAY la photographie de mode à l’honneur dans les musées marseillais Faire de la photographie de mode un art à part entière, tel était le pari du singulier Man Ray. Deux musées de la Ville de Marseille (le musée Cantini et le musée des Arts décoratifs, de la Faïence et de la Mode) nous invitent à découvrir comment ce New-Yorkais, qui ne semblait pas spécialement prédestiné à devenir photographe, et encore moins dans la mode, quitta la « grosse pomme » en 1921 pour embrasser la scène parisienne et les salons courus du Montparnasse des Années folles. L e challenge de Man Ray était double, à l’image de cette exposition qui offre une dualité complémentaire : deve- nir photographe alors qu’il ne l’était pas, et transformer la photographie de mode, essentiellement statique et commer- ciale, en véritable champ artistique. médias du secteur : démocratiser la mode, oui, mais, toujours avec mesure et bon goût. Ajoutez à cela une parfaite maîtrise des effets spéciaux (cadrages avant-gardistes, solarisation, colorisation, surimpression) et le résultat est sans appel : la photographie de mode devait ne plus jamais être la même. embre du courant surréaliste, c’est d’abord auprès des dadaïstes que Man Ray fit son entrée parisienne avant, presque par hasard, d’être sollicité pour photographier des modèles. Ces commandes, initialement à visée commer- ciale, prirent pourtant un tout autre tournant, puisque les magazines et journaux de mode recherchaient justement auprès de l’artiste un regard nouveau. Qui mieux qu’un surréaliste pouvait en effet dépoussiérer l’image surannée que les médias de l’époque présentaient de la mode et lui impulser une nouvelle dynamique esthétique ? es musées de Marseille nous offrent ainsi la possibilité de mesurer cette évolution par nous-mêmes. Construite sous le commissariat de Claude Miglietti et de Marie-Jo- sée Linou, cette double exposition s’articule autour d’une complémentarité bienvenue. Au musée Cantini, vous admi- rerez les mutations de la photographie de mode sous l’impulsion de Man Ray, tandis que le château Borély, abritant le musée des Arts décoratifs, de la Faïence et de la Mode, vous présentera la mode du temps de l’artiste : celle des années 1920 et 1930, encore appelées les Années folles ou l’entre-deux-guerres : robes du soir, lingerie, coiffure, maquillage, magazines numérisés de l’époque ainsi qu’agrandissements d’autochromes sont au rendez- vous. Les convenances de l’époque ne sont pas non plus oubliées, entre salons mondains, femmes du monde et célébrités habillées par Coco Chanel. M M an Ray fut l’un des pionniers des transforma- tions de la photographie de mode, domaine jusqu’alors peu médiatisé. Les techniques du surréalisme furent au centre de cette métamor- phose : scandale, provocation, érotisme, corps de la femme dévoilé, mises en scène... succédèrent ainsi au classicisme des magazines de l’époque tels que Vogue ou Harper’s Bazaar. Son savant mélange de provocation et de tradition fit du New-Yorkais un photographe recherché des journaux et grands Autoportrait, 1932 L L a véritable fresque d’une époque souvent présen- tée comme avant-gardiste, libérée, insouciante... et indubitablement regrettée. Lier l’art à la mode, l’art à la vie, c’est en ce moment à Marseille. Photographie de mode, vers 1935 Robe du soir en soie, mousseline et perles de verre, vers 1925 Man Ray, photographe de mode MUSÉE CANTINI 19 rue Grignan, Marseille 6 e La mode au temps de Man Ray CHÂTEAU BORÉLY avenue de Clot-Bey, Marseille 8 e JUSQU’AU 8 MARS 2020 Du mardi au dimanche de 9h30 à 18h tarif : 9 € / réduit : 5 € billet combiné pour les deux expositions : 12 € / réduit : 8 € _culture.marseille.fr Peggy Guggenheim dans une robe Poiret, 1924 Décembre 2019 / Janvier 2020 _TM n°57 Elsa Schiaparelli, vers 1934 Adrienne Fidelin (dite « Ady »), La mode au Congo pour Harper’s Bazaar, 1937 48 Manteau du soir Elsa Schiaparelli Retrouvez tous nos reportages sur www.toutma.fr