ToutMa ToutMa n°56 - Automne 2019 | Page 41

histoire NOTRE VILLE Q ui mieux que l’Université était dès lors légitime pour embrasser ce vaste terrain d’étude, de recherche et de formation ? Soutenu par les pouvoirs publics, le nouvel Institut médi- terranéen d’océanologie (IMO) vit le jour en 2012. Il présente la particularité d’articuler à la fois des aspects de recherche fondamentale et appliquée sur la science des océans (comprenant, évidemment, l’étude des effets du changement climatique sur les mouvements de ces der- niers) et, de manière pratique, des impératifs de formation à l’immense diversité des métiers de la mer (des plus scientifiques aux plus concrets) ! C omposé de plus de 250 personnes organisées en 5 équipes disciplinaires, l’Institut est un laboratoire de recherche qui dépend des universités d’Aix-Marseille, de Toulon, du CNRS et de l’Institut de recherche pour le développement (dont le siège est à la Joliette). Ses objectifs sont de mieux comprendre le système océanique et son évolution, en réponse au changement global. Il constitue un pôle de compétences en halieutique, biologie, écolo- gie, biodiversité, microbiologie, physique, chimie, biogéochimie et en sédimentologie ma- rine. Ses cadres d’exercice sont l’océan mondial, ses interfaces avec le continent, l’atmos- phère et le sédiment. A Illustration de l’étude des fonds marins ©James Steidl L’archipel de Riou ©www.calanques13.com utant le dire, cet institut incarne l’espoir des pouvoirs publics de faire de Marseille un véritable pôle d’excellence en océanologie en Méditerranée et, pourquoi pas, au niveau de la France entière. Pour cela, il entend, au travers de projets financés par diverses autorités publiques, investir des sujets brûlants, comme l’impact du réchauffement de la planète sur les écosystèmes, la compréhension (et la prévention) d’événements climatiques graves, ou encore les conséquences de l’élévation du niveau de la mer sur les territoires et les populations. Marseille et la préservation de la biodiversité O utre la création de l’IMO, Marseille entend mener une réflexion plus globale sur la contribution des mers et des océans à la biodiversité mondiale : le changement du statut juridique des Calanques, devenu parc national, n’est pas anodin. Il en va, outre de la protection de ce patrimoine historique et culturel, de la sensibilisation de la population aux effets de la main de l’homme sur son environnement. Or l’océanologie n’est pas l’apanage des scienti- fiques, elle est l’affaire de tous. I l n’est donc pas anodin que la Convention de Barcelone pour la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée, signée en 1976, ait donné naissance à de véritables institutions de protection du littoral et des mers, au titre desquelles on trouve le Plan Bleu, soutenu par les Nations unies et installé, contre toute attente, à Marseille. Le Plan Bleu produit des études ainsi que des scénarios pour l’avenir, afin de sensibiliser les acteurs et les décideurs méditerranéens sur les questions d’environnement et de développement durable de la région. À ce titre, ses missions apparaissent complémentaires à celles de l’IMO, bien qu’uniquement centrées sur la Méditerranée, avec, toutefois, une certaine emphase sur les politiques publiques de protection de l’environnement et de durabilité de l’espace méditerranéen, puisqu’il s’agit d’un think tank qui se veut une « aide à la décision » pour les politiques. A insi, d’un point de vue institutionnel, en tout cas, Marseille s’est donné des moyens à la hauteur de son ambition afin de devenir une plaque tournante de l’océanographie en Mé- diterranée et dans le monde. Face à la concurrence d’autres métropoles maritimes, elle devra, dans les décennies à venir, acquérir une véritable légitimité qui lui permettra de prétendre au titre de capitale de l’océanologie. Automne 2019 _TM n°56 39 Retrouvez tous nos reportages sur www.toutma.fr