ToutMa ToutMa n°56 - Automne 2019 | Page 40

histoire NOTRE VILLE TEXTE _Romain BONY-CISTERNES Marseille, future capitale de l’océanologie ? Lorsqu’on parle d’océanologie, on pense de prime abord au grand musée océanographique de Monaco, qui, tourné vers la mer, domine le rocher de la principauté. Pourtant, si Marseille ne dispose pas d’un tel lieu de culture dédié à cette science (encore que la programmation des musées de Marseille la mette régulièrement en valeur), sa contribution historique à l’océanologie est manifeste. Son importance dans le bassin méditerranéen paraît l’avoir prédestiné à devenir une capitale pour cette « science des océans ». L’océa- nologie (indifféremment connue sous le nom d’océanographie), regroupe les sciences s’intéressant à la compréhension, à l’exploita- tion et à la protection des environnements marins. Aussi une ville qui se veut ouverte sur la mer et sur le monde ne pouvait-elle ignorer ce vaste courant. Marseille et l’océanologie : une affaire d’histoire Q ui, en se promenant sur la Corniche Kennedy, n’a ja- mais aperçu, en contrebas, aux alentours du numéro 174, un bâtiment singulier qui jouxte les eaux au point de se confondre avec les rochers ? Ce bâtiment, plus connu sous le nom de marégraphe de Marseille, a en effet beaucoup à voir avec l’océanologie puisque, fait peu connu, il constitue le point zéro de l’altitude en France métropolitaine. C’est à partir de lui que se mesure l’altitude de tous nos reliefs ! Pour être tout à fait exact, un premier marégraphe fut établi à Marseille, entre 1849 et 1851, par l’ingénieur hydrographe Antoine Chazallon, dans le port de la Joliette. Mais en 1884, la Commission du nivellement général de la France fit construire le long de la Corniche un observatoire permanent connu sous l’appellation « Marégraphe de Marseille ». Si ses activités débutèrent vraiment en 1885, il fallut attendre près de douze ans pour que le point zéro de l’altitude soit fixé, après de longues observations des variations du niveau de la mer. d’un composant particulier (appelé intégrateur mécanique totalisateur) qui permette de mesurer en un tour de mani- velle le niveau moyen de la mer sur une période donnée ! S’il fut complété, à l’orée du xx e siècle, par des outils plus modernes et numériques, le marégraphe de Marseille n’en demeure pas moins à l’origine de l’établissement de nom- breuses cartes marines et de la prévision d’événements cli- matiques extrêmes (comme les ouragans ou les tsunamis). Encore faut-il le deviner, tant le bâtiment apparaît modeste de l’extérieur ! A ussi n’est-ce pas un hasard si le célèbre commandant Cousteau, pourtant né en Aquitaine, semble avoir dé- couvert sa vocation de marin à Marseille, où, dès les années 1920, son exploration des calanques augura, après l’École navale de Brest, l’avenir d’un grand marin français qui fut, du reste, affecté au service du contre-espionnage militaire à Marseille dans les années 1940, avant de s’orienter vers des activités plus exploratoires sur la richesse des fonds marins méditerranéens, après la guerre. On lui doit, en effet, les premières fouilles archéologiques de l’archipel de Riou au large de la cité phocéenne. Le virage océanologique de Marseille A u-delà de ces anecdotes historiques, Marseille entend désormais, conformément à l’esprit pionnier de la créa- tion de son marégraphe, devenir un avant-poste incontour- nable de la science de l’exploration des mers. L es activités d’un marégraphe ne se bornent cependant pas à cette seule opération, puisque l’instrument a vocation à servir de véritable outil d’exploration des mers et océans. Or, à cet égard, celui de Marseille présente une particularité unique au monde : il est le seul à disposer Automne 2019 _TM n°56 38 C onscients que sa position privilégiée était insuffisam- ment exploitée, les pouvoirs publics ont, depuis le dé- but du xxi e siècle, entendu renforcer l’aura marine de la ville. Il s’agit avant tout de promouvoir la « nouvelle économie de la mer » et, pour cela, de réfléchir à la contribution de Marseille à ces opportunités nouvelles, tout en comblant le déficit de formation en la matière. Retrouvez tous nos reportages sur www.toutma.fr