ToutMa ToutMa n°56 - Automne 2019 | Page 4

people CINÉMA ENTRETIEN _Céline BOUCHARD PHOTOS _ Julien VALLON Alice POL reine de la comédie Après le succès populaire des films RAID dingue et Supercondriaque, Alice Pol, jeune actrice originaire de Marseille, devient la nouvelle reine des comédies françaises. Elle est aujourd’hui à l’affiche du dernier film de Jalil Lespert Le Dindon (sortie le 25 septembre), dans lequel elle est encore une fois la partenaire à l’écran de Dany Boon mais donne également la réplique au talentueux Guillaume Gallienne. Rencontre avec une personne exquise qui s’exprime à merveille dans bien des registres... ToutMa  : Qu’avez-vous à dire à propos de ce film qui n’est pas sans rappeler les comédies cocasses fièrement portées par Louis de Funès dans les années 1960 ? Alice Pol : D’abord, merci pour ce compliment. Je suis assez d’accord avec vous, c’est un peu le même genre de film, un genre que j’adore également. Ces films ont d’ail- leurs traversé plusieurs époques. Le Dindon a ce truc en plus qu’il est l’adaptation d’une pièce de Feydeau, ce qui n’est pas rien. C’était un sacré challenge de l’adapter au cinéma et un vrai défi pour Jalil Lespert, car il avait un peu l’ambition de redonner à la comédie populaire ses lettres de noblesse. Ces films sont souvent fédérateurs car très humains. Tous les personnages sont bourrés de défauts, c’est ce qui les rend attachants (rires) ! TM : Vous-même personnifiez parfaitement l’épouse bour- geoise des années 1960, costume compris, que vous portez d’ailleurs avec aisance ! Qu’aimez-vous dans cette époque, dans son style ? AP : Au début, franchement, quand j’ai vu les coupes, j’ai eu vraiment peur que ça ne me corresponde pas. On a toutes nos complexes, y compris les actrices, vous savez, car justement on met souvent le doigt dessus dans ce mé- tier, même sur des choses qu’on n’avait pas forcément vues (rires) ! Nous avions cependant la chance d’avoir une très grande costumière sur ce tournage et sincèrement, dès qu’on a commencé les essayages, j’ai trouvé qu’il y avait une grâce, une féminité très assumée à cette époque... On ne cachait pas les formes, tout était sculpté. Ce que j’ai TM : Vous qui avez souvent tourné avec Dany Boon, diriez- vous qu’il incarne le Louis de Funès du xxi e siècle ? TM : C’est une comédie de mœurs. La trouvez-vous plutôt actuelle ou totalement surannée ? AP : Ce qui est rigolo justement, c’est que ça se passe dans l’époque donnée du scénario. Mais oui, dans l’absolu, le jeu entre hommes, femmes avec le romantisme ou les coups bas entre rivaux, c’est quelque chose d’intemporel ! Ce que j’aime beaucoup dans ce rôle, c’est que cette femme, sous couvert de minauderies, tient tout son monde, et toujours dans l’amusement. C’est un personnage qui ne subit pas ! TM : Vous formez un superbe duo d’acteurs avec Guil- laume Gallienne, avec pas mal de scènes ensemble. Quid de cette belle connivence ? AP : Alors oui, un peu, mais je dirais plutôt Bourvil... Il a le même côté « clown blanc », cette même bonhomie. Ce sont quand même des acteurs, sur scène ou à l’image, qui nous mettent tout de suite de leur côté. Ils ont plein de ratés, on se les approprie avec facilité. En tout cas, ils ont la même générosité de jeu. Et Jalil a eu beaucoup de plaisir à nous diriger dans cette optique. Automne 2019 _TM n°56 aimé le plus, ce sont les coiffures... J’ai beaucoup apprécié d’avoir les cheveux tout en arrière, ce qui m’arrive rare- ment dans la vie... J’ai trouvé que ça donnait un port de tête élégant. Et puis c’est toujours très sympa d’endosser des costumes qui cadrent tout de suite le personnage, avant même d’être sur le plateau. AP : C’est Danièle Thompson qui nous a présentés sur le tournage du film Cézanne et moi. Bien que nous soyons ennemis jurés dans ce film, ça a marché entre nous, d’abord en tant qu’acteurs puis humainement. Il est vrai qu’on joue 2 Retrouvez tous nos reportages sur www.toutma.fr