ToutMa ToutMa n°53 - Février / Mars 2019 | Page 10
people
VOS STARS
TEXTE _Julie MANDRUZZATO
PHOTOS _Shelby DUNCAN
CORINE
fille de notre région
Corine est un phénomène fugitif qui vient tout
juste d’être identifié. Une soucoupe vocale, une
lionne peroxydée dans le safari du milieu artis-
tique. Un humour qui donne chaud parce qu’il a
beaucoup de degrés : la chanteuse s’est créé un
personnage et elle fait ce qui lui plaît.
Défibrillateur sur le disco
E
lle alterne les teintes de son rouge à lèvres comme autant de
facettes d’une boule de disco. Rouge, rosé, nuances orange. La
chanteuse a dans la bouche une « pop disco sucrée-salée ». Uni-
vers décalé, allure érotique et irisée, Corine a su nous faire ravaler
nos vieux morceaux de nostalgie. Ses influences ? Ces tubes qui
nous dégoulinaient dans les oreilles au début des années 1980, tels
ceux de Niagara ou encore des Rita Mitsouko, avec des sono-
rités électroniques et funk à la Giorgio Moroder. Associée aux
producteurs Marc Collin et Dorion Fiszel, c’est il y a deux ans
environ qu’elle a lancé son premier coup de défibrillateur avec Pour-
quoi pourquoi, un titre léger qui précède les chansons Cocktail, en duo
avec Juliette Armanet ou encore Pluie fine, remixé par Polo &
Pan. Compilation aux morceaux régressifs, son premier album, Un
air de fête, ne laisse personne indifférent, tant du fait de l’onirisme
décapant de ses clips vidéo que grâce à un humour aussi grisant
et franc du collier qu’une bonne bouteille de whisky. « Tout est à
prendre au dixième degré. » Un cru léger et pétillant, la chanteuse
a d’ailleurs été invitée à monter sur scène lors du cinquantième
anniversaire de la maison Sonia Rykiel en janvier dernier.
P
CORINE EN CONCERT le 1 er mars
ESPACE JULIEN 39 cours Julien, Marseille 6 e
@corinefilledetaregion
Février / Mars 2019 _TM n°53
Le jeu du masque
ourtant, sous l’acmé capillaire de la chanteuse (coupe
de cheveux élaborée avec l’aide de Gérald Porte-
nart, le coiffeur de Matthieu Chedid, on s’en serait
douté…) se cache un personnage plutôt pragmatique.
Aurore Imbert, de son vrai nom, a grandi à Rognes,
près d’Aix-en-Provence. Ayant commencé le théâtre dès
l’enfance, la jeune femme est montée comme tant d’autres
à Paris, à 19 ans, pour jouer la comédie. Fille le jour, hé-
roïne la nuit, elle travaille comme caissière à la Fnac et
chante le soir, dans des cabarets, ses petites chansons, reprenant notamment des titres de
Bourvil et de Serge Reggiani. Peu à peu elle s’émancipera pour devenir la chanteuse
« Dawn », un pseudonyme sous lequel elle sort un album aux influences rock indé dans un
univers visuel plutôt lynchéen, avant de devenir la Corine que l’on connaît aujourd’hui. De
la mise en scène au costume, la jeune femme réfléchit à tout et joue à nous perdre dans les
dédales de son identité. Serait-ce au sol l’ombre d’un produit marketing, suspendu au-des-
sus de nos têtes comme une épée de Damoclès ? Que l’on se rassure : « S’adresser aux gens
de manière piquante, ça les marque mais il y a un degré de transparence entre mon person-
nage et moi-même : c’est la musique, explique Corine. Je n’ai pas l’impression de mentir du
tout. Je m’amuse beaucoup et c’est quelque chose qui me porte, qui m’inspire vraiment. »
Corine, c’est toutes les femmes : un personnage extravagant, mais surtout bien terrestre.
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