ToutMa ToutMa n°52 - Novembre 2018 / Janvier 2019 | Page 10
people
VOS STARS
TEXTE _Julie MANDRUZZATO
PHOTOS _Charlotte ABRAMOW
ANGÈLE
tête d’ange et brol au corps
C’est une frimousse dessinée par la blondeur d’un carré,
une frange qui sautille au rythme du synthé, et une voix
laiteuse comme de la douceur dans un café. Sur scène,
Angèle ne tient plus en place, frétillant à la même
cadence que sa notoriété.
Sainte avec synthé
À
22 ans seulement, Angèle vient de sortir son premier
album, Brol. Un album, récemment sacré disque d’or
en Belgique, qu’elle a entièrement composé et réalisé sous
son propre label, « mais avec l’aide de pas mal de gens »,
clame-t-elle en citant Tristan Salvati, « un producteur
en or ». Jeune femme entreprenante, l’artiste ne se prend
pourtant pas au jeu du sérieux télévisuel, elle est plutôt
pour la décadence du premier degré. D’ailleurs « brol »
en « belge », ça signifie « bordel ». Un capharnaüm de
couleurs, de l’espièglerie comme saveur, et beaucoup
d’autodérision pour nous délivrer sa vision de la société
moderne en chansons. Titres incisifs sur sa génération, sur
les réseaux sociaux et sur des états d’âme bercés par un
synthé et des sonorités électroniques.
Les prémices
A
ngèle Van Laeken a commencé à chatouiller le piano à
l’âge de 5 ans. C’est l’avantage de grandir dans une fa-
mille d’artistes, on en parle à table, entre la poire et le fro-
mage. « De la même façon que si j’avais eu des parents mé-
decins ou avocats, il y a une facilité à suivre le métier de la
scène. Mais j’ai toujours eu l’impression qu’entre les uns et
les autres, nous faisions tous quelque chose de différent »,
témoignait-elle lors d’une interview. Maman (Laurence
Bibot) est comédienne et elle a le même sourire que sa
fille. Papa (Marka) est un chanteur populaire. Quant à
son frère, le rappeur Roméo Elvis, il est déjà parvenu
à se faire un nom dans le milieu. À l’adolescence, cette
jeune perle belge développe donc son collier de gammes
au Jazz Studio d’Anvers et se met au chant. Les seules notes
qu’elle laisse dans les cafés bruxellois sont musicales, et de
fil en concerts, elle fera l’addition aux premières parties
du rappeur belge Damso (lyrisme d’un autre répertoire),
préservant toutefois sa candeur et son air mutin.
« Savoir se moquer de soi, avant que
les autres aient l’occasion de le faire. »
L
es réseaux sociaux auront aussi contribué à l’enfante-
ment de l’artiste. Là où certaines apprivoisent le suc-
cès en affichant la nudité de leur muscle piriforme, Angèle
s’est fait un nom en exhibant… son talent. Se servant
d’une râpe à fromage comme d’un instrument, faisant des
reprises musicales toujours avec amusement, les courtes
vidéos qu’elle publie sur Instagram sont pleines d’humour
et ne laissent personne indifférent. Pas même sa baby-sitter
d’enfance, Sylvie Farr, qui lui propose alors de devenir
sa manager.
C
’est en 2017 qu’elle publie son tube, La Loi de Mur-
phy, sur Internet. Un clip réalisé par son amie
Charlotte Abramow, réalisatrice de talent. La fameuse
loi de Murphy, c’est cette loi de l’emmerdement maximum
(par exemple, journée type, quand il pleut sur le trafic de
la Rotonde et que vous avez un entretien à passer et vos
nouveaux mocassins en cuir à racheter), mais c’est aussi un
grand tournant dans la carrière de la chanteuse. Le genre
de titre qui vous propulse sur le devant de la scène, sous le
feu des projecteurs, alors que vous étiez déjà un soleil pour
vous-même. Un succès qu’elle avoue avoir encore du mal à
comprendre. Elle en parle dans Flou, l’un des titres de son
album. En attendant, tout ce qu’on lui souhaite, c’est de
rester dans nos univers pour longtemps et on a hâte de la
retrouver sur notre planète Marseille, lors de son prochain
concert au Moulin.
ANGÈLE EN CONCERT
samedi 15 décembre 2018
MOULIN
47 boulevard Perrin, Marseille 13 e
Décembre 2018 / Janvier 2019 _TM n°52
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