ToutMa ToutMa n°51 - Septembre / octobre 2018 | Page 45

NOTRE VILLE Le palais Longchamp à Marseille depuis Lambesc jusqu’à Coudoux, Ventabren, puis arrive au-dessus de l’Arc qu’il franchit par l’aqueduc de Roquefavour en arrivant vers Aix-en-Provence et le plateau de l’Arbois. C’est en prenant le TGV entre Avignon et Marseille que vous aurez le plus de chance de l’admirer dans son jus. Il arrive, ensuite, aux Pennes-Mirabeau puis franchit la frontière marseillaise en desservant Saint-Antoine pour filer, enfin, vers le palais Longchamp. L’arrivée de l’eau à Marseille C ’est ainsi que, le 19 novembre 1849, l’eau de la Durance arrive à Marseille, au plateau Longchamp, à une hauteur de 150 mètres. On doit la construction du palais Longchamp, sous le coup de crayon d’Henri-Jacques Espérandieu (voir rubrique Histoire sur www.toutma.fr), à l’arrivée des eaux de la Durance à Marseille : cet événement valait bien un petit palais. Avec la construction du canal et malgré un doublement de la population en quarante ans, les 321 000 Marseillais que compte la ville disposent en 1876 de trente fois plus d’eau par jour et par habitant : 370 litres pour l’usage domestique et 660 litres pour les activités industrielles. De quoi atténuer la dépendance à l’Huveaune et au Jarret. De 1854 à 1869, 77 kilomètres de canalisations et de nouveaux bassins réservoirs furent construits pour permettre l’acheminement de l’eau sur l’ensemble du territoire de Marseille, incluant les communes avoisinantes. Le canal est devenu un incontournable : il peut s’observer de quasiment partout dans la ville, tant il la sillonne. De Saint-Antoine, un premier embranchement part à l’ouest en direction de l’Estaque. Le canal principal contourne le vallon des Aygalades et s’accroche aux flancs de la chaîne de l’Étoile en direction de l’est. Au lieu-dit du Four de Buze, dans le 14 e  arrondissement, le canal se subdivise en deux. La branche principale au sens historique part vers le sud, alimente le réservoir du Merlan et, de là, descend vers les Chutes-Lavie et le palais Longchamp. L’autre branche poursuit sa route vers l’est, continuant à longer les collines en vue de desservir la partie périphérique de la ville qu’elle va contourner jusqu’au sud. Le canal traverse Château- Gombert, fait le tour de Plan-de-Cuques, passe au pied d’Allauch, et revient sur les Olives. Il passe en tunnel sous les Trois-Lucs, puis laisse un embranchement à l’ouest vers Saint-Julien, et le réservoir de Saint- Barnabé, et un autre vers les Camoins et Aubagne à l’est. Il contourne la Valentine, traverse la vallée de l’Huveaune, puis repart en direction de l’ouest : la Valbarelle, Saint-Tronc, la Campagne Berger, le Redon, Mazargues, la Campagne Pastré et, enfin, la Madrague-de-Montredon. Il termine son parcours à une altitude de quelque 10 mètres, avant de se jeter dans la mer, au mont Rose, ayant approvisionné en eau tous les quartiers de Marseille. et donc du canal, est confiée à la Société d’études des eaux de Marseille (SEEM). En 1943, selon une convention de type « régie intéressée », la Ville de Marseille, qui reste propriétaire des ouvrages, en confie l’exploitation à la SEEM. Celle-ci devient officiellement la Société des eaux de Marseille (SEM) le 1 er mars 1943. Depuis, la Société des eaux de Marseille, détenue par Veolia (ex-Compagnie générale des eaux), devenue le Groupe des eaux de Marseille, gère le canal, qui reste le ciment de la distribution d’eau potable dans la ville et dans de nombreuses communes environnantes. Le canal aujourd’hui S i, jusque dans les années 1970, le canal fut la quasi unique source d’approvisionnement en eau potable de la ville de Marseille, il n’en fournit, aujourd’hui, plus que les deux tiers. Le canal de Provence, construit à cette époque, double le réseau existant d’un maillage de canaux essentiellement souterrains, puisant l’eau du Verdon (affluent de la Durance) en alimentant Marseille mais aussi Aix et Toulon. Les deux ressources sont interconnectées, ce qui assure la sécurité de l’approvisionnement. A u-delà du réseau, c’est la question de la gouvernance d’un ouvrage aussi essentiel pour la vie des Marseillais qui se pose : de sa livraison en 1849 jusqu’à 1941, le canal a été géré par la Ville de Marseille. En 1941, suite à l’incendie des Nouvelles Galeries, la gestion de l’eau de la ville, 43 L’aqueduc de Roquefavour C ’est cette gouvernance de l’eau potable marseillaise qui, en alliant infrastructures, acteurs économiques et consommateurs, devra s’assurer de la qualité du bâti et de l’eau, à l’heure du changement climatique, des catastrophes naturelles, des sécheresses, des modifications du cycle de l’eau (et de la neige en montagne !) et de leurs conséquences sur les ressources en eau potable. Gageons que les Marseillais puissent, encore longtemps, se targuer d’avoir la meilleure eau de France.