ToutMa ToutMa n°51 - Septembre / octobre 2018 | Page 10
people
RADIO
ENTRETIEN _Clara PABAN
Bernard
POIRETTE
la voix libre de la radio
ToutMa : Après plus de 30 ans d’amour avec RTL,
c’est la rupture. Comment avez-vous vécu cela ?
Bernard Poirette : C’était totalement inattendu !
J’ai passé 34 ans à RTL, c’était plus qu’un employeur,
c’était une famille ! Ça s’est forcément mal terminé.
Au départ, ils m’ont proposé de partir puis finalement
ils m’ont offert un poste qui ne me plaisait absolu-
ment pas. Si je n’en voulais pas, il fallait que je démis-
sionne… ce que j’ai fait ! Les Prudhommes jugeront.
TM : Vous n’êtes pas resté longtemps célibataire... Le
flirt avec Europe 1 s’est passé comment ?
BP : Quand j’ai compris que je ne resterais pas, je suis
allé en face et je leur ai dit : « Est-ce que vous avez
besoin de monde ? ». Ils m’ont dit oui. (Sourire)
TM : Vous avez déjà fait des choix par amour, en tra-
vaillant à Moscou et à Washington pour suivre votre
femme. Professionnellement, quel est le meilleur et le
pire de ces deux aventures ?
BP : Le meilleur, c’était à Moscou ! J’y étais les
trois années où il fallait y être au XX e siècle : 1989,
1990,1991 (dislocation de l’Union soviétique). On ne
peut pas faire mieux pour un journaliste ! Et Washing-
ton, parce que j’y ai eu mon fils, est plutôt un bon
souvenir mais professionnellement, après les trois an-
nées soviétiques, plus rien n’avait grand intérêt. Vous
avez l’histoire qui se déroule devant vous et vous êtes
prié de la raconter en continu. Je n’ai pas arrêté, j’ai
bossé comme une mule, comme jamais dans ma vie,
mais c’était extraordinaire. On se levait le matin à huit
heures, on se couchait à minuit, on bossait non-stop,
mais c’était génial !
La radio nous rappelle qu’une voix est une vraie signature. Les
Marseillais en détiennent l’une des plus célèbres de la bande FM,
celle de Bernard Poirette, le colosse à la voix suave, grave et
chaleureuse. Sa prise d’antenne démarre le vendredi après-midi et
se termine le dimanche à 10h. Avec une moyenne de 2,5 millions
d’auditeurs, l’info du week-end passe par lui ! Cet été un boulever-
sement est intervenu dans le mercato audiovisuel… Notre anima-
teur préféré quitte RTL pour Europe 1.
TM : Quand avez-vous eu
le coup de foudre pour le
journalisme ?
BP : Je n’ai jamais eu de coup de
foudre. Je ne suis pas quelqu’un
de férocement passionné... À
part les romans policiers et le
bon cinéma, qu’est-ce qui m’in-
téresse ? La littérature, les mots… J’ai passé le concours
de l’École de journalisme de Lille (je suis lillois à la
base). C’était l’époque bénie où il y avait 30 places pour
100 candidats. Sinon je ne l’aurais jamais eu !
TM : Comment fait-on pour ne jamais être impres-
sionné par un invité ?
BP : On l’est toujours mais moins si on prépare l’in-
terview correctement ! Ceci dit, certains personnages
sont terrifiants. À Moscou, j’ai croisé Gorbatchev
une fois. Il m’a serré la louche, je n’avais plus un poil
de sec ! Parfois avec les gens plus « ordinaires », il y a
plus que ce qu’on espérait. Je me souviens d’une inter-
view avec Laurent Voulzy. On parlait de son disque
et c’est parti en vrille : on s’est marrés comme des
tordus. (Rires)
TM : De quelles qualités avez-vous eu besoin pour
durer ?
BP : J’ai impérativement besoin de ne pas vivre tout le
temps à Paris. Je ne suis pas un fondu de travail. Donc
le fait de vivre à mi-temps, plus cool à Marseille, est
indispensable. Pour moi, le secret, c’est de m’évader,
au moins dans ma tête !
TM : Assez parlé de boulot, que se passe-t-il le
dimanche à 14h, gare Saint-Charles ?
BP : Je monte sur ma moto qui est garée au parking
de la gare, j’arrive chez moi à Endoume et une autre
vie commence. Je me « fous » en short, quand c’est la
saison, c’est-à-dire six mois par an, je vais me baigner à
la plage du Petit Nice... Ma vie se passe sur ma terrasse
à lire des polars. Je vais aussi aux Variétés, au César ou
au Chambord pour voir les films en VO que je n’ai pas
eu le temps de visionner à Paris. Quand le temps s’y
prête, je prends ma moto, je vais en Camargue, à Arles
aux Rencontres de la photographie en septembre,
à l’hôtel de Caumont à Aix où toutes les expos sont
géniales ! C’est une région formidable.
Ses adresses préférées
La meilleure pizza ?
Chez Maga à Castellane. C’est la même que Chez
Étienne, c’est la même famille.
Le meilleur spot pour un coucher de soleil ?
En bas de chez moi sur les rochers de Malmousque à la
Légion étrangère.
La meilleure bouillabaisse ?
« Le Château » à Sormiou. Elle est très bonne et le lieu
est inimaginable.
Bernard Poirette dans l’émission Toute l’info du week-end
Le samedi et le dimanche de 6h à 9h sur Europe 1
Septembre / Octobre 2018 _TM n°51
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