histoire
NOTRE VILLE
TEXTE _Romain BONY-CISTERNES
Marseille…
des calanques à l’Estaque
Le printemps s’éloigne doucement et les premiers signes
de l’été s’installent déjà sur la ville. Les terrasses se remplissent,
les lumières estivales éclaboussent les façades…
et les Marseillais investissent les plages.
L’occasion pour ToutMa de revenir sur l’histoire du front de mer,
naguère désuet et peu aménagé, mais qui, aujourd’hui,
constitue la vitrine de Marseille sur le monde méditerranéen
et tisse le lien social des Marseillais et des visiteurs.
D
e la fin du XIX e siècle, avec la construction de
la Corniche, aux années 2000, avec la mise en
place du projet Euroméditerranée, c’est tout un pan
de l’histoire de notre ville qui s’est cristallisé autour
de sa façade maritime. Guidées par la volonté de
donner à Marseille et aux Marseillais un front de mer
digne de ce nom, les politiques d’aménagement et
d’urbanisme des municipalités qui se sont succédé ont
eu à cœur de saisir l’opportunité qui leur était donnée
par le déplacement du Port de Marseille, vers l’ouest
de la ville, pour redessiner les contours de la côte
en faisant de cette dernière un espace public dédié
au vivre-ensemble, à l’attractivité économique et
touristique incontestable (voir l’article sur les ports
dans la rubrique « Histoire » sur www.toutma.fr).
Les Calanques : le patrimoine naturel de
Marseille
I
l n’y a sans doute pas, dans le monde, d’autre
exemple où, si près d’une grande ville, soit
conservé un espace sauvage et d’une grande beauté,
comme c’est le cas pour le massif des Calanques.
« Cela tient du miracle ! », disait Gaston Rébuffat.
Si elles ne datent pas d’hier, les calanques sont
demeurées, à travers les siècles, l’une des attractions
principales de Marseille : on y pratique l’escalade
(qui n’a jamais atteint le sommet de « l’œil de verre »
n’est pas marseillais !), la randonnée, le tourisme
culturel avec la grotte Cosquer, et les ballades en
bateau. Avec la révolution des technologies de
l’information et du tourisme, l’on vient désormais
Été 2018 _TM n°50
du monde entier pour les visiter. Cet afflux de
visiteurs a encouragé les pouvoirs publics à prendre
une mesure emblématique pour concilier tourisme,
mise en valeur des calanques, et protection de la
biodiversité qu’elles hébergent. Ainsi, en 2012, fut
créé le parc national des Calanques. Il fait partie des
dix parcs nationaux que compte la France et constitue
le premier parc national périurbain d’Europe à la fois
terrestre et marin. Véritable projet de territoire, il est
chapeauté par l’établissement public du Parc national
des Calanques dont les missions sont d’assurer sa
gestion en conciliant protection environnementale,
respect du caractère du site et accueil de tous les
publics, tout en concourant à son rayonnement dans
une logique de développement durable. L’atteinte
de ces objectifs repose avant tout sur des mesures
de gestion comme l’aménagement, l’entretien des
milieux, une réglementation spéciale qui encadre les
usages ou encore la sensibilisation des visiteurs.
de la Pointe-Rouge aux plages du Prado…
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Le banc le plus long du monde
Les plages du Prado et de l’Escale Borély :
le rendez-vous des Marseillais
A
ujourd’hui très fréquentées, été comme hiver,
les plages du Prado et de l’Escale Borély n’ont
pourtant pas toujours eu l’apparence qu’on leur
connaît, et pour cause : ces plages, loin de constituer
le jeu de la nature, sont nées de la main de l’Homme.
Jusqu’aux années 1960, leur apparence négligée les
rendait hostiles et ce front de mer n’était fréquenté
que par les plus irréductibles autochtones ou les
habitants du quartier. Il faut dire qu’à cette époque,
ces plages ne donnaient guère envie de se baigner.
D’une part, le banc de sable, bordé par la route juste
au-dessus, s’étalait sur seulement 5 à 10 mètres de
large. D’autre part, l’eau y était très polluée car
l’Huveaune, fleuve qui traverse Marseille et qui
se jette dans la Méditerranée au niveau du Prado,
était devenu un égout à ciel ouvert. C’est à Gaston
Defferre, emblématique maire de Marseille, que
l’on doit, dès 1965, la mise en place d’une politique
de réaménagement des berges de la mer : d’abord
en agrandissant la petite bande de sable (200 mètres
de large) existante en terre-plein entre le Roucas
Blanc et David, ensuite en faisant de cette zone un
espace public et protégé à destination des Marseillais,
interdit à la construction. Les terrains situés de l’autre
côté de l’actuelle promenade Georges-Pompidou ont
été achetés et les maisons qui s’y trouvaient ont été
démolies afin de construire de nouvelles habitations,
des restaurants et des boutiques. Dans les années
1980, l’extension de l’aménagement des berges se
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