ToutMa ToutMa n°50 - été 2018 | Page 46

histoire NOTRE VILLE TEXTE _Romain BONY-CISTERNES Marseille… des calanques à l’Estaque Le printemps s’éloigne doucement et les premiers signes de l’été s’installent déjà sur la ville. Les terrasses se remplissent, les lumières estivales éclaboussent les façades… et les Marseillais investissent les plages. L’occasion pour ToutMa de revenir sur l’histoire du front de mer, naguère désuet et peu aménagé, mais qui, aujourd’hui, constitue la vitrine de Marseille sur le monde méditerranéen et tisse le lien social des Marseillais et des visiteurs. D e la fin du XIX e siècle, avec la construction de la Corniche, aux années 2000, avec la mise en place du projet Euroméditerranée, c’est tout un pan de l’histoire de notre ville qui s’est cristallisé autour de sa façade maritime. Guidées par la volonté de donner à Marseille et aux Marseillais un front de mer digne de ce nom, les politiques d’aménagement et d’urbanisme des municipalités qui se sont succédé ont eu à cœur de saisir l’opportunité qui leur était donnée par le déplacement du Port de Marseille, vers l’ouest de la ville, pour redessiner les contours de la côte en faisant de cette dernière un espace public dédié au vivre-ensemble, à l’attractivité économique et touristique incontestable (voir l’article sur les ports dans la rubrique « Histoire » sur www.toutma.fr). Les Calanques : le patrimoine naturel de Marseille I l n’y a sans doute pas, dans le monde, d’autre exemple où, si près d’une grande ville, soit conservé un espace sauvage et d’une grande beauté, comme c’est le cas pour le massif des Calanques. « Cela tient du miracle ! », disait Gaston Rébuffat. Si elles ne datent pas d’hier, les calanques sont demeurées, à travers les siècles, l’une des attractions principales de Marseille : on y pratique l’escalade (qui n’a jamais atteint le sommet de « l’œil de verre » n’est pas marseillais !), la randonnée, le tourisme culturel avec la grotte Cosquer, et les ballades en bateau. Avec la révolution des technologies de l’information et du tourisme, l’on vient désormais Été 2018 _TM n°50 du monde entier pour les visiter. Cet afflux de visiteurs a encouragé les pouvoirs publics à prendre une mesure emblématique pour concilier tourisme, mise en valeur des calanques, et protection de la biodiversité qu’elles hébergent. Ainsi, en 2012, fut créé le parc national des Calanques. Il fait partie des dix parcs nationaux que compte la France et constitue le premier parc national périurbain d’Europe à la fois terrestre et marin. Véritable projet de territoire, il est chapeauté par l’établissement public du Parc national des Calanques dont les missions sont d’assurer sa gestion en conciliant protection environnementale, respect du caractère du site et accueil de tous les publics, tout en concourant à son rayonnement dans une logique de développement durable. L’atteinte de ces objectifs repose avant tout sur des mesures de gestion comme l’aménagement, l’entretien des milieux, une réglementation spéciale qui encadre les usages ou encore la sensibilisation des visiteurs. de la Pointe-Rouge aux plages du Prado… 44 Le banc le plus long du monde Les plages du Prado et de l’Escale Borély : le rendez-vous des Marseillais A ujourd’hui très fréquentées, été comme hiver, les plages du Prado et de l’Escale Borély n’ont pourtant pas toujours eu l’apparence qu’on leur connaît, et pour cause : ces plages, loin de constituer le jeu de la nature, sont nées de la main de l’Homme. Jusqu’aux années 1960, leur apparence négligée les rendait hostiles et ce front de mer n’était fréquenté que par les plus irréductibles autochtones ou les habitants du quartier. Il faut dire qu’à cette époque, ces plages ne donnaient guère envie de se baigner. D’une part, le banc de sable, bordé par la route juste au-dessus, s’étalait sur seulement 5 à 10 mètres de large. D’autre part, l’eau y était très polluée car l’Huveaune, fleuve qui traverse Marseille et qui se jette dans la Méditerranée au niveau du Prado, était devenu un égout à ciel ouvert. C’est à Gaston Defferre, emblématique maire de Marseille, que l’on doit, dès 1965, la mise en place d’une politique de réaménagement des berges de la mer : d’abord en agrandissant la petite bande de sable (200 mètres de large) existante en terre-plein entre le Roucas Blanc et David, ensuite en faisant de cette zone un espace public et protégé à destination des Marseillais, interdit à la construction. Les terrains situés de l’autre côté de l’actuelle promenade Georges-Pompidou ont été achetés et les maisons qui s’y trouvaient ont été démolies afin de construire de nouvelles habitations, des restaurants et des boutiques. Dans les années 1980, l’extension de l’aménagement des berges se Retrouvez tous nos reportages sur www.toutma.fr