ToutMa ToutMa n°50 - été 2018 | Page 21

talents PHOTO TEXTES _Julie MANDRUZATO & Céline BOUCHARD Laurie-Lou DESREMAUX de muse en muse Laurie-Lou est une tueuse. Une photographe qui shoote les joues ro- sées des filles charmantes et capture les âmes des femmes décadentes. Telle une éclipse, elle est passée un jour du devant de la scène aux « dessous » de l’objectif. « Je fais de ma vie une poésie abrupte » C et ancien modèle s’est épris d’amour pour la photogra- phie lors d’une aventure humanitaire en Asie. « C’était il y a près de quatre ans. Armée d’un petit « canonet » et de pellicules périmées, j’entamais sans le savoir une car- rière de photographe. Je dérobais, en premier lieu, les por- traits des belles âmes que je croisais, la simplicité des scènes d’une culture et de vies que je ne connaissais pas », nous dit-elle. Un choc des cultures ? Pas tant que ça, elle en a vu d’autres. Originaire des Caraïbes, elle a grandi dans le Sud de la France. « Je partage mes souvenirs de tête blonde entre un peton sur le sable chaud de Guadeloupe et l’autre tâton- nant les roches des calanques de Cassis. Arrivée avec l’accent créole (véridique !), je l’ai rapidement abandonné au profit du phrasé chantant de la Provence », se rappelle Laurie-Lou. Des influences qui se révèlent souvent au gré de photos où ses muses provençales arborent un exotisme haussmannien. « Je ne suis pas femme à faire des compromis, il m’a fallu du temps pour imposer mon style » L aurie-Lou débute sa profession à l’argentique : « J’aimais maîtriser mon art, de la prise de vue jusqu’au rendu fi- nal. L’argentique intègre une dimension matérielle et sensi- tive que le numérique ne permet pas. Il y a ce côté brut, le risque de l’échec qui plane sur les pellicules jusqu’à la der- nière seconde. C’est très excitant. » Le numérique n’a pour- tant rien enlevé à l’attraction chimique de ses clichés. S’il y a une hormone dans l’art, la photographe a su la sécréter. « L’essence de mon travail réside dans la brutalité de mes propres évidences, qu’elles puissent être honorables ou infa- Laurie-Lou Desremaux mantes. Cette faille extirpée de mes mannequins, leur intimité, devient une sorte d’offrande sincère et insolente. Une beauté que j’essaie d’exacerber, une recherche d’esthétisme comme pour ériger un écran de splendeur dans une tentative désespérée de pudeur où je dissimule mon propre exhibition- nisme », raconte la photographe. « Toujours en couleur. Je me refuse à faire de la vie un monde de tons monochromes » E lle est forte de caractère, trempée d’une beauté écla- tante. De mannequin à photographe, pour la suite elle s’imagine vidéaste : « Récemment, je me suis essayée à la vidéo. Je m’exerce depuis quelques mois et mon travail com- mence à payer. Je pars prochainement en Corse et à Monaco pour réaliser un film destiné à la Fondation François-Xa- vier Mora, consacré à une levée de fonds pour la recherche contre le cancer. » Et même si c’est une carrièr e menée à la vitesse grand V, la jeune femme ne s’oublie pas en cours de route. « Je viens de réaliser la campagne nationale pour Elizabeth Stuart, une marque de chaussures française. Je suis heureuse d’avoir eu la possibilité de shooter au CNM à Marseille, je tenais vraiment à insuffler un vent sudiste à la direction artistique », précise-t-elle, comme par un besoin de retour aux sources. JM _laurie-lou.com Romain BOURILLON R les débuts prometteurs d’un jeune photographe de mode omain Bourillon a 17 ans. Il est élève en communication visuelle au lycée Celony d’Aix-en-Provence… Pourtant ce jeune garçon originaire d’Avignon n’est pas un lycéen comme les autres. Fasciné depuis toujours par la photographie puis par la mode, il a déjà eu l’opportunité de réaliser deux éditoriaux (« Brouillard de lumière » en 2017 et « Submersion » en 2018) pour le non moins jeune styliste Julien Rimbert (voir la rubrique Talents sur www.toutma.fr). Ces séries ont été publiées dans Vogue Italie et ont fait quelques ricochets dans des magazines new-yorkais et londonien. Pas si mal pour un premier jet… Éduqué par une mère artiste-peintre, Romain a déjà des influences artistiques. S on univers nous entraîne dans des images fortement inspirées par le travail de Mert & Marcus. La femme y est souvent puissante et décomplexée. Il la définit lui-même dans une sophistication extrême, à la limite du superficiel, pour qu’elle garde un impact fort dans l’imaginaire du spectateur de ses photographies. Même si Romain semble maîtriser la technique, il aimerait intégrer l’école de l’image des Gobelins à la rentrée prochaine pour renforcer ses bases et conforter son talent. Aujourd’hui, il est en pleine réalisation d’un nouvel édito sur le thème de la séduction, une série inspirée par la beauté incendiaire des Italiennes. Bref, du Ritts en herbe… CB _romainbourillon.com Romain Bourillon Été 2018 _TM n°50 19 Retrouvez tous nos reportages sur www.toutma.fr