TM : Aujourd’hui tu présentes L’Amour des hommes (sor-
tie le 28 février), film franco-tunisien que tu portes
avec talent. Quel est le message de Medhi Ben Attia
selon toi ?
HH : Il a voulu montrer que les femmes avaient aussi
du désir pour les hommes, montrer que l’emprise était
réciproque. Évoquer en plus la question de la liberté
des corps à travers le nu photographié dans une socié-
té tunisienne en évolution. Mon personnage est une
jeune femme photographe, veuve de surcroît, ce qui
ne facilite pas ses démarches artistiques, en quête de
modèles masculins dénudés. Elle est chaperonnée par
le père de son mari décédé, avec lequel la relation est
forcément ambiguë…
TM : Cette année, tu es aussi à l’affiche de Fleuve noir
d’Érick Zonca, (sortie pas encore annoncée) le cas-
ting est impressionnant. Quel sera ton rôle ?
HH : Je joue un lieutenant de police, rôle pour lequel
j’ai effectué un vrai stage au sein d’une brigade à Paris.
C’est un polar dans lequel je donne la réplique à
Vincent Cassel. Il y a aussi Sandrine Kiberlain et
Romain Duris qui jouent dans ce film. C’est vrai-
ment une grosse équipe. Chacun a sa doublure, sa loge.
Même moi j’avais ma loge ! D’ailleurs je n’y allais pas,
je ne suis pas habituée. Ça change tellement des films
d’auteur (rires).
TM : On a le sentiment que tu choisis tes réalisateurs
autant que tes rôles…
HH : Oui, c’est vrai, mais j’aime bien les premiers
films aussi. Il faut savoir faire confiance. Récemment j’ai
Février / Mars 2018 _TM n°48
tourné un court métrage avec un jeune réalisateur qui
s’appelle Sébastien Bailly. Il en a réalisé trois en tout
qu’il regroupe dans un même film intitulé Féminin plu-
rielles qui doit sortir au cinéma le 7 mars prochain.
TM : Quelles sont tes attaches avec Marseille désormais ?
HH : C’est mon port d’attache ! Et puis tu sais que je
m’essaie à la réalisation ? Je viens de terminer la pre-
mière partie d’un long-métrage que j’ai tourné dans les
quartiers nord, avec des acteurs marseillais, tous incon-
nus. C’est un scénario que j’écris depuis près de dix ans,
l’histoire d’une mère de famille seule, femme de mé-
nage dans les avions, qui a trois enfants dont le fils aîné
en prison. On voit sa bagarre au quotidien en attendant
le procès de son fils. Je tente évidemment de rester loin
des clichés mais je traite tout de même d’une réalité
sociale. Le film sera entièrement tourné à Marseille, en
partie dans le quartier où je suis née, aux Oliviers. La
Ville de Marseille nous a aidés, la région PACA aussi.
Arte et le CNC ont également contribué au financement
du film. Et puis les gens à Marseille sont d’une généro-
sité incroyable. On avait besoin d’un décor hospitalier
mais qui coûtait trop cher. On est allés voir quelques
établissements dont la clinique Chanteclerc qui nous a
carrément prêté le lieu pour réaliser nos scènes. Le per-
sonnel hospitalier a assuré la figuration gratuitement. À
Paris, on nous aurait carrément claqué la porte au nez
(rires). Et j’ai plein d’autres exemples comme celui-là !
TM : Et c’est un film qui sortira en salle ?
HH : Oui, dès qu’il sera terminé. C’est un film qui a
été acheté par Arte et le CNC, il aura un distributeur !
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Images extraites du film L’Amour des hommes
J’ai encore pas mal de scènes à tourner dans diffé-
rents quartiers de la ville. J’en ai assuré l’écriture,
la réalisation et peut-être même la production.
Ma société Les Films de la Bonne Mère est en cours
de constitution. J’aimerais plus tard soutenir les
talents émergents du cinéma avec le soutien intel-
lectuel et logistique d’Abdellatif Kechiche, dont
je suis restée très proche.
NDLR * Héritage de Hiam Abbass en 2011
*
La Source des femmes de Radu Mihaileanu en 2011
*
Exit Marrakech de Caroline Link en 2013
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