ToutMa ToutMa N°48 - Février / Mars 2018 | Page 10

portrait

MUSIQUE
TEXTE _ Julie MANDRUZZATO

Pink NoColor

Prisme électrique

Débâcles d ’ ondes musicales , pluie de beats et de thèmes lyriques , PinkNoColor lance son premier album Sweet Meteorite . Un titre poétique pour un groupe marseillais explosif , enfin prêt à partir écumer les salles de concert .
Le rose n ’ est pas une couleur , ils en ont fait de la musique

La science a dit que le rose n ’ était pas une couleur , Patrick Ferné et Uli Wolters en ont fait un groupe . Une musique qui superpose accords et ondes en créant un nouvel algorithme , un mélange des genres et des instruments , de façon à créer une moyenne , un son unique que chacun perçoit à sa façon : « Nous avions tout simplement envie de faire une musique moins axée sur la technique instrumentale , plutôt centrée sur des textes , des textures ou des palettes de couleurs personnelles . » Dès le début de l ’ aventure , la violoniste Anna Startseva les a rejoints . Tous trois , anciens membres du groupe Kabbalah , ils avaient déjà tourné pendant dix ans en Europe ou aux États-Unis . « Lorsque la question de faire tout à fait autre chose s ’ est posée , il était naturel de repartir ensemble », nous explique Patrick Ferné .

Un tout nouveau projet qui se concrétise grâce à l ’ aide de La Mesón , salle de concert marseillaise et de Yul Edorh , avec qui le groupe a pu réaliser cet album , chez Da Town Studio . « Uli et moi amenions nos compositions au fur et à mesure en studio . C ’ était des chansons assez brutes et dépouillées , guitare ou piano et voix . On s ’ est donné comme règle de ne pas en avoir . On évitait de prendre les instruments sur lesquels on jouait habituellement . Nous voulions servir les chansons que l ’ on avait écrites , utiliser de nouveaux instruments pour éviter de tomber dans les automatismes et retrouver un peu de naïveté dans notre musique . Uli joue du sax et des claviers , Anna est violoniste et joue aussi des claviers . Pour ma part , je suis bassiste et guitariste et j ’ ai pu me retrouver à faire du piano ou du ukulélé ! », continue Patrick .

Un album arc-en-ciel donc , qui pose un pied dans l ’ instrumentalisme des premiers jours pour y puiser sa source et qui s ’ arc-boute sur des morceaux électroniques et des effets créés en studio . « Lorsque les enregistrements passés entre Los Angeles et Marseille se sont terminés , nous avons fait appel à des musiciens avec lesquels nous avions déjà jammé et qui étaient susceptibles de faire avancer le projet dans la même direction

sur scène », nous confie encore Patrick . C ’ est ainsi qu ’ Aurélie Agullo à la batterie , et Christophe Isselée à la guitare rejoignent l ’ aventure PinkNoColor , en ajoutant leurs propres couleurs dans l ’ univers pigmenté du groupe .
« La musique creuse le ciel »

O

« n n ’ a pas la prétention d ’ envoyer un message , nous voulons surtout partager nos ressentis , notre façon de voir les choses sur des thématiques générales : l ’ amour , le désespoir , le mysticisme , la société , le monde dans lequel nous vivons . » À mi-chemin entre Shaka Ponk et Talking Heads , débris de beats et rythmes saccadés , les morceaux sont écrits en anglais : « D ’ origine allemande , ayant vécu à New York , Uli rédige la plupart des textes . Il était naturel pour nous d ’ écrire et chanter en anglais . Nous sommes aussi énormément inspirés par la musique anglosaxonne . Bien sûr on aime aussi Bashung ou Gainsbourg ! » Langue universelle , l ’ anglais semble filtrer ce melting-pot des genres et des sons qui s ’ abattent comme un cataclysme sur nos sens . « Pour l ’ anecdote , on s ’ est un jour retrouvés en studio à regarder les vidéos d ’ une météorite tombée en Russie . Toutes ces images rapportées par des gens qui les filmaient depuis leur voiture , semblaient irréelles et cataclysmiques . Ça nous a donné le fil de l ’ album . » On ne le dit pas assez , les idées tombent du ciel . Avec elles , la musique .
Février / Mars 2018 _ TM n ° 48 8
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