ToutMa ToutMa n°47 - Novembre / Décembre 2017 | Page 54
tous azimuts
HISTOIRE
TEXTE _Jacques LUCCHESI
Et Marseille
eut enfin son métro !
Il y a exactement quarante ans,
Marseille entrait enfin dans l’ère du métro.
Un anniversaire qui méritait bien un petit rappel
des différentes étapes de sa construction.
Introduction
L
e 26 novembre 1977 Gaston Defferre, alors maire de Marseille, inaugurait devant un
bataillon de photographes et de journalistes la première ligne de métro de Marseille.
Ou plutôt son premier tronçon qui allait de Saint-Charles à La Rose. Huit petites stations
qui allaient rapidement être complétées par quatre autres, jusqu’à Castellane. En fait,
les travaux étaient terminés depuis février et des journées « portes ouvertes » avaient
déjà permis à quelques 70 000 Marseillais de se familiariser avec ce nouveau moyen de
transport collectif entre Malpassé et La Rose. Mais pourquoi une ville de la taille de
Marseille a-t-elle dû attendre la fin des années 1970 pour avoir son métro ? La réponse est
dans les lignes qui suivent.
Castellane. Un projet que la guerre et les années d’occupation se chargeront de remiser
dans les tiroirs. On le ressort au lendemain de la Libération, mais il y a alors d’autres
priorités en matière de construction. Et puis on commence à démanteler l’ancien réseau
de tramways…
L’essor des années 1960
L
es années 1960, à Marseille, se caractérisent par une formidable fièvre bâtisseuse.
Non seulement de nouveaux groupes d’immeubles mais aussi des infrastructures
urbaines (le tunnel routier du Vieux-Port, les plages du Prado et la corniche Kennedy)
transforment la physionomie de la ville. Du coup, on reparle du métro pour désengorger,
pense-t-on déjà, Marseille de son excédent de voitures. Le projet d’une ligne de 7,4 km
allant des Chartreux au Rond-Point du Prado est étudié par la RATM dès 1964. Il obtient
l’aval de la municipalité et, deux ans plus tard, une nouvelle étude confirme la possibilité
technique d’un réseau de deux lignes (soit 26 stations sur 25 km). Le projet est confié à
la Société mixte communale d’aménagement et d’équipement (SOMICA). Tandis que la
Société française d’études et de réalisation de transports urbains (SOFRETU) s’occupe
parallèlement de réorganiser le vieux réseau d’autobus. La ligne 1, dite « bleue », reliera
La Rose à La Blancarde et la ligne 2, dite « rouge », ira de la gare d’Arenc à Mazargues.
La maîtrise de l’ouvrage sera confiée à la Société d’économie mixte de Marseille (créée
en 1970). Tout est en place mais l’État, pourtant, tarde à s’engager financièrement. C’est
par concours que le projet du métro va se préciser en 1971. Le marché du génie civil
va revenir à la société de BTP Quillery-Saint-Maur. Un autre groupement d’entreprises
s’occupera de fournir le matériel roulant. En 1973, l’État débloque enfin une subvention
de 210 millions de francs. Elle ne couvre que 27 % du coût global, estimé à 760 millions
de francs mais permet néanmoins aux travaux de démarrer courant août.
le métro actuel à la mode des années 70
Le dernier sprint
La primauté du tramway
D
ès lors tout va aller très vite. On fore des puits d’accès pour creuser ensuite des
galeries qui constitueront les tunnels. Tandis qu’en surface on construit des sections
en viaduc près de La Rose. Les premières rames sont livrées en 1976 et moins d’un an
plus tard tout est quasiment achevé. Du moins pour la ligne 1, car la ligne 2 est encore
à l’étude. D’un coût estimé à 1,65 milliard de francs, son tracé définitif est avalisé en
1978. L’État y participera à hauteur de 30 %, mais par versements successifs. Les travaux
débutent en 1980. Les techniques sont identiques à celles de la ligne 1. Un premier
tronçon est terminé en 1983 puis inauguré en mars 1984 : il relie La Joliette à Castellane.
En 1982 commencent les travaux sur les sections nord (Bougainville / Saint-Charles) et
sud (Castellane / Dromel). La première est inaugurée en février 1986 et la seconde un
an plus tard. À ces principaux axes d’autres stations vont venir s’ajouter progressivement.
En 1992, la ligne 1 s’enrichit de deux stations supplémentaires : Baille et La Timone. En
2010, elle est prolongée sur 2,5 km, de La Timone à La Fourragère, avec trois nouvelles
stations intermédiaires (La Blancarde, Louis-Armand, Saint-Barnabé). Dans les prochaines
années, deux autres stations, à Saint-Loup et Saint-Marcel, devraient prolonger la ligne
2. Quant à la ligne 1, elle devrait s’étendre jusqu’à la technopole de Château-Gombert.
U
n métro à Marseille, on y pensait depuis le début du XX ème siècle. Paris avait eu le
sien avec les Jeux olympiques de 1900, alors pourquoi pas nous ? Sauf que ce n’était
pas une mince affaire de construire, dans un sol aussi argileux que le nôtre, un réseau
de galeries souterraines et de rails électrifiés. Les premiers projets furent balayés