ToutMa ToutMa n°45 - Juin - Juillet - Août 2017 | Page 10
people
VOS STARS
ENTRETIEN _Linda MESTAOUI
Clara
LUCIANI
pasionaria des sentiments
Monstre d’amour, petite lumière… Non sans rappeler Bar-
bara, cette grande fille brune à la beauté mélancolique
chante avec une voix inédite. À 24 ans, Clara Luciani écrit
comme un poète maudit, des petits textes percutants qui
résonnent dans le cœur de ceux qui savent ce qu’aimer
passionnément veut dire.
TM : Monstre d’Amour… pourquoi ce titre ?
CL : C’est en référence à l’amour passionnel qui nous dé-
forme et qui, en nous rendant fous, possessifs, jaloux, nous
transforme en une sorte de monstre dans lequel on peine
à se reconnaître.
TM : Quelles sont tes influences musicales ?
CL : Je peux aussi bien écouter les Sex Pistols que Na-
jat al Saghira, Michel Legrand, Arcade Fire ou les
Black Angels.
TM : Tu es en duo avec Nekfeu sur le titre Avant tu
riais de son dernier album Ciborg, comment s’est fait la
connexion ?
CL : Je crois que c’est Sacha du groupe La Femme qui a
donné mon numéro à Ken. Il m’a contacté par sms et j’ai
trouvé ça aussi étonnant qu’excitant. C’est hyper élégant
de sa part de faire appel à une inconnue qui, en plus, vient
d’un milieu musical très éloigné du rap.
TM : Tu aimes écrire, dessiner, mélanger les arts…
CL : Etant assez sensible, l’art m’a sauvé de beaucoup de
tourments. C’est une vraie thérapie de pouvoir chanter,
écrire et dessiner. J’ai toujours été très touche-à-tout sans
jamais être « technicienne » en quoi que ce soit. J’adore-
rais mener des projets dans lesquels j’utiliserais toutes ces
formes d’art. J’admire Patti Smith qui a su briller autant
par ses chansons que par ses photos et ses livres.
TM : L’accueil de ton disque par le public ?
CL : L’accueil est bon ! Je reçois des petits mots, des pho-
tos, des dessins, je me sens très encouragée par les gens sur
internet et rien ne peut me faire plus plaisir !
TM : Ton écriture est assez poétique, tant dans la forme
que dans le fond. Quel est ton rapport à l’écriture ?
Eté 2017 _TM n°45
E.P. Monstre d'Amour
CL : Quand j’étais plus jeune, je rêvais d’être écrivain et
puis finalement je me suis vite rendu compte que je n’avais
ni le talent ni la rigueur nécessaire ! Mais j’ai gardé le goût
des mots, je les considère autant pour leur signification que
pour leur sonorité. Il m’arrive de noter ceux que je trouve
beaux pour les utiliser dans mes chansons. J’adore lire et
quand je pars en tournée, j’ai toujours plein de livres dans
ma valise.
TM : J’aimerais te faire réagir sur tes paroles que je trouve
très belles : « J’ai le cœur qui s’égare (s’écœure) en attendant
que toi (de n’attendre que toi), qui me ressemble tant qui ne me
comprend pas »…
CL : C’est une référence à un poème très mélancolique de
Verlaine que j’adore : Il pleure dans mon cœur…
TM : Et le texte À crever est très beau aussi ! « Je redeviens une
enfant assassinée par les grands »…
CL : Quand nous sommes accablés par de grandes tris-
tesses, on redevient un peu un enfant, on pleure souvent et
sans raison, on voudrait que notre mère s’occupe de nous
et on se sent très vulnérable.
TM : Ta vision de l’amour ?
CL : Une vision complètement enfantine et assez proche
de celle de Platon dans Le Banquet, comme si nous étions
tous des demi-cercles à la recherche d’un autre demi-cercle
pour nous compléter parfaitement. Je suis une amoureuse
absolue. Je fais toujours les choses à cent pour cent dans la
vie ou alors je ne les fais pas.
TM : Est-ce que la rupture amoureuse qui a engendré ces
textes, a changé ta perception de l’amour ?
CL : Juste ce qu’il fallait pour me protéger ! Ma musique
occupe désormais une place très importante, ce qui me
permet de ne pas mettre l’amour trop au centre de ma vie
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bien qu’il reste un des moteurs principaux.
TM : Comment t’adaptes-tu à la vie parisienne ?
CL : J’adore Paris, je m’y sens toujours aussi touriste qu’au
premier jour. Je m’émerveille encore des façades hauss-
manniennes !
TM : Comment définirais-tu ta musique ?
CL : C’est toujours difficile de fixer une étiquette sur ce
qu’on fait mais je dirais que c’est un mélange de chanson
parce que j’accorde beaucoup d’importance à mes paroles,
et de rock dans le sens où ma musique est quand même
sombre et rugueuse.
TM : Et enfin le lien
avec ta guitare ?
CL : Indestructible !
Surtout depuis que
nous avons sillonné
la France juste elle
et moi, seules sur
scène en ouverture des
concerts de Benjamin
Biolay !
Foie gras aux algues
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TM : C’est ici que tu t’es posée pour écr