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Au port de Vénasque, des Espagnols allant travailler en France.
Des enfants se préparant à l’exil d’Espagne entre 1936 et 1939,
levant le poing en signe d’attachement aux Républicains.
Espagnols marseillais pour la cause républicaine diminue
avec les premiers revers qu’elle essuie. Et la demande
d’aide que leur lance le parti communiste espagnol en
1938 n’aura qu’un faible retentissement. La chute de
la République espagnole en 1939 entraîne un exode
massif vers la France, surtout dans les départements
limitrophes comme l’Ariège et le Tarn. Mais Marseille,
aussi, accueillera son lot de réfugiés (avec les solutions
d’urgence qui s’imposent), sans que ces nouveaux
arrivants modifient sensiblement les contours de cette
communauté déjà importante. Beaucoup seront affectés
à des travaux agricoles, d’autres s’engageront dans la
Légion étrangère ou entreront, avec l’Occupation, dans
la clandestinité. Mais il ne sera plus question de revenir
en Espagne, sa frontière avec la France étant fermée
jusqu’en 1948.
C
communauté italienne (127 717 individus). Tels sont
les bénéfices du regroupement familial et de leur
progressive francisation. Cependant, l’Espagne se
rappelle à eux dès 1934, avec les prémices de la guerre
civile dans les Asturies. Faut-il rester ou répondre à
l’appel des armes ? Ce dilemme va s’accroître, deux
ans plus tard, avec l’offensive des troupes nationalistes.
Soutenus par le parti communiste local, des comités
de soutien aux Républicains espagnols s’organisent à
Marseille, lieu de passage du matériel et des hommes vers
l’Espagne. Dans le même temps un réseau franquiste se
forme à Marseille - à l’instar du réseau fasciste italien -
pour faire son travail de sape. L’enthousiasme des
Avril / Mai 2017 _TM n°44
NOTRE VILLE
Une famille algérienne à Marseille en 1956.
Les tribulations algériennes
Les Espagnols dans la Résistance en Pays d’Arles.
histoire
omme les Espagnols, les premiers contingents de
travailleurs algériens - pour la plupart des Kabyles -
arrivent à Marseille au début du XX ème siècle. Quoique
de nationalité française, ils vont être solidement encadrés
et beaucoup n’auront de cesse que de retourner en
Algérie. Si leur nombre est peu élevé durant l’entre-
deux-guerres, il va s’accroître progressivement après
la Libération (où beaucoup prendront une part active
dans les rangs de l’armée française). A cette époque, ils
sont encore considérés comme des indigènes français et
doivent des comptes aux autorités lorsqu’ils viennent en
France chercher des conditions de vie meilleures qu’en
Algérie. Et s’ils se dispersent dans le pays tout entier,
tous arrivent par Marseille. En 1950, ils sont 15 000
- principalement des hommes - dans le département
des Bouches-du-Rhône et, parmi eux, 11 000 ont un
emploi régulier. Néanmoins, beaucoup ne trouvent à se
loger que dans des meublés sordides et des bidonvilles.
Plus tard viendra le temps des foyers comme ceux de
la SO.NA.CO.TRA (Société Nationale de Construction
de logement de Travailleurs). Si la Guerre d’Algérie
met un frein à l’émigration en 1956, le regroupement
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A l’Estaque, des rues insalubres pour les immigrés.
familial qui s’amorce porte leur nombre à 24 000 en
1959. La politisation de cette population est assez faible,
on y trouve peu d’extrémistes malgré la propagande
du FLN qui cible les travailleurs algériens à Marseille.
Il y aura pourtant de nombreuses arrestations, surtout
après les attentats de l’été 1958 contre des installations
industrielles. La paix revenue, beaucoup de familles
algériennes iront habiter dans ces cités d’HLM des
quartiers nord construites à la hâte pour accueillir les
« pieds-noirs » rentrés d’Algérie : une cohabitation pas
toujours facile. Les années 70 vont être marquées par
une recrudescence d’agressions (« râtonnades ») contre
des Algériens - ils sont 35 000 à Marseille en 1975. Ces
tensions racistes s’apaiseront avec l’arrivée de la Gauche
au pouvoir, dans les années 80 ; mais l’intégration se
heurtera à l’écueil d’un chômage devenu endémique.
Le bras de fer contre l’État algérien engagé, dans les
années 90, par des organisations islamistes (comme le
GIA, Groupe Islamique Armé), poussera de nombreux
Algériens à chercher refuge en France. Aujourd’hui, ce
sont d’autres tensions qui agitent les franco-algériens,
de loin la plus importante communauté maghrébine de
Marseille (au moins 200 000 sur une population globale
de 800 000 habitants). Très présents dans le centre-ville,
c’est dans le commerce que beaucoup cherchent une
promotion sociale longtemps refusée…
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