agenda
L’EXPO
ENTRETIEN _Céline BOUCHARD
Les « Murs-Murs »
de Jérôme Revon
Du service des sports de Canal + à la réalisation d’émissions variées
(7/7, Zone Interdite, Envoyé Spécial, Star Academy, entre autres) en passant
par la mise en images de rencontres au sommet de grands chefs d’États
et la couverture de cérémonies officielles (Jeux Olympiques, Victoires de la
Musique, cérémonies des César, les Molières, entre autres aussi !) Jérôme
Revon est partout. Jérôme Revon est un grand nom de la télévision. Et un
grand photographe, aussi. Entretien.
ToutMa : Vous êtes un passionné d’images, votre parcours professionnel est hallucinant. Rien ne paraît vous effrayer ou ne vous semble
inaccessible. Quelles sont parmi toutes ces grandes réalisations, celles
qui vous ont marqué le plus ?
Jérôme Revon : Un gros direct reste toujours un moment fort, c’est
lourd, il faut être très à l’écoute. Parfois je dois gérer plus de 15/20
caméras et la pression des équipes que ce soit de la politique ou des
artistes, mais c’est vrai que les débats présidentiels ou le 70ème anniversaire du débarquement sont des moments assez inoubliables. En
Normandie, les plus grands chefs d’États étaient présents et le faceà-face purement visuel entre Barak Obama et Vladimir Poutine
a marqué les esprits !
TM : Splits, un regard sur la ville, votre œuvre photographique, est-elle
toujours d’actualité ? Ce que vous produisez aujourd’hui s’inscrit-il
dans cette continuité ?
JR : Aujourd’hui je présente Murs-Murs à Marseille qui est la suite de
cette balade dans les villes, essentiellement Manhattan tellement inspirante ! Je m’intéresse beaucoup à l’urbanisme et à l’architecture.
Je photographie aussi bien des constructions d’architectes comme
Frank Gehry, Norman Foster ou Jean Nouvel que du Street Art
très présent à New York. J’aime ce contraste. Et c’est vrai que la technique des Splits (découper et assembler mes photos) est dans la droite
ligne de mon métier de réalisateur et me permet aussi de mixer tous
les visages de la ville.
TM : L’exposition Murs-Murs va être installée dans la Galerie d’Art
Contemporain David Pluskwa ? Aura-t-elle d’autres destinations ?
JR : Sur cette exposition, il y a beaucoup de photos de Street Art.
Notamment du sud de Manhattan, Bushwick à Brooklyn qui est un
coin qui foisonne de créations. Le plus souvent très éphémères. C’est
une façon de leur donner une seconde vie plus pérenne. Des murs du
Lower East Side à ceux de Marseille, c’est un beau voyage, non ?
des Coupes d’Europe. J’y ai de grands
amis et surtout c’est en face de chez
moi, la Corse...
TM : Pensiez-vous, plus jeune,
que vous viendriez un jour à
l’art ? Quel a été votre cheminement pour aboutir à ces productions artistiques ?
JR : J’ai bien failli être photographe
avant de me lancer en télé. C’était
vraiment ma passion. Ensuite tout s’est enchaîné
très vite avec la naissance de Canal + et j’ai beaucoup travaillé laissant un peu tomber la photo. C’est
revenu il y a quelques années au retour d’un voyage
aux États-Unis. J’ai toujours découpé mes images
en bandes pour en réaliser de nouvelles. Quant à
exposer et montrer mon travail, ça s’est fait doucement car le monde de l’art est un autre milieu. Les
passerelles ne sont pas forcément naturelles même
si l’on est reconnu dans sa profession. Il y a eu des
rencontres et puis des commandes importantes et
c’est parti comme ça. C’est une grande satisfaction
pour moi presqu’aussi grisante qu’un direct ! La
prise de risque n’est pas neutre !
TM : Avez-vous déjà réalisé une émission, un documentaire, un reportage à ou sur Marseille ?
TM : Comment définissez-vous votre style ? Street
Art, Pop Art ? À quel courant vous sentez-vous
appartenir ?
JR : Alors Marseille, c’est une grande histoire pour moi ! Très liée
au foot bien sûr ! J’ai bien dû y filmer une centaine de matchs dont
JR : Je suis seulement photographe. Je photographie du Street Art et de l’art urbain. J’aime mettre
Automne 2015 _TM n°37
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en image des photos et les assembler, en splits, en
mosaïques… Les techniques modernes d’impression et de traitement des photos permettent des
productions de grande qualité très intéressantes
à travailler. À titre personnel, j’aime beaucoup le
Pop Art effectivement et je suis de près le travail
d’artistes comme JonOne ou JR qui en plus d’être
très créatifs, ont des projets engagés.
TM : L’art prendra-t-il le pas sur le reste un jour ?
Quelles satisfactions tirez-vous du succès de l’œuvre ?
Le statut d’artiste contemporain vous semble-t-il
adapté à votre personnalité ?
JR : J’ai une démarche parallèle car j’ai beaucoup
de projets professionnels. Tout cela flirte de près
avec l’image, la lumière, les volumes, les axes qui
sont vraiment mes centres d’intérêt. Se dévoiler à
travers une exposition est certainement plus personnel que ce que je peux donner en télé et c’est
très gratifiant.
« MURS-MURS »
du 13 novembre
au 5 décembre
GALERIE
DAVID PLUSKWA
53 rue Grignan, Marseille 6ème
_06 72 50 57 31
du mardi au samedi
de 14h30 à 19h
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