Tennis-mag #114 - MAI 2019 Tennis_Mag #114-numerique | Page 55

Tennis Québec/James Hajjar LA CHRONIQUE DE JAMES HYNDMAN VOUS ÊTES TÉMOIN D’UNE SITUATION IMPLIQUANT UNE PERSONNE MINEURE? VOUS NE SAVEZ PAS S’IL S’AGIT D’UN MOTIF NÉCESSITANT UN SIGNALEMENT OU NON? N’HÉSITEZ PAS À COMMUNIQUER AVEC SPORT’AIDE AU 1-833-211-AIDE (2433) OU DIRECTEMENT AUPRÈS DE LA DPJ DE VOTRE RÉGION. VOTRE APPEL SERA TRAITÉ DE FAÇON CONFIDENTIELLE ET ANONYME. LES ENFANTS AUSSI Je suis père d’un garçon de quatre ans et demi. Un fils longtemps attendu, venu « sur le tard », comme on dit. Devenir père à un âge plus avancé, c’est accep- ter qu’on n’accompagnera pas son enfant dans sa vie d’adulte aussi longtemps qu’on l’aurait fait si on l’avait eu plus jeune. C’est devoir composer avec le temps. Avoir un enfant plus tardivement, c’est aussi mieux disposer de son temps pour être présent, pour l’accompagner au quotidien. Comme pour la plupart des parents, mon fils est au cœur de ma vie, il en est un poumon, une artère, le sang comme le sel. Comme pour la plupart des parents, je veille sur lui du mieux que je peux, cherchant à le connaître, à comprendre ses besoins, sa nature, ses humeurs, ses peurs, ses envies. Cent fois sur le métier je remets mon ouvrage, ainsi que le font la plupart des parents. Un enfant change si vite, il n’arrête pas de grandir, et l’on est sans cesse renvoyé à soi, à son rôle de père, de mère : comment s’y prendre, comment l’encourager, l’éduquer, car ce qui hier encore était à propos l’est déjà moins, voire plus du tout. La conscience de la responsabilité qui m’incombe ne me quitte pas : je suis responsable de sa sécurité, de son bien-être, des promesses qu’il porte en lui. Une responsabilité qui est aussi un privilège : je suis son gardien, son guide. Comme la plupart des parents, je m’efforce de me montrer digne de son amour et de sa confiance. C’est une responsabilité sacrée. Le mot est passé de mode, mais je n’en vois pas d’autres. Quand je suis témoin d’enfants – de cinq ans, de sept ans, de huit ou onze ans – que leurs parents maltraitent, je pense à mon fils, et je souffre pour eux et avec eux même si, LA CONSCIENCE DE LA RESPONSABILITÉ QUI M’INCOMBE NE ME QUITTE PAS : JE SUIS RESPONSABLE DE SA SÉCURITÉ, DE SON BIEN-ÊTRE, DES PROMESSES QU’IL PORTE EN LUI. UNE RESPONSABILITÉ QUI EST AUSSI UN PRIVILÈGE : JE SUIS SON GARDIEN, SON GUIDE. à première vue, ils ne semblent pas toujours en pâtir. Comment pourraient-ils le laisser voir? Ce sont ceux-là mêmes qui leur sont le plus chers et dont ils ont le plus besoin qui leur font violence. Un enfant peut difficilement concevoir que son papa ou sa maman se trompe, qu’il ou elle agit mal, qu’il ou elle ne pense pas à lui, l’enfant, mais à autre chose, aux rêves qu’ils ont pour lui, à leurs propres rêves brisés, aux revanches à prendre sur l’existence, que sais-je encore. Les enfants veulent d’abord faire plaisir à leurs parents. Cela s’appelle être un enfant. Quand je vois ces enfants innocents malmenés, quand j’entends la violence verbale et psychologique de parents qui se font menaçants et intimidants parce que leur enfant traîne la patte sur le court ou qu’il ne frappe pas la balle comme ils le voudraient, quand je vois des enfants qu’on surentraîne – dix, quinze, vingt heures par semaine – sans égard pour leur santé ou leur âge, quand je vois l’acharnement et l’entêtement de parents qui refusent d’entendre les avertissements qu’on leur sert, qui persistent à faire la sourde oreille, je vois rouge, et je me sens désemparé et impuissant. On le sait, il s’agit d’un fléau commun à tous les sports, toutes fédérations sportives confondues. Nous avons tous été témoins d’un incident, tous eu écho de comportements déplorables, d’épisodes affligeants qui font un tort considérable aux enfants. Au hockey ou au soccer, par exemple, où la fureur des parents se déchaîne au >> (La suite en page REVERS 41) TENNIS-MAG Nº 114 MAI 2019 - PAR TENNIS QUÉBEC REVERS 11