Tennis-mag #113 - Décembre 2018 Tennis-mag #113 | Page 55
pour offrir le meilleur niveau de tennis au pays.
Bien sûr, ce palmarès rend très fier le principal
intéressé. Toutefois, son expérience sportive se
résume à bien plus : « C’est plus qu’aller jouer
au tennis. Tu te trouves une famille, carrément. »
LE PENDANT
Justement, l’importance de cette deuxième
famille prendra tout son sens en février 2011.
Jacques en est alors à sa dernière session d’études.
Rapidement, trois symptômes principaux rendront
la vie de Sébastien plus difficile que jamais. « Je
me réveillais le matin et je me couchais le soir
avec une pression à la tête. Je sentais que mon
cerveau allait exploser. Me tenir debout pendant
10 minutes était difficile. » S’en suivra alors une
série de tests médicaux. Conclusion : rien n’a été
trouvé. Malgré tout, Jacques a refusé de baisser
les bras : « Je savais à 100 % que je pouvais au
moins survivre à la journée. Je suis donc resté
positif. Je me suis entouré des gens que j’aimais
et qui me faisaient rire. Je me rendais dans mon
lit le soir. Je me couchais. J’effaçais la cassette et
je recommençais le lendemain. »
Cette façon de procéder, Jacques l’a appliquée
pendant les quatre années suivantes. Ce n’est qu’à
la toute fin de 2014 que celui-ci verra enfin une
petite lueur d’espoir. En effet, on découvre que
des neurochirurgiens de la Californie opèrent des
gens avec les mêmes symptômes que ceux que
le jeune homme de 26 ans présente. La cause de
tous ses problèmes : une tumeur qui se trouve au
centre de son cerveau. Une incroyable nouvelle,
accompagnée d’un bémol non négligeable :
l’opération pour retirer ce kyste coûte la rondelette
somme de 80 000 $ US! « Évidemment, c’était
une autre montagne à surmonter. Sauf que je
m’étais battu pendant quatre ans. Je n’avais
plus le choix… »
Le 13 janvier 2015, Jaques fait une sortie dans les
médias afin de demander l’aide de la population
dans le cadre d’une campagne de financement.
« Un mois plus tard, j’étais sur la table d’opération
en Californie. En tout, 112 000 $ ont été amassés
en trois semaines. « Tout ça a été rendu possible
grâce à la communauté tennistique. Les gens
ont pu voir à quel point c’est un milieu qui est
tissé serré. Oui, j’ai gagné des trophées, mais plus
important encore, le tennis m’a sauvé la vie. »
L’APRÈS
Rapidement remis sur pieds, Jacques entreprend
un projet d’envergure le 1 er avril 2017. Rien de
moins qu’une marche de 5 500 kilomètres qui le
mènera de Saint-Paul-d’Abbotsford au Québec à
Santa Monica en Californie. Son objectif : marcher
40 kilomètres par jour! Son but : démontrer qu’il
est possible de surmonter des épreuves difficiles
et d'accomplir de grandes choses par la suite. « Je
ne pensais pas à long terme. C’est ça qui m’a fait
réussir la marche. Les journalistes me demandaient
à quelle distance j’étais rendu. Je ne le savais pas
et je ne voulais pas le savoir. Je disais "Je marche
40 kilomètres aujourd’hui et that’s it ". J’y allais petit
peu par petit peu. C’était la même chose lorsque
j’avais mes problèmes de santé. » Ce sera mission
IS ET QUI
A
M
I
A
’
J
E
U
ES GENS Q
D
É
ON LIT
R
U
M
O
S
T
N
N
A
E
D
S
I
S
I
DA
JE ME SU
E ME REN
J
.
E
ASSETTE
R
I
C
R
A
T
L
N
S
E
I
I
A
A
AÇ
ME FAIS
AIS. J’EFF
H
C
U
O
C
E
E M
IN.
LE SOIR. J
LENDEMA
E
L
S
I
A
Ç
OMMEN
ET JE REC
Monument Valley : l'endroit
mythique où Forrest Gump
avait terminé sa course.
accomplie pour Jacques, qui profitera de sa visite
sur la côte Ouest pour remercier les chirurgiens
qui l’ont opéré. Le périple du Québécois prendra
officiellement fin le 30 septembre 2017 dans son
patelin à Magog où il était attendu par plusieurs
centaines de personnes.
LE PRÉSENT
« Les gens me demandent souvent comment je
vais aujourd’hui. Et bien, s’il y a une façon de mon-
trer que je suis correct, c’est bien d’avoir marché
5 500 kilomètres! » Preuve qu’il est maintenant
en pleine forme, Jacques passait, au moment
d’écrire ces lignes, 40 heures par semaine sur
les terrains de tennis à enseigner sa passion au
Mont Royal Tennis Club, à Montréal. L’expérience
de Sébastien Jacques lui a aussi ouvert la porte
à de nouvelles opportunités. En effet, il offre ses
services en tant que consultant en développement
et performance. Le 28 octobre dernier, il publiait
également un livre racontant son histoire et son
périple. Finalement, il présente aussi une confé-
rence intitulée « Une journée à la fois ». Un titre
qui s’explique facilement lorsque l’on observe de
plus près le parcours de l’homme de 30 ans…
« Il n’y a pas une personne qui ne surmonte pas
d’obstacles ou de moments difficiles dans sa vie.
Évidemment, des problèmes de santé comme ceux
que j’ai eus, je ne souhaite ça à personne. Mais
si tu n’as pas eu de doutes, de peurs ou de défis
au travail, dans tes buts ou tes objectifs, et bien
tu ne vises pas assez haut. Oui, tu vas te planter,
mais tu vas apprendre et tu vas en sortir grandi.
Ça a été mon cas. Je n’ai pas eu le choix quand
c’est arrivé. J’ai fait avec et je m’en suis sorti. »
Tennis-mag nº 113 - Décembre 2018 - Par Tennis Québec
55