Tennis-mag #113 - Décembre 2018 Tennis-mag #113 | Page 38
C’est avec fierté que Samuel Monette se rappelle
ses victoires, acquises en septembre 2017, au
tournoi Futures de Niagara Falls. Des victoires en
simple et en double dont l’athlète se souviendra
toute sa vie. « Le lendemain matin, j’ai fait six
heures d’auto avec le poing en l’air. Le buzz a été
hallucinant, ça a été l’un des plus beaux moments
de ma vie. Je me suis rendu compte à ce moment
précis que j’obtenais enfin un résultat concret
après tous les efforts que j’avais faits au cours de
ma vie. » Heureusement, des moments heureux
surviennent dans la vie d’un athlète professionnel.
Il y a toutefois l’envers de la médaille. Celui un
peu plus sombre qui amène son lot de moments
plus difficiles… en mai dernier n’hésitait pas à voyager à bord
de sa petite Volkswagen Golf avec quatre autres
joueurs, tous dans la même situation. « Lors de ma
tournée de novembre et décembre derniers, on a
fait 10 000 kilomètres. Cinq gars avec cinq sacs de
tennis, et cinq sacs de voyage. Il y avait du stock
partout. Tout ça, pour sauver le billet d’avion! »
Voilà que l’on se retrouve, un peu plus d’un an et
demi plus tard afin de discuter avec Samuel de
son parcours universitaire à l’Université d’Indiana.
C’est à ce moment que la nouvelle tombe : « Je
prends ma retraite. » « Dans le sport professionnel, tout le monde est
pété de partout, tout le temps. C’est ça le sport. Il
faut trouver une manière de dealer avec ça. Mais
là, c’était rendu impossible. Ça marchait plus
en-haut et en-bas. Ça m’a pris énormément de
temps pour prendre ma décision et ça me fait
énormément de peine. Le plus dur pour moi,
c’est de ne pas accomplir mon rêve d’être un
joueur de tennis professionnel. »
UNE DÉCISION MÛREMENT RÉFLÉCHIE
« Le buzz n’était plus là. C’était un signe. La décision
ne s’est pas prise spontanément et impulsivement.
Ça a été un long processus. » Certains facteurs
sont entrés en ligne de compte lorsqu’est venu
le temps d’accrocher la raquette. Le premier : les
blessures. « J’ai une tendinite à chaque genou.
Ça me donne un peu le syndrome du "vieux
bonhomme". Tout ce qui a rapport avec les dépla-
cements, les flexions, ça fait un mal incroyable. »
La deuxième raison : les coûts. Celui qui a débuté
sa carrière professionnelle en 2017 ne passe pas
par quatre chemins en qualifiant ceux-ci « d’ab-
surdes », et ce, même si son équipe se limitait à
un entraîneur et à un préparateur physique qui,
de surcroît, n’accompagnaient pas Monette lors
des tournois. « Une saison va coûter environ
60 000 $, affirme-t-il. Et là, tu voyages serré. » C’est
pourquoi celui qui a atteint le 424 e rang mondial
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La troisième raison : l’anxiété vécue par le
Québécois. « Ça a commencé sur la route. Par
exemple, lorsque j’étais dans une séquence un
peu plus difficile. Ça coûtait cher, j’avais mal aux
genoux, j’étais loin de chez nous. C’est là que je
commençais à être de moins en moins bien. »
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SE RENDRE À L’ÉVIDENCE
Heureusement, la vie ne s’arrête pas là pour
Monette qui, à 24 ans, a déjà entamé un emploi
de courtier. Les chiffres et la finance l’intéressent
beaucoup. C’est pourquoi ce dernier a comme
projet de revenir sur les bancs d’école afin de
faire un MBA ou un certificat dans ce domaine.
Pour ce qui est de revenir sur un terrain de tennis,
ce n’est pas pour tout de suite. « Pas pour l’instant,
ça me fait trop de peine. Ça me fait penser à trop
d’expériences. C’est comme lorsque ta blonde te
laisse. Je n’en aurais pas une autre la semaine
prochaine. Je vais closer mon deal avec mon ex
et après je verrais. J’ai besoin de quelque chose
de nouveau. Mais pour le moment, je me lève,
et je suis heureux. C’est ça le plus important. »
Tennis-mag nº 113 - Décembre 2018 - Par Tennis Québec
VOILÀ QUE L’ON SE RETROUVE, UN PEU
PLUS D’UN AN ET DEMI PLUS TARD
AFIN DE DISCUTER AVEC SAMUEL
DE SON PARCOURS UNIVERSITAIRE À
L’UNIVERSITÉ D’INDIANA. C’EST À CE
MOMENT QUE LA NOUVELLE TOMBE :
« JE PRENDS MA RETRAITE. »