Tennis-mag #113 - Décembre 2018 Tennis-mag #113 | Page 12

TENNIS-MAG DANIEL NESTOR la fin d'un grand chapitre PAR FRANCIS PAGÉ TOUT ÉTAIT EN PLACE POUR UNE CONCLUSION DES PLUS MÉMORABLES. À 46 ANS, LE CANADIEN METTAIT UN TERME À UNE CARRIÈRE PROFESSIONNELLE DE PLUS DE 25 ANS SUR LE CIRCUIT. La toile de fond de ce dernier tour de piste? Un duel de qualification pour le Groupe mondial de la Coupe Davis, disputé à la maison, à Toronto. Pour l’occasion, Nestor et l’équipe canadienne, composée de Milos Raonic, Denis Shapovalov, Vasek Pospisil et du petit nouveau, Félix Auger-Aliassime, accueillaient les Pays- Bas. Au programme, un discours du nouveau retraité et surtout, une intronisation au Temple de la renommée du tennis canadien. Un honneur logique pour celui qui a tout accompli sur le plan tennistique. Seul bémol à ce duel remporté 3-1 par l’équipe hôtesse? Une défaite de Nestor et Pospisil lors du match de double, le duo échappant la rencontre face à Matwe Middelkoop et Jean-Julien Rojer en quatre manches de 6-4, 3-6, 4-6 et 4-6. « Ça a définitivement été une fin de semaine très spéciale, a expliqué Nestor dans le cadre d’un entretien avec Tennis-mag. Je n’ai pas été satisfait de la façon dont j’ai performé. J’ai toutefois eu beaucoup de plaisir à jouer chez moi, à Toronto. » Reste que pour le principal intéressé, il s’agissait d’un autre signal : oui, il avait pris la bonne décision. « J’ai eu du mal avec une épaule. Ça a nui à ma préparation. Pour moi, ça montrait simplement que l’heure de la retraite avait bel et bien sonné. Mais au final, j’ai tout donné pour l’emporter! » Il est maintenant temps de passer le flambeau à une relève plus que prometteuse. D’ailleurs, parlant de relève, Auger-Aliassime, sans avoir joué, participait à une première rencontre de la Coupe Davis. Ses coéquipiers, dont Nestor, n’ont pas manqué d’initier l’athlète de 18 ans en le faisant échanger des balles en sous-vêtements. Le vétéran de 53 duels de Coupe Davis était aux premières loges pour apprécier ce spectacle, puisqu’il était de l’autre côté du filet pour retourner les balles du Québécois. Si la scène était définitivement comique, elle ne se comparait en rien avec l’initiation vécue par Nestor à ses débuts avec l’équipe canadienne. « Ça s’est passé assez doucement dans mon cas. J’ai simplement été lancé dans la piscine par l’équipe », se rappelle-t-il. Si l’initiation en soi n’avait rien d’extraordinaire, les débuts sur le terrain de Nestor, eux, l’avaient été. Ce duel de 1992, disputé face à la Suède à Vancouver, avait été le théâtre d’une énorme surprise. La jeune recrue l’avait alors emporté face à nul autre que Stefan Edberg, numéro un mondial! LE PREMIER DE PLUSIEURS FAITS D’ARMES Cette victoire, que personne n’attendait, allait tracer la voie à une carrière brillante et… anormalement longue pour un athlète professionnel. « Si quelqu’un, en 1991 m’avait dit que j’allais arrêter en 2018, je lui aurais dit qu’il était fou! J’ai joué pendant tellement longtemps. Je suis choyé d’avoir eu cette chance. » Chose certaine, le tennis a beaucoup changé au fil des années. Nestor a évidemment été très bien placé pour le constater : « Je dirais que le jeu a ralenti. Les années 90 ont été marquées par un style de jeu très agressif, avec des terrains rapides et des balles plus légères. Ça a changé au tournant des années 2000. Maintenant, les joueurs sont plus athlétiques et jouent davantage depuis la ligne de fond. Ça a changé le visage du jeu. » Si la plupart des jeunes joueurs rêvent de devenir numéro un mondial ou de remporter un tournoi majeur, Nestor lui, n’avait pas de telles aspirations en grandissant. « Je ne pensais pas à ça. Je jouais au tennis parce que je m’y débrouillais bien. J’aimais la compétition. J’étais l’un des meilleurs juniors du pays. Mes amis me conseillaient d’aller étudier aux États-Unis. Je n’étais sûr de rien à ce moment. J’ai alors décidé de tenter ma chance chez les pros. C’est vraiment à ce moment que j’ai commencé à voir les choses d’un point de vue professionnel. À partir de ce moment, j’ai tenté d’être le meilleur possible. » PLACER LA BARRE TRÈS HAUT En donnant le meilleur de lui-même, Nestor aura connu une carrière hors de l’ordinaire. Parmi les événements marquants de celle-ci, sa victoire, en compagnie de Sébastien Lareau, aux Jeux olympiques en 2000, occupe