Tennis-mag #109 - Décembre 2017 Tennis_Mag #109_numerique | Page 40

JEU , MANCHE ET MATCH

JEU , MANCHE ET MATCH

Janvier 1998 , en pleine crise du verglas , une ambiance apocalyptique règne sur la métropole déserte et privée d ’ électricité . Normand Lebeau fait fi des barrages policiers avant de gravir à pied les 25 étages le menant à son nouveau bureau du centre-ville . Objectif : ouverture du bureau de Mandrake à Montréal .
« J ’ aime les défis . J ’ ai été seul employé à Montréal pendant 14 mois avant d ’ embaucher mon premier collaborateur . Aujourd ’ hui , nous sommes sept personnes , dont mon fils Maxime . »
Pour atteindre le statut qu ’ il espérait , cinq personnes ont joué un rôle clé dans sa vie . Leur influence n ’ a pas nécessairement été immédiate , mais elle a inconsciemment agi et contribué à son succès . Il a tenu à les mentionner lors de l ’ entrevue : son ami Bruno Clermont , son compagnon de l ’ équipe de l ’ UWF , Guy Viau , un partenaire d ’ affaires qu ’ il ne veut nommer , son père et Stefan Danis .
PASSION FAMILIALE
Toute la famille Lebeau voue un véritable culte au tennis . Ainé de la famille , Normand voit Johanne et Stéphane suivre ses traces et connaître du succès . Johanne fut Top 10 et Stéphane , aujourd ’ hui décédé , 2 fit partie des 3 ou 4 meilleurs joueurs québécois .
« Nous passions tous nos week-ends au club . On faisait partie des meubles . J ’ ai eu une relation très saine avec mes parents . Ils étaient toujours là , me suivaient , me reconduisaient , m ’ encourageaient . »
« Mon père a toujours joué au tennis , même aujourd ’ hui à 85 ans . Et à 80 ans , ma mère se lève la nuit pour regarder les Internationaux d ’ Australie ! »
Ses deux enfants , Maxime 26 ans et Pamela 24 ans ont fait du sport . « Maxime est un joueur de hockey et de soccer . J ’ aurais aimé que Pam perce au tennis . Elle a joué de 9 à 15 ans et
JE TROUVE QUE C ’ EST UN SUPERBE SPORT . JE VEUX AMENER PLUS DE GENS À LE DÉCOUVRIR . IL N ’ Y A PAS D ’ ÂGE POUR LE PRATIQUER .
40 N º 109 - Décembre 2017 - Par Tennis Québec
aimait ça . J ’ allais jouer , frapper avec elle tous les dimanches . »
Normand Lebeau s ’ est-il inspiré de ses parents pour encadrer ses enfants ? « C ’ était différent puisque j ’ ai atteint un niveau d ’ excellence en sport . Je n ’ en avais jamais assez . J ’ en mangeais du tennis ! Mon père me sortait du court . Il me tirait alors que moi je poussais mes enfants . Je me projetais en eux . Je n ’ étais pas un parent capoté comme on en voit , mais mon gars a lâché à cause de moi . Et bien que Pam ait arrêté en raison des blessures , je n ’ avais pas la bonne attitude avec elle . Je passais mon esprit compétitif à travers eux jusqu ’ à ce que je comprenne qu ’ il fallait les laisser vivre le niveau de compétition qu ’ ils voulaient , que ça vienne d ’ eux . »
« Ils m ’ ont dit à leur façon : ‘’ On va faire du sport à notre manière et non pas à la tienne .’’ Je les respecte énormément pour ça aujourd ’ hui . Je suis fier de leur force de caractère . »
« Ma femme a aussi joué un rôle incroyable de contre-balancier . Comme elle ne fait pas de sport et n ’ a pas grandi là-dedans , elle n ’ en avait rien à cirer du niveau de compétition . ‘’ Ont-ils du plaisir ?’’ Mes enfants le savaient . Quand je poussais trop , leur mère me faisait réaliser ce qu ’ était la vraie game . »
« Lorsque je rencontre un candidat , si je constate dans son CV qu ’ il a excellé en sport , en musique ou dans un autre domaine , je m ’ y attarde , car ça me dit quel type d ’ individu est devant moi . »
UN ATOUT POUR LE DÉVELOPPEMENT DU TENNIS
En écoutant Normand Lebeau parler de l ’ expérience qu ’ il a du tennis , de sa passion et de sa vision en matière de développement , force est d ’ admettre que son implication serait un atout . Il ne cache pas qu ’ il aimerait bien poursuivre l ’ implication de sa famille qui a toujours été proche de la communauté tennistique .
Photo de famille 2010 : Pamela , Norman , Marie-Josée et Maxime
Il a lui-même collaboré à plusieurs activités de financement et a même été membre , au début des années 80 , du comité de vente de billets aux Internationaux Player ’ s . Il a même été couronné meilleur vendeur à deux reprises !
Grand amateur de tennis , depuis les tout débuts du happening montréalais en 1980 , il possède la même paire de billets . Il a ensuite acquis quatre autres billets de loge et réserve un salon corporatif pour quatre séances au cours desquelles , non seulement convie-t-il ses invités à assister aux matchs , mais il leurs présente une conférence pour les imprégner de sa passion pour le tennis . Louis Borfiga , Louis Cayer et Martin Laurendeau ne sont là que quelques orateurs de haut niveau qu ’ il ait présentés à ses convives . Plusieurs de ses 45 invités annuels découvrent le tennis grâce à lui . Et ces derniers en redemandent , vérifiant en juin s ’ ils pourront obtenir des billets pour la classique estivale !
S ’ il s ’ impliquait comme bénévole dans le tennis , son objectif serait de collaborer au développement de l ’ élite , de la relève de demain . « Je trouve que c ’ est assez phénoménal ce que Louis Borfiga et son équipe ont bâti au Canada . »
Selon lui , la création de champions passe par le développement de la base . « Comment faire pour que les gens jouent davantage , pour que le sport prenne encore plus d ’ ampleur ? Je trouve que c ’ est un superbe sport . Je veux amener plus de gens à le découvrir . Il n ’ y a pas d ’ âge pour le pratiquer . »
LE RETOUR AUX SOURCES
Après avoir presque boudé les courts pendant 27 ans , Lebeau fera la paix avec son amour de jeunesse à 48 ans . Il désire sérieusement joindre le circuit vétérans des 50 ans et plus . Son retour actif à la compétition sera interrompu à 53 ans , victime d ’ une sérieuse blessure au genou survenue en ski . Cela ne l ’ empêche pas de
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