Tennis-mag #106 - Avril 2017 Tennis-mag#106 - Avril 2017 | Page 31

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ROSIE ASCH NE JOUE PAS AU TENNIS POUR FAIRE L ’ ÉTALAGE DE SES HABILETÉS ATHLÉTIQUES , NI DE SES MÉDAILLES OU DE SA VITALITÉ . ROSIE JOUE AU TENNIS PARCE QUE , FONCIÈREMENT , ELLE AIME LE TENNIS .
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Rosemarie Schutz est née à Montréal , le 15 novembre 1930 , de parents allemands . Enfant , elle pratique le tennis de façon récréative , sans toutefois suivre de cours . Elle s ’ illustre plutôt en ski alpin , représentant même le Canada aux Jeux olympiques d ’ Oslo , en Norvège , en 1952 . Puis , à 24 ans , elle marie Robert Asch , Bobby pour les intimes , avec qui elle aura quatre enfants . « Mon travail a été d ’ élever mes enfants , affirme-t-elle . C ’ était comme ça dans le temps . »
Un travail qui , on s ’ en doute , l ’ occupe à plein temps . Passent donc 20 ans sans qu ’ elle touche une raquette de tennis . « Je ne pensais même pas à jouer . J ’ élevais mes enfants . Mais quand ils ont atteint un certain âge , Bobby et moi avons recommencé à frapper des balles . Éventuellement , on a pris part aux programmes des clubs de l ’ Île des Sœurs , Rockland , Côtede-Liesse . Puis , je me suis mise à jouer dans la ligue de Tennis féminin interclub de Montréal ( TFIM ). C ’ est à ce moment que je me suis vraiment mise à jouer au tennis . Et à finalement suivre des cours . »
Des cours qui , ajoutés à son passé d ’ athlète et à sa détermination , l ’ amèneront à s ’ améliorer au point où elle participera à ses premiers Championnats du monde de tennis pour vétérans ( individuels et en équipe ) en 1991 . À ce jour , elle n ’ aura manqué que trois éditions de ce rendez-vous annuel , duquel elle est sortie , au total , avec 11 médailles d ’ or autour du cou .
LÂCHER-PRISE
« Tu sais que tu es un modèle pour bien des gens ? », lui lance ma collègue alors que nous discutons après sa séance d ’ entraînement . « Je suis un modèle parce que je suis vieille ! », répond-elle du tac au tac . Décidément , Rosie n ’ est pas friande de compliments , elle qui n ’ est pas non plus folle à l ’ idée que je la photographie . Et pourtant , nombreux sont ceux à la prendre en exemple et pas seulement parce qu ’ elle a vu passer 86 printemps . Rosie Asch ne joue pas au tennis pour faire l ’ étalage de ses habiletés athlétiques , ni de ses médailles ou de sa vitalité . Rosie joue au tennis parce que , foncièrement , elle aime le tennis .
Lorsqu ’ il fut le temps pour Rosie de descendre de niveau de compétition dans la ligue TFIM , l ’ octogénaire n ’ a pas une seconde envisagé de laisser tomber la discipline . « S ’ il fallait que je descende de niveau pour continuer à jouer , alors c ’ était sûr que j ’ allais le faire . Plusieurs personnes jouent pour essayer de monter de niveau , ils ne pensent qu ’ à ça . Ils ne vivent pas dans le moment présent , le moment où l ’ on joue au tennis », soutient-elle .
Et puis , quand on demande à Rosie ce que le tennis lui a apporté , elle nous épargne les fla-flas . « Ce que le tennis m ’ a apporté , c ’ est l ’ amitié », affirme-t-elle catégoriquement . Elle est d ’ ailleurs bien nostalgique du temps où elle compétitionnait avec Huguette Fontaine – qui a fait ses adieux au tennis en 2013 , à la suite d ’ un accident vasculaire cérébral . Ensemble , elles avaient notamment remporté les honneurs en double aux Championnats mondiaux de 2011 .
« Ce qui me dérange , encore aujourd ’ hui , c ’ est que je m ’ ennuie d ’ Huguette . On était de bonnes amies , de bonnes compétitrices . J ’ étais meilleure en simple , elle était meilleure en double , se remémore-t-elle . Ce n ’ est plus la même chose sans elle ! Tout le monde est tellement plus jeune que moi , elle était ma consœur . »
N ’ empêche , Rosie rapplique de trois à cinq fois par semaine au Club de tennis Île des Sœurs l ’ hiver , et au Club de tennis Mont-Royal l ’ été . Non seulement y suit-elle des cours , mais elle y joue des matchs et y encourage son équipe du TFIM . Elle est d ’ ailleurs formelle : elle ne peut nous accorder plus de 45 minutes ; elle doit aller encourager ses coéquipières qui jouent un match tout à l ’ heure .
Cela crève les yeux , Rosie est incroyablement humble . Mais pas que . Cette femme est optimiste et farouchement déterminée à croquer dans tout ce que la vie a à lui offrir , et ce , en dépit des épreuves qu ’ elle aura dû traverser , dont le décès – des suites d ’ un cancer – de l ’ une de ses filles .
Outre le tennis , cette flexitarienne est bénévole pour le Cercle canadien des femmes de Montréal , où elle est responsable de l ’ adhésion des membres . Avant cette implication , elle donnait également de son temps à La Bibliothèque des jeunes de Montréal . « Il n ’ y a jamais assez d ’ heures dans une journée ! J ’ aime lire . Je suis également un cours sur l ’ Iran à La communauté d ’ apprentissage continue de McGill . Et puis , je dois aussi m ’ occuper de ma famille . J ’ ai 11 petits-enfants ! », s ’ exclame-t-elle .
Déterminée , positive et amoureuse de la vie … Son énergie est renversante .
La spiritualité aurait-elle quelque chose à avoir là-dedans ? « Je viens tout juste de lire le livre « The Untethered Soul » [ L ’ âme délivrée ] de Michael A Singer et c ’ est au sujet du lâcherprise , répond-elle . Je n ’ ai jamais été du genre à me fâcher quand , par exemple , mon mari me disait quelque chose que je n ’ aimais pas … Je n ’ apprécie pas les gens qui sont rancuniers et qui entretiennent du ressentiment envers les autres ou le passé . J ’ ai toujours laissé les choses aller … Et ils disent que c ’ est d ’ être spirituelle . Alors , peut-être que je le suis . »
Et parlant de laisser les choses aller , combien de temps pense-t-elle jouer au tennis encore ? « Je n ’ ai jamais pensé arrêter . Je suis en santé , pourquoi est-ce que je devrais arrêter ? »
No 106 - Avril 2017 - Par Tennis Québec
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