TENNIS-MAG
LA RÉDACTION D ’ UN JOURNAL DE PENSÉES S ’ AVÈRE UN MOYEN UTILE POUR COMMENCER UN TRAVAIL DE RESTRUCTURATION COGNITIVE .
INTERACTIONS
Pour expliquer ce paradoxe , il est essentiel de saisir les interactions qui existent entre pensées , émotions , réactions physiologiques et comportements . Chacun de ces facteurs psychobiologiques est susceptible d ’ influencer les autres . Voyons comment .
COMPORTEMENTS
Je retiens mes coups . Je fais des erreurs .
Cette distorsion cognitive entraîne dans son sillage des émotions comme l ’ anxiété et la colère , lesquelles provoquent une activation du système nerveux sympathique ( SNS ) du corps , le mettant en situation d ’ alerte . En découlent les symptômes habituels du stress : tremblements , rythme cardiaque accéléré , mains moites , étourdissements , etc . Qui plus est , on sait maintenant qu ’ une suractivation du SNS engendre un stress excessif qui s ’ avère la plupart du temps nocif pour la performance . Dans cette perspective , la peur de l ’ erreur et l ’ idée selon laquelle il faut l ’ éviter à tout prix deviennent une véritable menace à l ’ équilibre , ce qui déclenche plus d ’ erreurs .
FAIRE LE POINT
PENSÉE Je n ’ ai pas droit à l ’ erreur .
RÉACTIONS PHYSIOLOGIQUES Mon corps est en état de stress .
ÉMOTIONS
Je suis anxieux . Je suis en colère .
Le stress est un terme très utilisé , mais souvent mal compris . Alors que la peur , la nervosité et l ’ anxiété représentent des émotions , le stress correspond plutôt à la réaction non spécifique du corps face à toute demande d ’ adaptation , qu ’ elle soit physique ( se blesser ) ou psychologique ( craindre le jugement des autres ). L ’ anxiété risque de générer du stress , mais le stress peut se manifester en absence d ’ anxiété .
Par ailleurs , outre les pensées dont il sera question dans la prochaine section , il est possible de modifier l ’ un ou l ’ autre des facteurs présents dans ce cercle interactif d ’ influence pour changer le cours du processus . Plusieurs études soutiennent que l ’ adoption d ’ une posture de champion ( par exemple : la pose du superhéros ) favorise l ’ apparition d ’ émotions positives lorsque l ’ on est confronté à un défi particulièrement exigeant , ce qui réduit l ’ activation du SNS et rehausse la performance . Il en va de même pour la relaxation ou la méditation , qui viennent cibler directement l ’ activation physiologique et améliorer émotions , pensées et comportements .
RESTRUCTURATION
La restructuration cognitive compte parmi les méthodes les plus efficaces de réduction de l ’ anxiété par la modification des pensées qui la maintiennent . Elle est d ’ ailleurs à l ’ origine de la thérapie cognitive utilisée abondamment dans le milieu de la psychologie clinique . Le principe est simple . Il s ’ agit d ’ identifier les pensées automatiques qui apparaissent dans un contexte particulier , de confronter leur légitimité et de trouver des pensées alternatives plus adaptées . Il a été démontré que le changement conscient du mode de pensée a un effet profond , durable et visible dans le cerveau . La rédaction d ’ un journal de pensées s ’ avère un moyen utile pour commencer un travail de restructuration cognitive . Faire ressortir les pensées qui émergent avant , pendant et après un match ainsi qu ’ en entraînement pourrait permettre de discerner certains schémas cognitifs qui nuisent à la performance .
Dans l ’ exemple précédent , la distorsion cognitive liée à la hantise de l ’ erreur en dit long sur les schémas de pensée qui l ’ alimentent . Si je fais une erreur , je deviens imparfait et je risque gros . Enfin , je pense que je risque gros . Si l ’ on restructure cette pensée intrusive et fausse , on s ’ aperçoit plutôt que l ’ erreur est un passage obligé . L ’ erreur est même constructive . Accepter l ’ erreur , c ’ est accepter d ’ avancer , c ’ est accepter d ’ apprendre . S ’ il y a bien une leçon de vie qui s ’ applique à tous les domaines de vie , c ’ est bien celle-ci : apprenez à échouer ou échouez à apprendre .
Même les meilleurs joueurs de tennis du monde font des erreurs à chaque entraînement , à chaque match , presque à chaque partie jouée . Il est utopique de penser qu ’ il serait « normal » de ne pas faire d ’ erreurs et qu ’ il devient « anormal » d ’ en faire . C ’ est plutôt l ’ inverse qui prévaut .
>> ( La suite en page 81 )
No 106 - Avril 2017 - Par Tennis Québec
29