Tennis-mag #102 - Février 2016 Tennis-mag #102 | Page 60

TON ENTRAÎNEUR N ’ EST PAS TON ENNEMI Je sais que ça a l ’ air évident , dit de cette façon , et pourtant …
Alors qu ’ on assiste à la glorification du sport , parce que les athlètes de haut niveau sont parfois perçus comme des demi-dieux et que leurs besoins passent avant tout , on en vient parfois à oublier une chose : l ’ entraîneur est un être humain comme vous et moi . J ’ ai été la première à l ’ oublier . Quelque chose ne fonctionne pas ? Facile , on change de coach .
Parfois , il est vrai que la relation entraîneur-athlète n ’ est pas propice au développement , mais en certaines occasions , soyons honnête , c ’ est simplement plus facile de changer d ’ entraîneur que de vraiment s ’ arrêter et de penser à la racine du problème . Dans un univers très compétitif , on en vient à exiger des entraîneurs dont le don de soi est quasi inimaginable et on les remplace dès qu ’ ils ne sont pas capables de combler nos demandes . Parfois , ça ne fonctionne vraiment pas , mais il faut aussi admettre que prendre le blâme ou la responsabilité d ’ une situation demande beaucoup plus de maturité et d ’ objectivité que nous en sommes souvent capables en contexte de compétition .
La réalité : personne n ’ aime se faire blâmer et critiquer , mais parfois , il faudrait s ’ arrêter un instant et se demander : « est-ce vraiment mon entraîneur le problème , ou est-ce moi ? »
LE TENNIS EST UN SPORT INDIVIDUEL , MAIS PAS NÉCESSAIREMENT SOLITAIRE
Étant enfant unique et ayant pratiqué un sport individuel , j ’ ai dû attendre jusqu ’ à mon entrée à l ’ université américaine pour réaliser que l ’ expérience tennistique n ’ avait pas à être vécue de façon solitaire . Nous avons énormément à apprendre des autres athlètes , mais également des entraîneurs et des parents . Lorsque l ’ on pratique un sport individuel de haut niveau , où il faut commencer à performer jeune , les choses peuvent devenir sérieuses très rapidement .
Il y a une possibilité de grandir collectivement dans ce magnifique sport en apprenant des autres et de soi-même . C ’ est dommage d ’ attendre jusqu ’ à 18 ans pour se rendre compte que la personne de l ’ autre côté du filet est une adversaire , pas une ennemie .
Nous apprenons dans la victoire comme dans la défaite , mais cela ne veut pas pour autant dire que les apprentissages doivent se faire en solo . Nous ne restons pas athlètes de haut niveau toute notre vie , mais nous serons toujours des êtres humains . S ’ enrichir de la présence des autres nous sert comme athlète , mais également lorsque nous arrêtons la pratique sportive de haut niveau .
LES BONS CALLS FONT LES BONS AMIS
Quel joueur de tennis n ’ a jamais entendu ces phrases : « Je me suis fait voler le match ! », « Je ne veux pas jouer contre elle , c ’ est une tricheuse !»?
J ’ AI DÛ ATTENDRE JUSQU ’ À MON ENTRÉE À L ’ UNIVERSITÉ AMÉRICAINE POUR RÉALISER QUE L ’ EXPÉRIENCE TENNISTIQUE N ’ AVAIT PAS À ÊTRE VÉCUE DE FAÇON SOLITAIRE .
Mettons la situation en perspective . Dans un match de tennis , disons qu ’ on joue environ 5 ou 6 points par partie et environ 5 ou 6 échanges par point .
Dans un match qui finit 6-3 , 6-3 , environ 450 balles sont jouées . Sur celles-ci , 3 ou 4 causeront peut-être de la bisbille . C ’ est approximativement 0,1 % des balles . En résumé , 99,9 % des balles sont appelées correctement . Dans un sport arbitré souvent par les athlètes euxmêmes , je crois que l ’ on peut prendre le temps de se complimenter sur la culture morale de notre sport . Et se dire aussi que , parfois , les
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