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Février 2019 6

ENQUÊTE DU MOIS : CLIMAT

2°C EN PLUS, QU'EST CE QUE ÇA CHANGE ?

"Le concept de réchauffement climatique a été créé par les Chinois dans le but de rendre la main d'oeuvre américaine non-compétitive."

Donald J. Trump

Les gaz à effet de serre (GES) ont un rôle essentiel dans la régulation du climat. Sans eux, la température moyenne sur Terre serait de -18 °C au lieu de +14 °C et la vie n’existerait peut-être pas. Toutefois, depuis le XIXe siècle, les activités humaines telles que l'utilisation de combustibles fossiles, l'exploitation des forêts tropicales et l'élevage du bétail exercent une influence croissante sur le climat et la température de la terre. En conséquence, l’équilibre climatique naturel est modifié et le climat se réajuste par un réchauffement de la surface terrestre. Nous pouvons déjà constater les effets du changement climatique.

Quelles en sont les conséquences naturelles réelles ?

• Pour commencer, en 50 ans, le niveau des océans s’est élevé de 10 centimètres. Une tendance qui devrait se poursuivre voire s’accélérer dans les années à venir. Selon les experts de la NASA, une montée des océans d’au moins un mètre est inévitable dans les 100 à 200 ans qui viennent. Les premières victimes de l’augmentation du niveau de la mer sont les archipels du Pacifique et de l'océan Indien, notamment les îles Marshall, les îles de Polynésie, les Maldives et certaines régions d’Asie, comme les Philippines ou l'Indonésie. Selon une étude du CNRS de 2014, 10 000 à 20 000 îles pourraient disparaître totalement au cours du siècle.

Autre conséquence de la montée du niveau des océans, de nombreuses grandes villes construites sous le niveau de la mer pourraient être envahies par les eaux. C’est notamment le cas de Miami, New York, Tokyo, Singapour, Amsterdam ou encore Rotterdam.

D’après de nombreux scientifiques spécialisés sur les questions environnementales et climatiques, il semble qu’il soit déjà trop tard pour certaines villes américaines de Floride, notamment Miami. De plus, si rien n’est fait pour réduire la consommation d’énergies fossiles dans le monde, New York pourrait devenir inhabitable en 2085. Une ville qui a mis près de 400 ans à se construire pourrait disparaitre en quelques décennies.

Mais est-ce vraiment grave si les températures augmentent de 2 degrés ? Après tout, on observe régulièrement des hivers très froids, et des étés pluvieux, alors le climat ne serait-il pas plus clément avec 2 degrés de plus ? Évidemment, la réponse est non. D’abord, il faut garder à l’esprit qu’en pensant ainsi, nous ne raisonnons qu’à l’échelle européenne. En 2018, en Inde, en Egypte ou en Iran, les vagues de chaleur caniculaires ont causé la mort de plus d’une centaine de personnes. Rien que dans le Maghreb, près de 800 personnes ont été hospitalisées à cause de la chaleur et de la déshydratation. En comptant l’Afrique, l’Asie du Sud, le Moyen Orient ou encore l’Amérique Latine, c’est plus des deux tiers de la planète qui est déjà affectée par des chaleurs dangereuses. Dans ces conditions, 2 degrés représentent une augmentation assez alarmante.

Est-ce que ce sont les seules conséquences auxquelles nous devront faire face ?

• La Banque mondiale estime dans un rapport publié en novembre 2015 que plus de 100 millions de personnes pourraient basculer dans l’extrême pauvreté si les objectifs de réduction des gaz à effets de serre ne sont pas tenus.

Selon l’institution, les populations les plus pauvres sont ainsi menacées par les mauvaises récoltes dues à la diminution de la pluviosité, la flambée des prix alimentaires provoquée par des phénomènes météorologiques extrêmes… Le continent africain serait le plus durement touché.

Dans ce même rapport, la Banque mondiale souligne également que le réchauffement climatique pourrait avoir un impact sanitaire en accroissant l’incidence des maladies sous l’effet de vagues de chaleur et d’inondations. Ces phénomènes pourraient, en effet, allonger la saison de transmission des maladies propagées par les moustiques. Un réchauffement planétaire de 2 à 3°C augmenterait de 5% le nombre d’habitants exposés au paludisme, soit une hausse de 150 millions de personnes.

L'OMS estimait ainsi en 2014 que le réchauffement climatique pourrait causer la mort de près de 250.000 personnes chaque année.

• Sécheresses, typhons, inondations, cyclones… Les changements climatiques sont à l’origine de l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes. Des catastrophes naturelles qui devraient continuer à se multiplier dans les décennies à avenir, provoquant la migration des populations. Dans un rapport publié en 2012, l’ONU prédisait 250 millions de déplacés dans le monde en 2050.

De plus, j'ai appris au fil de mes recherches que 83,5 millions de réfugiés climatiques ont été recensés entre 2011 et 2014. Vous l'aurez compris, c'est un des sujets les plus sensibles de ces dernières années, au niveau national, européen et même mondial. Ainsi, si ce chiffre est amené à être multiplié par 4, comme le prédit l'ONU, nous courons vers une catastrophe sociale importante.

Comment peut-on devenir "acteurs de la transition écologique" ?

• Il est vrai qu'en ce moment, on entend beaucoup parler du climat, notamment par le biais de la pétition "L'Affaire du Siècle", lancé par 4 associations en décembre dernier, et qui a pour but d'attaquer l'État Français en justice. Cette pétition ayant obtenu plus de 2 000 000 de signatures a beaucoup fait parler d'elle. Que ce soit à travers cette pétition ou à travers la marche des lycéens pour le climat qui s'est tenue dans plus de 120 pays du globe, et qui a réuni presque 3 000 000 de jeunes, les représentants politiques sont en grande partie jugés responsables de ce réchauffement climatique. Même si ceux-ci ont une grande part de responsabilité sur ce sujet, il est important de se rappeler que nous, lycéens, sommes la relève. Ainsi, quand on signe une pétition pour attaquer l'État en justice ou quand on prend part à une manifestation pour dénoncer l'inaction des "grands" face au changement climatique, il est impératif de se rappeler que ce sont d'abord à travers nos actions du quotidien que nous pouvons changer les choses. A quoi cela sert de nous révolter, si nous continuons à acheter des biens qui ont été produits à des kilomètres de chez nous ? Si nous continuons à consommer autant de viande, alors que c'est la première cause du réchauffement de la planète ? Si nous persistons à regarder les déchets qui jonchent la rue, sans les ramasser et les mettre à la poubelle ?

Jeunes lycéens d'Ancenis, vous avez ramassé l'équivalent d'une cinquantaine de sacs poubelles le vendredi 15 mars. Faites que cette action devienne habituelle, et non pas une parenthèse où pour la première fois vous avez regardé ce que vous jetez dans les yeux.

PAVARD Martin

Le feu de forêt qui a frappé le Nord de la Californie en Novembre dernier.