STANCE KITEBOARDING ATTITUDE #64 | Page 88

Dossier L’avis du “ cobaye ” (qui a gentiment offert sa rotule pour nous permettre d’écrire cet article) Julien Leleu, blessé en juin dernier lors d’un kiteloop. En juin nous avions décidé de faire une tournée avec le team Airush International sur tous les spots français. Après être passés à l’Almanarre, nous nous sommes arrêtés sur Marseille pour l’évènement de la Sosh Freestyle cup. Il y avait une compétition de WOO. Grâce à quelques kiteloops, j’ai réussi à me glisser jusqu’en finale. Le vent est monté et est devenu très irrégulier. J’ai participé à la finale en 9m Razor, bien déterminé à remporter la bataille contre mes amis Seb Garat et Julien Kerneur. Il y avait une très bonne ambiance sur la plage avec de la musique à fond, histoire de bien se motiver pour “débrancher le cerveau”. J’ai senti une rafale arriver en même temps que le refrain de la chanson, du coup je me suis chauffé à envoyer un gros megaloop. Mais le kite est passé trop bas, le vent était trop rafaleux et je me suis soudainement retrouvé avec le kite bloqué en face de moi. C’est à ce moment là, précisément, que tu sais que ca va piquer… C’est assez drôle car la chute arrive hyper vite mais lentement à la fois. Malheureusement, dans ce genre de situation tu n’as pas grand chose à faire, si ce n’est te demander quelle partie du corps jeter en premier. J’étais en boots avec une attèle sur mon genou droit, j’ai donc décidé de mettre mon genou gauche en avant, mais malheureusement le choc fut trop violent pour absorber l’impact et « crac » ! Tu as tout de suite compris que c’était une sale blessure ? J’ai senti des vibrations à l’intérieur de mon genou, mais ce qui m’a définitivement le plus choqué, c’est le bruit à l’impact. J’ai d’abord cru que j’avais pété ma board, puis je me suis relevé, un peu sonné et j’ai vu que mon genou ne tenait plus, c’est alors que j’ai réalisé que quelque chose n’allait pas. À ce moment précis, tu vois tous tes objectifs et tes projets défiler dans ta tête en sens inverse. Un sentiment de colère, de tristesse et de rage bouillonnaient en moi. Quand tu es sportif de haut niveau, tu sais ce qu’il t’attend et tous les efforts que tu vas devoir fournir. Au début, c’est dur d’y croire et de réaliser que c’est vrai. Parfois je me réveillais le matin en pensant que ce n’était qu’un mauvais rêve… Est-ce que tu t'en es voulu ? Je m’en suis voulu oui et non ! J’ai sans doute trop engagé pour une compétition de cet ordre, qui ne faisait pas partie de mes objectifs principaux. Je m’étais qualifié pour disputer le VKWC, j’avais une très belle saison devant moi, la meilleure depuis le début de ma carrière dans le kite. Et en 2 secondes, tout s’arrête. C’est très dur mentalement, mais ça fait partie du risque de notre métier ! Beaucoup de personnes m’ont dit que j’étais fou mais c’est aussi ce qui a fait ma force et ma vitesse de progression. En venant du Nord de la France, avec mon meilleur pote Antoine Fermon, on a appris à envoyer du gros sans forcément penser à la réception ou aux consequences que cela pouvait engendrer. J’aurais “préféré” me blesser sur le tour mondial, car cela était ma priorité, mais le sort en à décidé autrement. De toute façon, je pense résolument que dans la vie, tout arrive toujours pour une raison, il faut juste comprendre pourquoi afin de pouvoir évoluer et corriger ce qui ne va pas. Quel a été ton état d'esprit durant l'hospitalisation puis la convalescence ? Au début j’étais vraiment pas bien, totalement déprimé, j’avais l’impression que je n’allais jamais voir la fin du tunnel. Les premières semaines et premiers mois passent au ralenti. Tu vois tous tes collègues continuer à voyager, c’est assez dur à supporter. Mais on reconnaît les vrais champions au peu de temps qu’ils passent au fond de la gamelle avant de réagir et de rebondir. La meilleure manière de bien guérir est d’avoir une bonne énergie, d’y croire et de rester positif en allant de l’avant. J’ai la chance d’avoir de supers amis comme Val Garat et Antoine Fermon, qui eux aussi sont passés par là l’an dernier. Je leur dis d’ailleurs un gros bravo, car les revoir aujourd’hui au niveau où ils sont, moins d’un 1  an après leurs blessures respectives, c’est beau et c’est motivant. Enfin qu'est-ce qui fait, selon toi, que tu peux revenir plus fort ? J’ai la chance d’être au sein de l’équipe de France de freestyle et je viens de rentrer sur les listes ministérielles de sportif de Haut Niveau. De ce fait, via la FFVL, je bénéficie d’un suivi médical et d’une ré-éducation au top ! Grace à « RORO » et au CR EPS Montpellier, ainsi qu’à Eric Watrin dans le Nord, j’ai la chance d’être suivi de la meilleure des manières. J’en profite également pour bosser sur tout le reste du corps, histoire d’être aiguisé à 100% au moment de la reprise, qui est prévue pour le 1er Janvier 2016 ! Timing parfait pour démarrer une nouvelle année pleine de bonnes résolutions et de bons objectifs. Passer autant de temps en dehors de l’eau te donne très faim, tu y retournes d’autant plus motivé avec “les dents qui rayent le parquet”. Ressourcera, ressourcera pas ? Malheureusement pour notre Julien Leleu, c’est la réponse n° 2 ! p:88 064 064 p:89