Expedition
Wings over Greenland II,
Stratégies & réalisations
« Sur le papier », les objectifs annoncés
par chaque équipe sont très comparables : être les premiers à réaliser la
circumnavigation de la plus grande
calotte glaciaire de l'hémisphère nord.
Tout en couvrant une distance de plus
de 5000 km. Cependant, des approches
particulières sont clairement identifiées dès
les phases préparatoires : les points de départ
de chaque expédition et les moyens logistiques
pour prendre pied sur l'inlandsis divergent
radicalement. De notre côté, nous mettons un
point d’honneur à minimiser les moyens logistiques mis en œuvre : nous considérons, pour
des raisons éthiques et financières, qu'il est
préférable d'éviter une débauche importante
de moyens. En outre, il nous semble inconcevable de débuter et de terminer l'expédition
ailleurs qu’au niveau de la mer. Pour la valeur
symbolique. Nous opterons donc pour une
dépose / reprise par petits bateaux, depuis le
village de Narsaq et le fond du fjord Qaleraligd,
à l'extrémité sud de l'inlandsis.
Sur la glace, les choix stratégiques vont aussi
s’avérer différents, qu'ils soient mûrement
réfléchis ou adoptés en fonction des circonstances du moment...
13 jours plus tard, après 58 jours d'expédition
et 5067 km au compteur, Wings Over Groen-
land II devient la plus longue expédition (en
termes de distance) jamais réalisée à ski en
totale autonomie.
En dépit de départs décalés dans l'espace et le
temps, cette présence concomitante de trois
équipes pour un seul objectif va évidemment
générer une forte rivalité et un réel esprit de
compétition. Cette dernière va devenir - parfois
à notre corps défendant - le leitmotiv de notre
expédition. Elle va occuper nos esprits 58
jours durant, déterminer fortement certaines
décisions et ajouter à l'enjeu de cette réalisation.
Une chose est certaine, on va se tenir quotidiennement informés de l’avancée des deux autres
teams. Et l'on ne s'imagine pas un instant que
ces derniers aient pu agir différemment ! Il est
incontestable que ce mano à mano à distance
(au plus près, nous avons été à 300 km de
l’équipe belgo-canadienne) fut un facteur de
tension supplémentaire au sein de notre propre
équipe, mais il ajouta une dimension incontestable à ce périple. A-t-il pu, au moins par
certains égards, rappeler la rivalité historique
entre le Norvégien Amundsen et l'Anglais Scott
lors de la conquête du pôle Sud, en 1911... ? Ce
fut en tout cas une des plus longues courses
modernes qui se soient jouées dans les régions
polaires...
Tableau comparatif. 1 objectif, 3 équipes, 3 approches différentes, 3 réussites différentes…
“Notre « home sweet home » est aujourd'hui bousculé par le maelström
furieux qui se répand sur l’inlandsis… L'énergie nécessaire à déployer
pour lever un camp dans la tempête a raison de nos volontés surmenées.
Dommage ? Pas sûr, car en cette fin de journée, le vent dépasse encore
les 60 km/h en rafales, la visibilité est nulle, l'air humide nous aurait
rapidement transformés en glaçons…”
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064
Proverbe sudiste : lorsqu’avec
ton menton tu feras des glaçons,
il sera grand temps de rentrer à
la maison.
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