STANCE KITEBOARDING ATTITUDE #64 | Page 56

Expedition Wings over Greenland II, Stratégies & réalisations « Sur le papier », les objectifs annoncés par chaque équipe sont très comparables : être les premiers à réaliser la circumnavigation de la plus grande calotte glaciaire de l'hémisphère nord. Tout en couvrant une distance de plus de 5000  km. Cependant, des approches particulières sont clairement identifiées dès les phases préparatoires : les points de départ de chaque expédition et les moyens logistiques pour prendre pied sur l'inlandsis divergent radicalement. De notre côté, nous mettons un point d’honneur à minimiser les moyens logistiques mis en œuvre : nous considérons, pour des raisons éthiques et financières, qu'il est préférable d'éviter une débauche importante de moyens. En outre, il nous semble inconcevable de débuter et de terminer l'expédition ailleurs qu’au niveau de la mer. Pour la valeur symbolique. Nous opterons donc pour une dépose / reprise par petits bateaux, depuis le village de Narsaq et le fond du fjord Qaleraligd, à l'extrémité sud de l'inlandsis. Sur la glace, les choix stratégiques vont aussi s’avérer différents, qu'ils soient mûrement réfléchis ou adoptés en fonction des circonstances du moment... 13 jours plus tard, après 58 jours d'expédition et 5067 km au compteur, Wings Over Groen- land  II devient la plus longue expédition (en termes de distance) jamais réalisée à ski en totale autonomie. En dépit de départs décalés dans l'espace et le temps, cette présence concomitante de trois équipes pour un seul objectif va évidemment générer une forte rivalité et un réel esprit de compétition. Cette dernière va devenir - parfois à notre corps défendant - le leitmotiv de notre expédition. Elle va occuper nos esprits 58 jours durant, déterminer fortement certaines décisions et ajouter à l'enjeu de cette réalisation. Une chose est certaine, on va se tenir quotidiennement informés de l’avancée des deux autres teams. Et l'on ne s'imagine pas un instant que ces derniers aient pu agir différemment ! Il est incontestable que ce mano à mano à distance (au plus près, nous avons été à 300 km de l’équipe belgo-canadienne) fut un facteur de tension supplémentaire au sein de notre propre équipe, mais il ajouta une dimension incontestable à ce périple. A-t-il pu, au moins par certains égards, rappeler la rivalité historique entre le Norvégien Amundsen et l'Anglais Scott lors de la conquête du pôle Sud, en 1911... ? Ce fut en tout cas une des plus longues courses modernes qui se soient jouées dans les régions polaires... Tableau comparatif. 1 objectif, 3 équipes, 3 approches différentes, 3 réussites différentes… “Notre « home sweet home » est aujourd'hui bousculé par le maelström furieux qui se répand sur l’inlandsis… L'énergie nécessaire à déployer pour lever un camp dans la tempête a raison de nos volontés surmenées. Dommage ? Pas sûr, car en cette fin de journée, le vent dépasse encore les 60 km/h en rafales, la visibilité est nulle, l'air humide nous aurait rapidement transformés en glaçons…” p:56 064 Proverbe sudiste : lorsqu’avec ton menton tu feras des glaçons, il sera grand temps de rentrer à la maison. 064 p:57