Spring Issue 2015 | Page 11

Demain, je devrai partir du cher val,

Devenir un cheval du carnaval.

Les autres me disent que je suis chanceux

« Pour toi, les jours ne sont plus ennuyeux!

La vie somptueuse, l’ambition de tous,

Elle va me baigner, m’habiller partout.

Et quel changement ça serait pour moi!

Moi qui vis dans ces champs, sans aucun toit,

Mangeant du gazon peu appétissant,

Dormant dehors dans le froid menaçant.

Je ne suis qu’un cheval sale, indigent.

Meilleur de vivre avec plus d’argent.

Mon ancêtre était choisi aussi,

De prendre part au cirque qu’on apprécie.

Bientôt, il était orné de parures

Et des vêtements couverts de dorures.

Beau, majestueux et très séduisant,

Selon plusieurs, il était imposant.

Mais je n’ai jamais vu mon ancêtre;

Mes parents racontent de son être

Il n’est jamais revenu nous voir, lui,

Après le jour qu’il a quitté- et puis

Je me demande ce qui s’est passé.

J’ai une idée, mais je suis angoissé.

Car les seuls chevaux au cirque que j’ai vus,

Sont ceux du manège, charmants mais rompus.

Ben, ils brillaient comme brillait un bijou,

Mais était rivés aux barres, tous flous.

Parties d’une machine, ils tournaient en rond.

Seuls, sans buts, ils tombaient du haut au fond.

Et moi, deviendrais-je un tel cheval?

Irais-je en rond, étant un royal?

O, misère! Je n’en veux pas être comme eux

Qui serais-je si je reçois le vœu

D’échanger mon corps avec un vrai cœur

Pour un corps construit du bois le plus cher?