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„JE POUVAIS DÉNICHER L'ART NOUVEAU PARTOUT” J'ÉTAIS VENUE À ORADEA EN M'ATTENDANT À Y TROUVER UNE PETITE HONGRIE. Ces gens-là devraient re‐ tourner en Roumanie plus souvent. Je connais très bien Budapest et l'atmo‐ sphère à Oradea n'est pas la même. L'Art nouveau y est plus épars, délabré, perdu au milieu des gros blocs gris, mais il est là, ré‐ sistant, sur vivant, ses couleurs pastels subsistant encore sous la ruine, ses murs sculptés toujours dressés, ses décors loraux ièrement arborés. Là-bas, le nouveau style revêt un caractère plus humain, moins écrasant. Il m'a semblé que les bâtiments étaient plus petits mais plus adaptés à notre échelle, parsemés d'ani‐ maux à débusquer au mi‐ lieu des motifs du folklore hongrois, pour que l'homme proite pleine‐ ment de son intérieur et de ses façades. On est loin des énormes bâtisses qui ont tendance à intimider par leur magniicence. chaque moulure mais surtout dans le visage de l'Atlante. Partout, une forme revient: le triangle. [...] En marchant dans la ville, je pouvais dénicher l'Art nouveau partout. Dans une façade en stuc, sur une poignée de porte, stylisant un vitrail... Il me tarde de revenir car la galerie et sa verrière ont l'air incroy‐ ables. J'ai toujours adoré les galeries voûtées de verre, surtout celle de Turin et bien sûr Parisi Udvar à Budapest. C'est le meilleur type d'ouvrage en architecture pour ex‐ primer l'Art nouveau, l'él‐ oge de la courbe et la sym‐ biose de la pierre, du fer et du verre." Parmi tout ce que j'ai vu, je n'oublierai jamais la mai‐ son de Judit, la villa Dar‐ vas-La-Roche. De l'ex‐ térieur, c'est une façade en mauvais état qui ne paye pas de mine. Il y a même une enseigne lumineuse du club de football local plantée dessus. Mais à l'in‐ térieur, l'harmonie vous submerge comme une évi‐ dence. Les inluences de BARBARA BESSAC l'Art nouveau viennois et scandinave sont partout, dans des couleurs doré et carmin à couper le souffle. L'émotion se lit dans