ReMed 2018 ReMed Magazine N°4 - Cutting Edge | Page 6

Prothèse Crânienne 3D Personnalisée INTERVIEW Une Première en Algérie et en Afrique ! Hadya LAGGOUN Mehdi KHETTAB Le docteur Ali TERRAK, 35 ans, est neurochirurgien à l’EHS d’Ait Idir, diplômé en 2017 après un cursus de résidanat effectué à l’hôpital Salim Zmirli. En plus de sa passion pour l’art musical, la littérature russe et la philosophie, il a prati- qué de multiples métiers durant son cursus universitaire, notam- ment celui de boulanger ! La diversité et la complexité des problématiques rencontrées en médecine nous imposent de reconnaître les limites des pratiques institutionnelles démesurément séquentielles. Elles nous incitent à développer des espaces ritualisés de coopération interprofessionnelle Le docteur Abderrahmane CHEIKH, 32 ans, est également neurochi- et interdisciplinaire et ce, en exigeant de la souplesse afin de favoriser l’innovation. rurgien à l’EHS d’Ait Idir. Lui aussi C’est dans cette optique que deux neurochirurgiens de l’EHS Ait Idir : Docteurs A. Terrak et A. diplômé en 2017, passant par plu- Cheikh, ainsi qu’un ingénieur en biomécanique : Dr. K. Lassal, ont élaboré ensemble la pre- sieurs centres hospitaliers durant mière prothèse crânienne 100% algérienne, personnalisée et imprimée en 3D. Cette dernière son cursus de résidanat (Ait Idir, a été posée avec succès le huit février 2018 sur un patient ayant perdu une partie de la couver- Zmirli et Sidi Ghiles) et ayant ture osseuse de la boîte crânienne suite à des complications d’une infection crânienne. effectué un stage en Espagne (à Malaga) dans le cadre des World Le magazine ReMed a l’immense honneur et le privilège d’interviewer en première et en Federation of Neurosurgical So- exclusivité les auteurs de cet exploit scientifique inédit ! cieties Fellowship Program. En dépit du caractère astreignant des études, il est resté attaché à sa passion pour le Basketball et les nouvelles technologies, il a même comblé les derniers intersitces de temps libre en travailant dans une fromagerie ! Karim LASSAL, 37 ans est ingé- nieur en génie mécanique. Il a obtenu son ingéniorat à l’USTHB puis a soutenu son magistère en ingénierie de systèmes méca- niques. Actuellement en poste à l’ENST de Dergana, où il y en- seigne le génie mécanique, il prépare également un doctorat en biomécanique à l’Université de Boumerdes. Musicien et pas- sionné de cyclisme, il a égale- ment exercé comme boulanger ! 6 Hiver 2018 Comment vous est venue l’idée de concevoir une prothèse crânienne ? U n jour, alors qu’on était au Service, engage le Dr. Cheikh, une dame s’est présentée à nous, accompagnée de sa fille âgée de 15 ans. La jeune fille avait été opérée d’une plaie crânio-cérébrale suite à un accident de la circulation extrêmement grave. Après près d’un mois passé en réa- nimation, elle s’en était miraculeusement sortie, elle en a gardé toutefois d’impor- tantes séquelles esthétiques. Depuis, elle refusa d’aller à l’école car ses camarades l’appelaient « le Monstre ». La mère avait entendu parler, via un docu- mentaire à la télévision, de prothèses crâ- niennes 3D fabriquées au niveau du CHU de Limoges en France ; elle cherchait à se renseigner sur une possibilité de prise en charge ; cependant, celle-ci coûte l’équiva- lent de 570 millions de centimes ! C’était totalement inaccessible pour la famille. À cet instant, intervient le Dr. Terrak, un profond sentiment d’amertume nous étrei- gnait le cœur. Pire encore que l’image de cette jeune fille en détresse et de sa mère s’accrochant à un infime espoir, c’est notre impuissance face à la situation qui était des plus insoutenables. C’est là que le dé- clic arriva, nous nous sommes regardés et nous nous sommes dits. . . et pourquoi pas ? Le soir nous avons rencontré notre ami Dr. Lassal dans un jardin autour d’un thé pour lui exposer notre idée. Pour moi, continue Dr. Lassal, tout était clair dans mon esprit, il n’y avait aucun doute ; j’ai répondu : ma- kach li i weli lelour… C’est ainsi que le projet a débuté en Avril dernier. “ Makach li i weli lelour... ”