ReMed 2018 ReMed Magazine N°4 - Cutting Edge | Page 49

Hormis quelques spécificités, les techniques de musi- cothérapie sont multiples et innombrables, au gré de leurs créateurs. Citons comme exemple la Musicothé- rapie Analytique de Groupe mise au point par Edith Lecourt, le concept de l’Iso par Roland Bénenzon ou encore la méthode Tomatis créée par Alfred Tomatis qui est une méthode de rééducation de l’oreille in- terne. Toutefois, il existe deux techniques de base : active et réceptive. Avec la technique active, des « outils » musicaux sont mis à disposition du patient qui a alors un rôle à jouer. Il devient actif et acteur dans la proposition de travail. Il produit de la musique avec des instruments, sa voix, son corps, ou encore son environnement qui peut être également sonore (taper sur un radiateur, griffer la moquette, souffler sur l’extrémité d’une bouteille, etc.). Avec la technique réceptive, le patient tient une autre place et se met en position de réceptivité. Il « reçoit » la musique ; il l’écoute. L’outil de travail est alors le ressenti du patient et la manière dont il a reçu la mu- sique en extériorisant cette expérience par des mots. Champs d’action de la musicothérapie La musicothérapie impressionne de par ses innom- brables utilisations…Pendant l’enfance, la musicothé- rapie se révèle d’une grande aide pour divers troubles du comportement. Elle offre une écoute à l’enfant, tout en lui permettant d’exprimer ce qui le déborde. D’ail- leurs, chez les enfants trisomiques, la musique offre un espace où ils peuvent exceller. Ils sont souvent très sensibles et expriment mieux cette sensibilité par la musique que par les mots. Dans les troubles du développement (de la déficience légère à l’autisme), les traumatismes ou les abus, l’art, et notamment la musique, est parfois la seule porte d’accès. Certains enfants sont non verbaux, d’autres ont vécu des expériences « indicibles ». La musique, par essence non verbale et ne nécessitant pas de maî- trise technique préalable, leur offre une voie … et une voix. Dans les cas de stress, dépression ou soins palliatifs, la musique a vocation de susciter des émotions chez l’« interlocuteur ». Quand la musique nous parle, nous sommes émus, entendus, interpellés, moins seuls. L’art exprime, mais modifie aussi les émotions. Avec les handicapés physiques que l’on veut aider sur le plan moteur, on s’appuie sur des éléments musicaux comme le rythme, les phrases musicales, les répéti- tions de motifs et leur prévisibilité, afin de construire et renforcer la coordination des mouvements. Auprès des personnes âgées (atteintes de la maladie d’Alzheimer notamment, mais non exclusivement), il s’agit de préserver la qualité de vie et les compé- tences. Entendre un morceau de musique bien connu rappelle souvent les circonstances où ce morceau a été entendu ; cela permet aux personnes âgées en institution de rester connectées à leur vie d’avant. Les faire chanter, se rappeler les paroles et raconter des histoires favorise également la socialisation, les nou- velles relations et l’ouverture à la vie. Ce procédé les « ramène » dans l’ici et maintenant et ralentit la dégra- dation, tout en leur apportant du plaisir. Melody Gardot, diva militante de la musicothérapie Melody Gardot, aujourd’hui auteur-compositeur-inter- prète et musicienne américaine, est une miraculée de la musique! En 2003, alors qu’elle était étudiante, elle fut victime d’un grave accident de vélo. Sévèrement polytrumatisée, elle passe plus d’un an à l’hopital. Elle apprend alors à jouer de la guitare et commence à composer des chansons. C’est alors qu’elle commence à interpréter ses titres dans certaines salles de spec- tacle et cafés de Philadelphie, avant d’être repérée par une station de radio locale. Son titre « Who Will Com- fort Me ? » est devenu un succès classé dans le top 10 du réseau radiophonique américain Smooth Jazz. Elle doit suivre des séances de rééducation pour exé- cuter des tâches courantes simples comme se brosser les dents ou se remettre à marcher. Elle souffre tou- jours d’une sévère photophobie qui l’oblige à constam- ment porter des lunettes de soleil. À la suite de son grave accident, elle milite en faveur de la musicothérapie et de l’aide que peut apporter cette méthode de soins à des personnes fortement traumatisées. ReMed Magazine - Numéro 4 49