Hormis quelques spécificités, les techniques de musi-
cothérapie sont multiples et innombrables, au gré de
leurs créateurs. Citons comme exemple la Musicothé-
rapie Analytique de Groupe mise au point par Edith
Lecourt, le concept de l’Iso par Roland Bénenzon ou
encore la méthode Tomatis créée par Alfred Tomatis
qui est une méthode de rééducation de l’oreille in-
terne. Toutefois, il existe deux techniques de base :
active et réceptive.
Avec la technique active, des « outils » musicaux sont
mis à disposition du patient qui a alors un rôle à jouer.
Il devient actif et acteur dans la proposition de travail.
Il produit de la musique avec des instruments, sa voix,
son corps, ou encore son environnement qui peut être
également sonore (taper sur un radiateur, griffer la
moquette, souffler sur l’extrémité d’une bouteille, etc.).
Avec la technique réceptive, le patient tient une autre
place et se met en position de réceptivité. Il « reçoit
» la musique ; il l’écoute. L’outil de travail est alors le
ressenti du patient et la manière dont il a reçu la mu-
sique en extériorisant cette expérience par des mots.
Champs d’action de la musicothérapie
La musicothérapie impressionne de par ses innom-
brables utilisations…Pendant l’enfance, la musicothé-
rapie se révèle d’une grande aide pour divers troubles
du comportement. Elle offre une écoute à l’enfant, tout
en lui permettant d’exprimer ce qui le déborde. D’ail-
leurs, chez les enfants trisomiques, la musique offre
un espace où ils peuvent exceller. Ils sont souvent très
sensibles et expriment mieux cette sensibilité par la
musique que par les mots.
Dans les troubles du développement (de la déficience
légère à l’autisme), les traumatismes ou les abus, l’art,
et notamment la musique, est parfois la seule porte
d’accès. Certains enfants sont non verbaux, d’autres
ont vécu des expériences « indicibles ». La musique,
par essence non verbale et ne nécessitant pas de maî-
trise technique préalable, leur offre une voie … et une
voix.
Dans les cas de stress, dépression ou soins palliatifs,
la musique a vocation de susciter des émotions chez
l’« interlocuteur ». Quand la musique nous parle, nous
sommes émus, entendus, interpellés, moins seuls. L’art
exprime, mais modifie aussi les émotions.
Avec les handicapés physiques que l’on veut aider sur
le plan moteur, on s’appuie sur des éléments musicaux
comme le rythme, les phrases musicales, les répéti-
tions de motifs et leur prévisibilité, afin de construire
et renforcer la coordination des mouvements.
Auprès des personnes âgées (atteintes de la maladie
d’Alzheimer notamment, mais non exclusivement),
il s’agit de préserver la qualité de vie et les compé-
tences. Entendre un morceau de musique bien connu
rappelle souvent les circonstances où ce morceau a
été entendu ; cela permet aux personnes âgées en
institution de rester connectées à leur vie d’avant. Les
faire chanter, se rappeler les paroles et raconter des
histoires favorise également la socialisation, les nou-
velles relations et l’ouverture à la vie. Ce procédé les «
ramène » dans l’ici et maintenant et ralentit la dégra-
dation, tout en leur apportant du plaisir.
Melody Gardot, diva militante de la musicothérapie
Melody Gardot, aujourd’hui auteur-compositeur-inter-
prète et musicienne américaine, est une miraculée de
la musique! En 2003, alors qu’elle était étudiante, elle
fut victime d’un grave accident de vélo. Sévèrement
polytrumatisée, elle passe plus d’un an à l’hopital. Elle
apprend alors à jouer de la guitare et commence à
composer des chansons. C’est alors qu’elle commence
à interpréter ses titres dans certaines salles de spec-
tacle et cafés de Philadelphie, avant d’être repérée par
une station de radio locale. Son titre « Who Will Com-
fort Me ? » est devenu un succès classé dans le top 10
du réseau radiophonique américain Smooth Jazz.
Elle doit suivre des séances de rééducation pour exé-
cuter des tâches courantes simples comme se brosser
les dents ou se remettre à marcher. Elle souffre tou-
jours d’une sévère photophobie qui l’oblige à constam-
ment porter des lunettes de soleil.
À la suite de son grave accident, elle milite en faveur
de la musicothérapie et de l’aide que peut apporter
cette méthode de soins à des personnes fortement
traumatisées.
ReMed Magazine - Numéro 4
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