PixaRom Sep.2014 | Page 77

PORTAIL MULTIPLAN J oann Sfar n’est pas un auteur de romans. En effet, il s’avère que, dans sa carrière, il s’est plutôt spécialisé dans la bande dessinée. Certains penseraient même qu’il s’agit de l’un des auteurs-dessinateurs de BD les plus grands de France. Et, même si je ne pense pas cela, il n’empêche que j’apprécie grandement le travail de cet artiste qui ne m’a jamais déçu. Donjon, Le Petit Prince, Le Chat du Rabbin… Tant d’œuvres que cet homme a écrit et qui ont toujours été intéressantes à lire et à regarder. Mais alors, lorsque l’on apprend que Joann Sfar a écrit un roman, cela ne peut que susciter une forte envie de l’acheter. Et après lecture, je ne peux dire qu’une chose : Sfar est meilleur avec la bande-dessinée… Nous commençons le récit directement avec la mise en place des personnages du roman : Ionas et Caïn, deux frères juifs commandant une troupe cosaque lors de la Première Guerre Mondiale et qui ont décidé (avec leur troupe, bien sûr) de déserter le champ de bataille. Viennent ensuite Haydée et Mérij, deux sœurs qui, elles, ont remarqué le bataillon s’étant posé près de leur maison et ont décidé de s’acoquiner avec les guerriers. Caïn commencera à coupler avec tout un tas de femmes puis remarquera Haydée, avec laquelle il restera tandis que Ionas se lamentera (en jouant du violon) sur sa femme, Hiéléna, qu’il a laissé à Odessa seule. Mais voilà qu’un jour, tout ce beau monde se fait attaquer par les Allemands, qui avaient décidé de passer par le fleuve sur lequel s’était posé la troupe. Ils ne firent qu’une bouchée des soldats russes, tuant Ionas lancé dans la bataille, brûlant Haydée qui mourra en hurlant le nom de Caïn et griffera son ventre désormais bien rebondi et emmenant Mérij avec eux. Seul Caïn arrivera à survivre à tout cela, s’étant caché dans un coin le temps que les choses se calment. Il repartira à Odessa puis ira voir la famille de Hiéléna pour annoncer la nouvelle désastreuse. Le souci, c’est qu’il va finalement tomber amoureux de Hiéléna et cette dernière va également tomber sous le charme de l’homme brutal mais pas violent. Et leur premier baiser fut tel qu’il réveilla Ionas qui s’avérait finalement pas tout à fait mort (mais pas tout à fait vivant, non plus). Ce dernier va alors devoir adapter sa nouvelle «vie» à son mode de consommation. Parce que vampire n’est pas forcément qu’un conte fantastique… L’intrigue est posée mais celle-ci va rapidement se trouver mouvementée avec l’arrivée de nouveaux personnages (ou plutôt le «changement» de certains personnages). Le livre est divisé en deux parties : une se passant en Russie à l’époque des Révolutions bolchevikes et l’autre se déroulant au XXIème siècle aux Etats-Unis (où Ionas va subir des thérapies d’une psychanalyste). On a droit à du Sfar en puissance : des personnages tous aussi déjantés les uns que les autres (on aura même droit à Lovecraft qui n’est finalement pas si mort que ça), une histoire intéressante et intrigante, un univers assez bien foutu… MAIS (parce qu’il y a forcément un «mais») ce que le livre peut être mal écrit… Comprenez-moi bien, l’écriture n’est pas trop mauvaise non plus, elle est lisible mais on a vraiment du mal à se sentir plongé dans l’univers ! Sfar a un talent pour le dessin et c’est parfait pour la bande dessinée mais pour les romans, il faut faire des descriptions… Et là, bah, c’est plus dur (pour lui, en tout cas). Le plus difficile à comprendre dans ce récit seront les pensées des personnages : parce que ces derniers (notamment Ionas) sont tellement obsédés par leur pensée qui change de direction presque toutes les minutes que ça en devient ardu à suivre. Sans compter que Sfar a osé créer tout un univers sans JAMAIS l’approfondir. Et résultat, le lecteur, une fois le livre terminé, sent comme un sentiment de «pas fini»… Un livre intéressant donc mais pas à mettre entre les mains de tout le monde. Titre originel (Français) : L’Éternel Auteur : Joann Sfar Genre : Fantastique Pages : 455 Date de sortie : 2013 Nimai PixaRom magazine    77