PixaRom Sep.2014 | Page 27

PIXAROMELETTE DU MOIS Que serait-ce donc le casual en comparaison ? Le profane venant toucher à un monde qu’il ne comprend, avec son goût pour des jeux réservés à la plèbe ? C’est possiblement ce que ressent une partie des joueurs conspuant la « casualisation », comme si on venait leur voler quelque chose, et, pire encore, que les développeurs s’attellent à créer des produits pour eux. Mais c’est là que c’est encore moins un phénomène et simplement une conséquence logique du développement vidéoludique. Si l’on peut souvent stipendier les pratiques des Big Three, il serait naïf de rejeter la mécanique commerciale derrière. Le jeu vidéo est un business très juteux, et maintenant qu’il est très fortement répandu - jusqu’aux tablettes, navigateurs internet et téléphonie mobile - il est tout à fait normal que l’industrie cherche à toucher tous les publics possibles. Le concept du titre casual s’implante donc, ne serait-ce qu’avec des softs catégorisés ainsi sur Steam, leader en distribution de jeux dématérialisés. La réaction de rejet d’un noyau dur réfractaire n’en est pas moins un brin grossière, comme si elle voulait dessiner une barrière étanche entre deux communautés de joueurs, et partant, deux grandes catégories de jeux vidéos. Comme s’il y avait un divertissement véritable, et d’autres inférieurs. On devrait alors s’étonner du succès de la licence Mario Party, casual au possible. Et que dire de la (majoritairement) excellente saga des Ace Attorney ? Des visual novel généralement permissifs, sans gameplay développé, et pourtant, quel régal ! On est bien loin de l’ esprit compétitif comme il est exacerbé dans l’e-sport. Pourquoi un tel repli sur des valeurs pas si nécessairement partagées ? En protestation contre la plus grande facilité ambiante ? Marqueurs d’objectifs, régénération de la santé, échecs sans conséquences, assistanat, etc. Cependant il y a régulièrement des options pour que celui cherchant challenge à sa mesure se satisfasse, comme le mode cauchemar dans Alien vs Predator retirant les checkpoints. Les développeurs de grandes licences tiennent généralement à ne pas transformer des titres phares en séances de sinécure sans intérêt. Le jeu vidéo n’appartient pas à une intelligentsia (le terme est d’ailleurs généreux...) de connaisseurs, mais a vocation à s’étendre, d’où la propagation de titres moins exigeants. Ce n’est pas comme si cette démarche tirait toute l’industrie vers le bas ! La grogne provient peut-être de cette phase de changement plus appuyée, mais une tendance générale inverse ne risque pas de se produire. Et puis, il serait un peu absurde de dépeindre le « vrai gamer » comme ne pouvant pas apprécier à la fois les jeux casual et non casual. Quant à la question du support, allez donc jouer à FTL sur Ios, Androïd ou tablette, même en normal, vous m’en direz des nouvelles... Allez, Bob, au passage, préparez-nous au décollage. PixaRom magazine    27