Paris et les Zola en herbe | Page 70

  70   Un léger rayon de lumière vint effleurer les pales léthargies de cet illustre moulin, qui se réveilla lentement avec la capitale. Une voiture, une deuxième, Paris attendait langoureusement la fin de journée. Un silence mortel régnait, la ville se rallongeait, reconnaissant sa rage, partageant des paroles rancunières et irrationnelles, ravalant tout enthousiasme passé. Le boulevard lui, n’avait pas changé. Même dans les temps les plus durs certaines choses ne changent pas. Le boulevard était un arbre ayant une multitude de longues branches qui s’allongent à l’infini. Les longues rues partaient dans tous les sens, comme les veines palpitantes d’un prédateur qui chasse. Le rond-point, au cœur de la place, était la partie la plus importante de ce boulevard, assurant la bonne circulation des voitures. Lentement, le soleil se coucha et la lune illumina les petites rues sombres du quartier. Lorsque les dernières lueurs d’ambre furent entièrement englouties par l’obscurité crépusculaire, le quartier mythique du moulin rouge devint rempli de personnes de tous âges et de tous sexes. Le boulevard c’était réveillé. Des petits groupes de femmes élégantes portaient de longues robes de nombreuses couleurs différentes, et se baladaient en s’esclaffant avec une allure presque divine. Les jeunes étudiants du coin venaient se délasser de leurs problèmes et passer de bons moments. Toute la place était éblouie par les lumières flamboyantes du moulin qui, la nuit tombée s’est soudainement éveillée comme un fauve qui bondit sur sa proie. La nuit remplie de couleurs vives et joyeuses. La place, qui durant jour était inanimée et vide, s’était d’un seul coup animée tel un loup-garou à la pleine lune. La vérité c’est que tout le monde était content de pouvoir oublier tous leurs problèmes après ce qui passé. Depuis plus de cent ans, cette place possède une physionomie particulière. La place Blanche est ainsi devenue le lieu de récréation de tous les jeunes adultes qui viennent faire la fête en buvant de l’alcool, en dansant et en chantant. Pendent la journée ce lieu est sombre, désert, presque invisible, tandis que lorsque le soleil se couche, la jeunesse se réveille.