Paris et les Zola en herbe | Page 68

  68   serrurerie, plongée dans l'obscurité, prolongeait son activité nocturne, dans un calme presque total, interrompu régulièrement par le bruit d'une scie ou de quelque autre machine sophistiquée employée dans la manufacture de clés. Plus haut, on distinguait, au-dessus des larges fenêtres des appartements spacieux, de nombreuses gravures décoratives dans les blocs de pierre grise qui composaient les immeubles. Des balcons en fer forgé, ornés de motifs élaborés, étaient soigneusement disposés devant les vitres aux volets fermés. Sur les toits en ardoise, plongés dans l'obscurité persistante et transpercés çà et là de nombreuses cheminées, des lucarnes étaient placées avec une précision géométrique, de maigres fenêtres dépourvues de volets dont la seule fonction était d'apporter de la lumière aux occupants des logements exigus enclavés derrière une charpente robuste. Ces immeubles qui bordaient la grande rue ressemblaient à de grands blocs de pierre grisâtre, impénétrables, dont toutes les ouvertures avaient été soigneusement barricadées à l'aide d'épais volets de bois. Sur la partie gauche de la rue, au contraire, les appartements les plus hauts, orientés vers le sud-ouest, semblaient moins renfermés, et quelques volets avaient été intentionnellement laissés ouverts. Tandis que la nuit avançait, cependant, l'atmosphère se faisait plus froide et sèche, tel un temps d'hiver. Les couleurs monotones semblaient aussi rappeler une froideur, froideur qu'affronterait, quelques heures plus tard, le boulanger qui se lève tôt afin de préparer sa fournée matinale, les quelques sportifs qui sortent de bonne heure afin de s'entraîner, et, aussi, la marée humaine d'employés, tous indifférents, tous similaires, une seule masse en perpétuel mouvement, une masse blasée, tandis qu'un nouveau s