Paris et les Zola en herbe | Page 67

  67   Dans le ciel déjà sombre, des nuances de rose commençaient à faire leur apparition en vastes étendues, dévoilant le contour de quelques nuages à l'aspect cotonneux. Les reflets d'un soleil éblouissant sur les vitres des imposants immeubles de pierre brute dessinaient, sur la rue en contrebas, des taches de lumière transperçant le voile obscur dont la rue était recouverte. Déjà, les lampadaires s'étaient allumés, diffusant leur lumière jaunâtre sur la quasi-totalité de la rue assoupie; de rares passants allaient et venaient, s'arrêtaient, discutaient, puis s'éloignaient calmement, replongeant dans l'obscurité omniprésente des ruelles endormies divergeant de l'artère principale. Plus loin, au carrefour avec l'avenue de Wagram, un flot ininterrompu de voitures circulait, se relayant, se suivant, tel un troupeau de bétail affolé; les projections des phares sur les bâtiments voisins créait un damier de lumière blanche crue, illuminant l'intersection d'une clarté dont l'éclat inondait le ciel d'une lumière diffuse. Les vitrines des boutiques bordant la rue, illuminées elles aussi, répandaient leur clarté sur la portion de trottoir devant elles, donnant l'impression que les façades se réfléchissaient dans quelque flaque d'eau statique. À l'angle de la rue, la croix lumineuse d'une pharmacie encore ouverte répandait une lueur verdâtre sur l'intersection, se reflétant sur les carrosseries brillantes des voitures garées le long de la vitrine. En face, un panneau publicitaire, situé devant un restaurant italien dont la devanture arborait des couleurs chaleureuses, passait inaperçu au milieu de la rue ensommeillée. Une dizaine de mètres plus loin, dissimulée derrière un arrêt d'autobus désert, une petite