Paris et les Zola en herbe | Page 35

  35   Mais, de tout ce que mon grand-père me dit, ce fut une simple comparaison qu’il fit un jour durant une des longues conversations que nous entretenions habituellement et, durant laquelle il disait de la grande avenue qu’elle avait une âme provinciale comparé au rythme effréné qu’il y a de nos jours. C’est cela qui me marqua le plus. En regardant cette vielle photo de son époque qu’il m’avait laissé, je n’y voyais qu’une avenue clame et resplendissante et, même si elle n’avait pas perdu sa grandeur, elle avait perdu son charme tranquille. En regardant les Champs Élysées de mes propres yeux, lorsque j’eus cette magnifique avenue devant moi, je ressentis autre chose, je me sentis soulagé, éblouit par la beauté de cette avenue gigantesque. C’était comme vivre un rêve. Je n’oublierais jamais ma première fois à Paris. J’essayais de retrouver ce que mon grand-père m’avait décrit, je ne vis ni charrettes ni bicyclettes et, les lampadaires avaient bien changés, ils s’étaient modernisés. Je reconnus tout de même les fameux immeubles Haussmanniens et les arbres qui bordaient cette allée majestueuse, mais qui étaient, contrairement à jadis, taillés. Ce trafic incessant me fit de nouveaux ressentir cette sensation de calme perdu, remplacé par cette agitation urbaine. Des boutiques de tous types se trouvaient au rez de chaussée de chaque immeuble qui la bordait. Mais en voyant tant de gens et commerces, j’eus l’impression que c’était le centre du monde, comme si cette avenue, aussi grande soit-elle, était le cœur de Paris. Je pensais fort à mon grand-père. J’aurais tellement voulu qu’un jour, on vienne ici ensemble, sur ces Champs Elysées qui l’avaient tant marqué. Et je pensais aux moments qu’il avait passé à m’en parler.