Paris et les Zola en herbe | Page 27

  27   Lorsqu’on pénètre dans le jardin pour la première fois, par la porte Vavin, tout change. Les couleurs passent des gris et beiges monotones et tristes de la rue, avec comme unique goutte de bonheur le glacier Amorino; aux verts qui virent aux rouges des arbres. A première vue, il ressemble au jardin d’une prison, avec ses barreaux noirs surmontés de petites pointes dorées, possiblement destinées a décourager les téméraires de grimper et de venir dérober quelques fruits des vergés. Un seul détail nuit à son apparence carcérale: sur les barreaux sont affichés les horaires d’ouvertures du jardin et les spectacles ou expositions se donnant dans le pavillon Davioud. Et en effet, ce fut le jardin d’une prison puisque lors de la révolution française, ce lieu a enfermé plus d’une personne connue, dont Danton, David ou Desmoulins. Le jardin n’était fréquenté que par les familles des prisonniers, venus rendre visite aux leurs. Après avoir été un jardin de prison, le Luxembourg connut d’autres aventures. On ne voit plus trace de la quinzaine de bâtiments installés pour prêter main forte à l’Ambulance du Palais, lors de l’invasion par la Prusse, en 1870. Mais le jardin n’est pas resté longtemps comme Hôpital et se voit transformer en champ d’exécution de Communards dès le 25 mai 1871. Mais cela non plus n’a pas laissé de traces permanentes, sauf une plaque accrochée à un des murets en 2003, sur laquelle on peut lire: “Le Sénat en hommage aux insurgés de la Commune de Paris fusillés contre ce mur le 25 mai 1871.” Cette plaque rappelle les passants à la réalité, elle leur rappelle que Paris n’a pas toujours été aussi joyeux et calme, mais était autrefois un lieu de persécution et de meurtre à la chaine.