Paris et les Zola en herbe | Page 18

  18   Cela faisait maintenant plus de deux longues et pénibles heures que Sabine scrutait la rue des Deux Roues, en espérant voir apparaître son amant, Gustave. Le soleil allait se coucher derrière le square Barye, mais Sabine restait guetter, en fine chemise de nuit à son balcon. Le froid fit rougir ses joues de porcelaine. Son visage était sec, mais ses yeux ressemblaient à des dômes de verre, illusion due à l’eau à la surface de ses yeux. Sous son balcon se trouvait L’Îlot Vache, un restaurant qui était connu dans tout Paris pour son bœuf bourguignon. L’île Saint Louis est découpée de long en en large par la rue Saint Louis, et de haut en bas par la rue des Deux Roues. Le carrefour de ces deux roues était le centre de l’île. Les rues, fines comme une feuille de papier, étaient bondées de passants, de vagabonds errants dans tout Paris. Cette île fonctionnait comme une véritable métropole, pouvant être totalement indépendante du reste de la capitale. Les murs qui protégeaient l’île de la Seine ressemblent à des remparts, rappelant le temps de Vercingétorix, où Paris se nommait Lutèce, et qu’elle devait se défendre seule des envahisseurs Romains. Le square Barye faisait office de parenthèses vertes dans cette petite métropole active et dynamique.