OUM
COMPAGNIE MASSALA
FOUAD BOUSSOUF
NOTE D’INTENTION
« En clôture de cette trilogie sur le monde arabe, celui de mon enfance et de mes souvenirs,
j’ai choisi la thématique des divas qui ont rythmé une certaine période de ma vie et celle de
mes proches, ici en France, et plus loin en Méditerranée.
Des années 1920 aux années 1960, entre Beyrouth et Le Caire, de grandes divas se relayaient
sur les ondes comme étendards de la chanson arabe au féminin. Ce fut aussi l’époque
de la grande industrie cinématographique, principalement en Egypte où fleurissaient des
centaines de films et comédies musicales.
Oum Kalthoum en particulier fait partie du paysage sonore de mon enfance. Une musique
toujours présente, de basse intensité, que j’entendais partout, de jour comme de nuit, à
chaque coin de rue, dans chaque voiture – et en particulier celle de mon père. C’est ce qu’il
me reste de plus fort comme souvenirs musicaux. Je ne comprenais pas ce qu’elle disait,
mais à force d’entendre sa voix, elle m’était devenue familière, et autour de moi, elle fédérait
des plus jeunes aux plus anciens.
Ses chansons, caractéristiques du style tarab dans lequel elle excelle, incarnent une émotion
poétique et musicale, faisant appel à un large spectre de sentiments, des plus intériorisés
aux plus violents : plaisir, délectation, choc émotionnel, exaltation et transe.
C’est à partir de ces sentiments que mon travail prend son origine, en danse comme en
musique et en voix. Les connexions entre les interprètes et les vibrations qui en émergent
m’intéressent particulièrement. Mon travail chorégraphique est centré sur la question de la
verticalité, de la relation entre la percussion au sol et le saut. Le rebond et le mouvement
continu dans l’espace demeurent une constante.
Avec cette création, mon souhait
est donc de pouvoir créer
un rendez-vous poétique de
communion entre les différents
interprètes, avec comme ligne
directrice l’énergie dégagée par
les textes forts et engagés des
poètes qu’ont chantés ces divas
(Ahmed Rami, Ibrahim Nagi,
Omar Khayam).
En cela, je souhaite faire revivre
une période où la danse, la
musique, les chansons d’amour
et la poésie faisaient partie du
paysage culturel des grandes
capitales arabes .»
Fouad Boussouf
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