OPENSPACE 24: Le futur de l'exploration spatiale | Page 39

« L ’ étude de Mercure est essentielle pour comprendre la formation de notre système solaire en raison de sa proximité du
Soleil . »
Johannes Benkhoff Scientifique membre du project BepiColombo .

Alvaro Gimenez , directeur scientifique à l ’ ESA , considère que c ’ est la mission la plus complexe jamais menée par l ’ agence . BepiColombo est en effet un projet ambitieux qui a dû surmonter de nombreux défis techniques pour devenir réalité .

« Mercure est la moins explorée des planètes rocheuses , mais pas par manque d ’ intérêt », a expliqué Alvaro Giménez . « C ’ est parce qu ’ il est difficile d ’ aller là-bas et plus difficile encore d ’ y travailler . » Jusqu ’ ici , seuls deux engins spatiaux ont visité Mercure : les sondes Mariner 10 et Messenger de la Nasa . Les températures de surface extrêmes de Mercure , qui vont de + 450 à −180 degrés Celsius , et la très forte gravité du Soleil , qui rend difficile la mise en orbite stable d ’ un engin spatial autour de la planète , ont mis bien des bâtons dans les roues de l ’ équipe de construction . « Nous volons dans un four à pizza », a déclaré le chef de projet Ulrich Reininghaus . « Nous avons dû tester les matériaux à différents régimes de températures très élevées , parfois avec des résultats loin d ’ être satisfaisants . »
Pour faire face aux températures extrêmes , BepiColombo utilise des antennes , des panneaux solaires , des capteurs solaires et une isolation multicouche , et est protégée par des couches extérieures résistantes aux températures et des revêtements protecteurs . Tous ont subi des tests approfondis à l ’ ESTEC pour s ’ assurer qu ’ ils peuvent résister aux secousses violentes du lancement , aux rayonnements intenses de l ’ espace et aux températures élevées qu ’ ils rencontreront à proximité du Soleil lors de leur rotation autour de Mercure .
Près de 70 % de la technologie requise pour la mission a dû être développée à partir de rien . Pour relever ces défis , l ’ ESA s ’ est alliée à l ’ Agence d ’ exploration aérospatiale japonaise ( JAXA ). La mission se compose de deux sondes orbitales scientifiques : Mercury Planetary Orbiter ( MPO ) de l ’ ESA et Mercury Magnetospheric Orbiter de JAXA ( MMO ). La sonde orbitale européenne transporte 11 instruments et la sonde japonaise 5 instruments spécialement conçus pour explorer la surface criblée de cratères de Mercure , son magnétisme énigmatique et sa très fine couche atmosphérique primitive .
Explorer la formation de notre système solaire « En raison de sa proximité du Soleil , l ’ étude de Mercure est essentielle pour comprendre la formation de notre système solaire », explique Johannes Benkhoff , scientifique membre du projet BepiColombo . « La mission améliorera notre compréhension de la formation de notre système solaire , en nous permettant notamment de déterminer si Mercure est née à sa position actuelle proche du Soleil . »
BepiColombo fournira également des informations sans précédent sur l ’ origine et l ’ évolution d ’ une planète en
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