OPENSPACE 24: Le futur de l'exploration spatiale | Page 32
Entretien
Marco Micheli, astronome et observateur des objets géocroiseurs
LES OBJETS GÉOCROISEURS ET LE RISQUE DE
COLLISION AVEC LA TERRE
Ces dernières années, la découverte de
nouveaux objets géocroiseurs (NEO) a
augmenté de manière significative, les
nouveaux télescopes plus puissants
permettant de trouver de nombreux objets
plus petits, de 10 mètres ou moins, filant
à travers l’espace. Ces objets ne sont
évidemment pas aussi menaçants que ceux
de plusieurs kilomètres qui peuvent avoir
des conséquences mondiales s’ils frappent
notre planète, mais ils peuvent néanmoins
provoquer des dégâts locaux significatifs s’ils
touchent une région peuplée, comme cela
s’est passé en Russie en 2013, lorsque la
chute d’un astéroïde a blessé près de 2000
personnes.
M
arco Micheli, astronome et observateur des objets
géocroiseurs, étudie ceux-ci depuis plus de 20
ans. Il travaille au centre de coordination SSA
(Space Situational Awareness)-NEO à Frascati (Italie), où il
observe les astéroïdes et comètes qui sont considérés comme
les plus dangereux pour notre planète. Avec lui, nous avons
parlé de la recherche sur les géocroiseurs et du risque de
collision avec la Terre.
Quels sont les probabilités qu’un objet géocroiseur
frappe la Terre dans un proche avenir ?
Parmi les objets que nous connaissons, celui qui présente
la plus grande probabilité d’impact s’approchera de la Terre
en 2095. Le risque que ce petit objet (10 m de diamètre) entre
en collision avec la Terre est d’environ 10 %. Même en cas de
collision, il se désintégrera probablement dans l’atmosphère
et ne provoquera aucun dégât. Parmi les objets inconnus,
statistiquement, nous pouvons nous attendre à ce qu’un objet
d’environ 50 m de diamètre risque de frapper la Terre tous les
quelques siècles. Les plus gros objets sont plus rares mais
peuvent provoquer d’immenses dégâts et il est important de
les découvrir aussi précocement que possible.
Quel serait l’effet de la chute d’un géocroiseur sur
la Terre ?
La menace réelle en cas de collision dépend essentiellement
de la taille du géocroiseur. Au plus bas de l’échelle, les
Professeur Richard Wainscoat (à droite) et Marco
Micheli (à gauche), astronome et observateur des objets
géocroiseurs. Crédit : University of Hawaii Institute for
Astronomy.
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objets de quelques mètres de diamètre finissent souvent par
produire un météore brillant dans le ciel avec parfois la chute
de certains fragments sur le sol.