INTERMEDE
Le patriarche du peuple
Numide
Par Rachid Ezziane, ecrivain
S
i les Algériens devaient choisir un
patriarche, Massinissa serait tout
désigné pour l’être. Et comment
ne le serait-il pas, lui qui avait su
et pu unir les algériens d’alors,
les Numides, dans un seul et même pays,
de Pomaria à Cirta ? Et comment ne
le serait-il pas, lui qui avait conquis
le cœur de tous les Numides et leur
permit de vivre en paix dans un pays
prospère durant plusieurs années ?
Sans oublier sa fameuse citation qui
avait devancé de deux mille ans tous
les révolutionnaires contemporains,
avec sa fameuse phrase : « l’Afrique aux
Africains ! »
Même si pour réaliser cette unité ter-
ritoriale Numide, il avait dû employer
les gros moyens, surtout s’allier aux
romains contre son propre concitoyen
Syphax, roi des Massaïsyles. Même s’il
avait été contraint de trancher des têtes et
dévaster quelques tribus récalcitrantes. Car en
ce temps-là, ce n’était pas une sinécure pour
avoir une place entre Carthage et Rome, les
deux cités qui tenaient d’une main de fer toute
l’Afrique du Nord.
Massinissa n’étant que la consonance berbère
qui veut dire « seigneur » ou « leur seigneur ». A
la mort de Gaïa, le père de Massinissa, en 206
av.J.C, c’est son oncle, frère de Gaïa, qui lui
succéda. Ce dernier, qui était marié à la nièce
du Carthaginois Hannibal, trouva en Carthage
un allié des plus sûrs. Mais quelques mois après,
Ulzacen, l’oncle meurt subitement,
et c’est le fils d’Ulzacen, le cousin de
Massinissa qui prend le pouvoir. De
l’autre côté, tout à fait à l’ouest, Syphax,
le frère ennemi, s’allie au nouveau
Aguellid et au carthaginois pour mener
la guerre contre les romains envahis-
seurs. Massinissa qui se voyait lésé, car
la succession lui revenait de droit par
héritage ascendant, créa une armée,
s’allia aux maures (Mauritanie) du sud et
voulut conquérir l’héritage de son père.
Une bataille, non loin de Cirta, opposa
les deux armées, Massyles et Mas-
saïsyles. La victoire revint à l’armée
de Massinissa qui, dès l’instant, pensa à l’uni-
fication du pays Numide et dû, pour asseoir
sa suprématie, faire appel à tous les berbères
numides pour se réunir dans une seule force.
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